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Münchhausen, alias Munchausen
publié le mardi 10 février 2015

Münchhausen, baron et avatars

par Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe


 


Munchausen (1), baron, saint du jour (16 gueules 142, vulg. 10 février) du calendrier pataphysique, est un des rares personnages de roman à être "statufié" : un monument à Kaliningrad inauguré en 2005 (2), un recto-verso sur une pièce allemande et un timbre de la Deutsche Bundespost.

On peut trouver aisément ses aventures racontées par G.A. Bürger, José Corti les a publiées il y a quelques années dans sa Bibliothèque romantique (3).
On trouve beaucoup moins aisément leurs pastiches français, Les Aventures sans pareilles du baron de Crac par Cami.


 

On peut tenir comme négligeable le fait que le véritable baron ait existé (4). Ce qui compte, c’est sa légende. Et c’est surtout grâce au cinéma que le baron prodigieux a conquis sa postérité.

Georges Méliès lui a fait un sort dès 1911.

Josef von Baky en a réalisé une version en Agfacolor - la plus grosse production allemande des années de guerre.

Karel Zeman, abandonnant sa géniale pratique des gravures animées, tourna avec des acteurs Le Baron de Crac (1961).

Enfin Terry Gilliam vint, lui dont l’univers parasurréaliste semblait convenir parfaitement au sujet.
Les effets spéciaux de 1988 étant plus affûtés que ceux de 1943, sa version est visuellement plus achevée que celle de J. von Baky - mais il n’est pas certain que le raffinement technique soit plus satisfaisant que la fraîcheur de la naïveté.

À force de mises en abyme (le théâtre et la vie), et malgré les atouts rassemblés (décors de Dante Ferretti, photo de Giuseppe Rotunno, interprétation de Jonathan Pryce, Uma Thurman, Robin Williams, Sting, Oliver Reed), le film - comme souvent chez Terry Gilliam - s’asphyxie sous sa propre richesse.


 

Tous les exploits inégalés du baron sont présents, l’expédition dans la Lune, l’aller-retour sur le boulet de canon, le kraken avaleur, la visite à Vulcain. Mais trop de calories nuisent à la digestion.
Le film allemand et son peinturlurage flamboyant n’est plus visible que rarement et c’est dommage.

Quant aux amateurs de textes, faute des ouvrages originaux de Cami, ils peuvent se consoler avec une réédition parue chez Pauvert en 1972, Les Exploits galants du baron de Crac, où le fier guerrier se montre, sur un autre terrain, à la hauteur de sa réputation.

Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe (mardi 10 février 2015)

1. Deux orthographes : Munchausen ou Münchhausen.

2. On trouve, sur Internet, une photo du monument, subtilement agrémentée de gidouilles (si on agrandit la photo), ce qui est tout à fait pertinent.

3. Gottfried Bürger, Les Aventures du baron de Münchhausen, Collection Merveilleux N°2, Corti, 1998.

4. Le vrai baron : Karl Friedrich Hiéronymus, baron de Münchhausen (1720-1797).
Sa légende vient de Rudolph Erich Raspe qui publia ses récits en anglais en 1785.
Puis de l’écrivain allemand Gottfried Bürger qui les traduisit, remania et publia en 1786.
Puis de Théophile Gautier (fils), qui intervint en censurant quelques séquences trop chaudes à son goût, avec des illustrations de Gustave Doré, en 1862.

Pierre Henri Cami le pasticha en trilogie avec :
* Les Exploits galants du baron de Crac (1925)
* Les Aventures sans pareilles du baron de Crac (1926)
* Le Neveu du baron de Crac (1927)

Certains considèrent que Italo Calvino en dériva avec Le Vicomte pourfendu (1952).


 



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