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Odeur du vent (l’) (2022)
de Hadi Mohaghegh
publié le mercredi 24 mai 2023

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 24 mai 2023


 


Voici le quatrième long-métrage du réalisateur iranien, Hadi Mohaghegh, venu de la mécanique automobile, mais également acteur. Il interprète le rôle du technicien du service de l’électricité dans le film, rôle qu’il emplit d’humanité et de bonté. Après Bardou en 2013, Memiro en 2015 et Here en 2018, L’Odeur du vent restera sans doute comme l’un des meilleurs films de l’année 2023. Le titre français est un peu étrange, d’autant que le vent n’occupe pas de place dans le scénario et ne respecte pas le titre iranien, Derb, qui, dans la langue de la région du réalisateur, signifie "sol dur". Cette référence au sol fait bien sûr allusion au gagne-pain du père, lourdement handicapé, qui, pour survivre et nourrir son fils grabataire, gratte le sol de la montagne pour y recueillir une substance médicinale traditionnelle qu’on vient lui acheter de temps en temps.


 


 

Le film raconte une histoire simple, celle d’une coupure d’électricité dans cette partie isolée de l’Iran, et le chemin semé d’embûches que doit accomplir le père pour obtenir le service compétent. Ensuite, le film décrit le même chemin du technicien dépêché sur les lieux pour la réparation. À travers les deux personnages principaux, affrontant chacun leur lot de problèmes pour rétablir l’électricité, c’est-à-dire la lumière et l’énergie, le réalisateur parvient à donner une image sublimée de l’Iran qui connaît pourtant bien des vicissitudes.


 


 

C’est un film presque contemplatif, où l’image donne de l’importance au moindre bout de terre, à moindre brin d’herbe qui pousse dans cette aridité, et où la nature est filmée magnifiquement, comme une entité parfois dangereuse mais toujours bienveillante pour qui sait la respecter. La vie humaine y est souvent aussi frêle qu’un fétu de paille et, cependant, les hommes se soutiennent non seulement pour survivre, mais pour aimer. C’est ainsi que le réalisateur a choisi de montrer le technicien en bute aux caprices de l’espace, de la terre, de la technique et de la société, aidé en cela par un directeur de la photographie hors pair, Mansour Abd-Rezaei.
C’est cette lenteur qui fait toute la force et le génie du film.


 

On pourrait le comparer à ceux du grand Abbas Kiarostami, ce que nie pas Hadi Mohaghegh, qui se réfère aussi à un autre maître iranien, Sohrab Shahid Saless (1944-1998), l’auteur de Un simple événement (1973) et de Nature morte (1975).


 

Le cinéaste déclare que Derb, est pour lui le plus important qu’il a réalisé. "J’ai passé ma jeunesse dans une région rurale. Le mode de vie des gens de ce lieu où j’ai grandi et les effets de l’environnement sur leur travail, m’ont imprégné et m’ont donné plus tard une nostalgie de l’adolescence. Ceux-ci font partie intégrante de moi".

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe


L’Odeur du vent (Derb). Réal, sc : Hadi Mohaghegh ; ph : Mansour Abd-Rezaei ; mont : Farshad Abbasi ; mu : Mohammad Darabifar. Int : Hadi Mohaghegh, Mohammad Eghbali (Iran, 2022, 90 mn).



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