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Beauté du geste (la) (2022)
de Shô Miyake
publié le mercredi 30 août 2023

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection Encounters de la Berlinale 2022

Sortie le mercredi 30 août 2023


 


La Beauté du geste est un film intimiste qui parvient à rendre la difficulté d’une jeune femme, sourde et muette, à devenir boxeuse professionnelle dans un Tokyo presque déserté en raison du covid 19. Le réalisateur - dont c’est le quatrième long métrage après des documentaires dont le remarqué And Your Bird Can Sing en 2015 - s’est inspiré de la vie de la boxeuse Keiko Ogasawara. Le film était prévu comme un documentaire, mais en définitive Shô Miyake a préféré laisser libre cours à la fiction.


 


 

Le film raconte ainsi la prise de conscience de la vie par une jeune Tokyoite solitaire, même si elle partage un appartement avec un frère dont elle n’est pas très proche - en outre musicien, alors qu’elle est sourde. Le film est lumineux, dans son approche sans concession d’un monde particulier, celui de la boxe, de la solitude et des combats qu’on mène aussi parfois contre soi-même.


 


 

Lorsque son entraîneur, vieillissant, se trouve contraint de fermer sa salle de sport en banlieue, Keiko, qui a remporté deux combats importants, commence à douter de sa carrière et décide de tout arrêter. Monsieur Sasaki, son coach, lui déclarera : "En perdant l’envie de te battre, tu manques de respect à l’adversaire et tu te mets en danger". Là est le vrai combat que Keiko doit apprendre à mener : trouver du sens à ce qu’elle fait, seule.


 


 

Cette quête donnera lieu à des séquences émouvantes, entre introspection et ouverture aux autres, à la vie. Avec ses couleurs passées, ses paysages urbains particulièrement laids et ses cours d’eau marronnasses, la ville de Tokyo n’est pas filmée à son avantage et la vie de Keiko est un constat entre tristesse, solitude et silence, tous éléments qui donnent de la gravité au personnage, parfaitement interprété par Yukino Kishii, visage grave et doux à la fois et mutisme concentré.


 

L’idéologie habituellement portée par les films de sport, et plus précisément ceux sur la boxe, tend à montrer que les efforts finissent toujours par porter leurs fruits, que l’objectif sera atteint si on travaille suffisamment. Plutôt que de magnifier l’effort, La Beauté du geste affirme au contraire que la vie est loin d’être aussi simple que ça.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe


La Beauté du geste (Keiko, me wo sumasete). Réal : Shô Miyake ; sc : S.M. & Masaaki Sakai, d’après Keiko Ogasawara ; ph : Yuta Tsukinaga ; mont : Keiko Okawa. Int : Yukino Kishii, Masaki Miura, Shinichitô Matsuura, Himi Satô (Japon-France, 2022, 99 mn).



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