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Révole nature (la) (2022)
de Aline Geller
publié le mercredi 10 mai 2023

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°422, mai 2023

Sortie le mercredi 10 mai 2023


 


Le monde actuel, à la recherche désespérée d’écologie, de pureté et de santé, s’occupe depuis peu de se bien nourrir. Toutes les méthodes sont bonnes, et les officines abondent. Mais, pour le moment, il y a peu de films sur ce sujet. En revanche, le vin a connu ses heures de gloire au cinéma, notamment avec Mondovino de Jonathan Nossiter qui a ouvert le bal en 2004 ; puis La Clef des terroirs de Guillaume Bodin en 2011, Vino Business de Isabelle Saporta & Damien Vercaemer en 2014, Insecticide mon amour de Guillaume Bodin en 2015. Sans oublier Saint Amour de Benoît Delépine & Gustave Kervern en 2016 , et en attendant Les Chaillées de l’enfer de Léo Boudet (2023)… C’est dire que la dive bouteille et sa boisson héritée de Noé est chère à notre cœur. Il faut donc la respecter.


 

Dans ce documentaire bien photographié par Manon Pietrzak et Aline Geller, la réalisatrice nous convie à un tour de France vinicole, à la découverte de tous ceux qui reprennent les vignes abandonnées pour les arracher aux fabricants de vins chimiques en revenant aux anciens cépages, certains ayant plus de cent ans d’âge. Comme dans tous ces documentaires argumentés et convaincants, on se laisse facilement entraîner à la découverte du Jura, du Massif central, et de quelques autres régions d’une grande beauté où ces néoruraux s’emploient à nous offrir un vin pas trafiqué - malheureusement plus de 80% de la récolte partira au Japon, pays friand qui a lancé la mode du sans pesticide.


 


 

Alors on fait le tour des caves en écoutant les arguments de tous ces anciens cadres déçus ou de ces fils de vignerons lassés de la culture intensive, et en admirant de superbes plans sur une nature enfin délivrée du diktat de la productivité. Ils sont décontractés, un peu tatoués, un peu bourlingueurs, on a envie d’y croire à leurs histoires tant tout nous semble gentil, attentionné, et même un peu bien-pensant, depuis l’entretien du sol avec un beau et gentil canasson très sympathique et des méthodes ancestrales de cuves à la manière des jarres enterrées venues de Géorgie. Certaines vendanges se passent un peu comme le concert de Woodstock en son temps, la pluie en moins.


 


 

C’est d’ailleurs l’expression des vignerons pour exprimer la fête de la fin des vendanges qui a donné au film son titre, au premier abord mystérieux. On aimerait y croire. D’ailleurs on y croit, lorsque l’un de ces jeunes viticulteurs, en passant dans ses vignes, nous fait remarquer la différence entre une vigne traitée par les pesticides et la sienne dont les ceps donnent des lianes d’un très beau vert qui s’enchevêtrent et qu’il ne coupe pas. À bas la bibine envenimée ! Tchin-tchin et in vino veritas.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°422, mai 2023


La Révole nature, de la vigne au verre. Réal, sc, ph : Aline Geller ; ph : Manon Pietrzak ; mont : Bertrand Delobbe (France, 2022, 93 mn). Documentaire.



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