Pour son douzième long métrage, Bruno Podalydès reste toujours le metteur en scène de la loufoquerie à la française. Écrit presque d’un trait et réalisé en seulement quatre semaines, ce nouveau film, le réalisateur l’avait en tête depuis longtemps. Un projet ayant été retardé, il a eu l’idée de tourner cette comédie rapidement, puisqu’il connaissait le décor (la vieille maison qui allait être réellement vendue) et que de nombreux acteurs étaient alors disponibles.

Deux agents immobiliers, l’un interprété par lui-même et l’autre par Karine Viard, travaillent dans l’agence Wahou !, dans la très chic ville de Bougival en banlieue parisienne. "Wahou !", c’est le cri que doit pousser le client lorsqu’il tombe devant le bien de ses rêves, ce à quoi s’emploient les deux agents, flanqués d’un stagiaire (Victor Lefebvre) qui apporte une touche supplémentaire de décalage. L’une vient de perdre son mari, se débat dans divers problèmes et oscille entre la rigidité de son métier et son aspect psy. Et l’autre est un peu perdu dans ce nouveau job, et du coup, il se trompe de clé et n’est pas à la hauteur pour présenter les deux biens en vente.

L’un est une belle maison ancienne, "terrain piscinable et donnant hélas sur la voie du RER", et l’autre, un petit appartement tout blanc dans l’imaginaire triangle d’or de Bougival. Le don d’observation de Bruno Podalydès lui fait décrypter les tics de langage de l’agent immobilier qui vend du rêve et parfois du vent. Mais il observe aussi les clients qui se comportent souvent de manière maladroite en visitant des propriétés et en les critiquant ouvertement devant les propriétaires.

Le film repose sur un ensemble d’acteurs en harmonie avec le thème et l’auteur en joue en y incluant du burlesque (le couple à bicyclette façon Playmobil, ou le duo de motards évoquant Hergé et la maison au style vaguement Moulinsart), mais aussi de la poésie notamment avec l’apparition de la troupe de musiciens emmenés par une Agnès Jaoui en pleine forme. On croise aussi Roschdy Zem, Manu Payet, Isabelle Candelier en bourgeoise fofolle et tant d’autres venus en copains.

Le film comporte une touche musicale importante, via Schubert et Bach mais aussi Eddy Mitchell. Le chanteur-acteur a accepté de remplacer au pied levé Michel Vuillermoz, indisponible, pour incarner le propriétaire de la belle maison. Il y retrouve pour cela Sabine Azéma qu’il avait déjà rencontrée dans Le bonheur est dans le pré de Étienne Chatillez (1995). Bruno Podalydès tenait à ce qu’il joue au piano "Au bar du Lutétia", cette chanson écrite en hommage à Serge Gainsbourg. "Eddy Mitchell a été formidable et il a aussitôt appelé son compositeur Michel Amsellem pour que celui-ci adapte le morceau en instrumental et qu’il nous en donne les droits", a-t-il déclaré .

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Wahou ! Réal, sc : Bruno Podalydès ; ph : Patrick Blossier ; mont : Christel Dewynter. Int : Karin Viard, Bruno Podalydès, Roschdy Zem, Sabine Azéma, Denis Podalydès, Agnès Jaoui, Félix Moati, Manu Payet, Eddy Mitchell, Isabelle Candelier (France, 2023, 90 mn).