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Sublime (2022)
de Mariano Biasin
publié le mercredi 17 mai 2023

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°422, mai 2023

Sélection Génération de la Berlinale 2022

Sortie le mercredi 17 mai 2023


 


Pour ce premier long métrage, Mariano Biasin s’est penché sur une histoire très peu originale, souvent abordée : l’attirance d’un adolescent envers son meilleur ami. Mais, ici, le traitement est très honnête et le film ne se pose ni comme donneur de leçon, ni comme détenteur de la vérité. À aucun moment, le réalisateur ne prend position pour louer ou condamner le jeune en question qui, le jour où il a réalisé qu’il désirait son meilleur pote, a vu sa vie basculer - il a quitté sa petite amie, torturé, partagé entre son désir et la peur de perdre un ami pour toujours. Sublime se contente de décrire précisément une situation en en montrant toutes les facettes.


 


 

Manuel, 16 ans, mène une vie banale, dans une petite ville côtière d’Argentine. Il va à la plage, joue comme bassiste dans un groupe de rock avec ses copains et flirte avec sa copine. Une vie basique, dans une famille aimante, qui sombre tout à coup dans le drame parce qu’il se rend compte que l’amour ou le désir qu’il ressent pour Felipe est plus fort que tout et le fait souffrir. Il ne sait ni comment le manifester, ni même s’il doit le confier.


 

Ce drame vaut par l’utilisation d’acteurs qui ne sont pas professionnels et qui, à cause les trois confinements dus à la covid, ont dû être changés parce qu’ils avaient grandi. Ils sont particulièrement banals, ni beaux, ni laids, tout à fait quelconques : le spectateur peut ainsi s’identifier plus facilement et réaliser que ce genre de situation peut arriver à tout le monde. Felipe, Manuel et tous leurs copains musiciens sont des gars bien ordinaires, comme leurs copines.


 


 

En revanche, on peut dire que la famille et l’entourage sont particulièrement permissifs, ouverts et nullement hostiles à l’homosexualité. Du coup, on peut avoir un peu de mal à comprendre pourquoi Manuel est à ce point torturé. Le réalisateur explique que c’est volontaire, parce qu’il trouve que les mentalités ont vraiment évolué en Argentine et que ce choix corrobore le fait de ne pas vouloir mettre en images une tragédie. Manuel souffre plus de la peur de la perte que de sentir homosexuel.


 


 

Le titre du film, que Mariano Biasin lui-même avoue ne pas pouvoir expliquer, pourrait s’entendre dans le sens de sublimation, un état qui est sans doute l’une des pires choses qui puissent arriver à une personne sentimentale, qu’il s’agisse d’amour ou de désir.
C’est un premier film, sans ambition autre que de rester tout du long d’une grande sincérité. Mais retenons une bonne direction d’acteurs, une belle photographie et une ambiance musicale choisie, le film se terminant par un concert de retrouvailles et de réconciliation. Rappelons au passage que Mariano Biasin est aussi musicien et parolier.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°422, mai 2023


Sublime. Réal, sc : Mariano Biasin ; ph : Iván Gierasinchuk ; mont : Maria Astrauskas ; mu : Emilio Cervini. Int : Martin Miller, Teo Inama Chiabrando, Azul Mazzeo, Joaquin Arana (Argentine, 2022, 100 mn).



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