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Simple comme Sylvain (2023)
de Monia Chokri
publié le mercredi 8 novembre 2023

par Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°423, été 2023

Sélection officielle Un certain regard du Festival de Cannes 2023

Sortie le mercredi 8 novembre 2023


 


Sur une trame pour le moins usée, même si remise çà et là au goût du jour - le coup de foudre entre Sylvia, une quadra prof de philo, en couple depuis une dizaine d’années, et Sylvain, un charpentier viril et "disponible" -, Monia Chokri se plaît à jongler, à des degrés divers, avec une série de clichés.


 


 

Les lieux communs constituent d’emblée et de manière assez prévisible, la matière de la discussion entre amis, d’esprit satirique, qui ouvre le film et qui ne peut manquer d’évoquer Denys Arcand, (pour le typage sociologique et la logorrhée québécoise, avec lequel Monia Chokri a tourné son premier film en tant que comédienne, L’Âge des ténèbres (2007).


 

Cela se gâte lorsque les images d’Épinal en viennent à se confondre avec le regard que choisit d’adopter la réalisatrice pour illustrer sa romance, sans que l’on se convainque vraiment de quelque volonté de distanciation que ce soit, ou de dynamitage à la Dino Risi, ni que le film ne nous persuade que nous sommes là dans l’univers mental d’une enseignante en philosophie.


 

Une nouvelle scène de repas au cours de laquelle le brave Sylvain se voit condamné à afficher une certaine "beaufitude", sous les feux nourris des intellos de service, et qui peut faire écho à la fameuse confrontation de la bourgeoise Isabelle Huppert avec la famille du loubard dont elle s’est amourachée, dans Loulou de Maurice Pialat (1980) n’échappe pas non plus à une certaine lourdeur, comme le portrait lapidaire de l’homosexuel ou la discussion sur la peine de mort.


 


 

Mona Chokri ne nous semble pas non plus trouver le ton juste lorsqu’elle s’essaie à la gravité de la première crise véritable entre les deux amoureux. Ceci est d’autant plus regrettable que les deux principaux comédiens sont excellents et que, dans les dernières scènes, la réalisatrice parvient à insuffler à son histoire, charnelle tout autant que romantique, un peu d’ironie amère (de cynisme ?) : face à Sylvain qui lui tend une alliance en lui faisant sa "proposition", Sylvia n’a rien de mieux à faire qu’à lui présenter ses mains couvertes de gants de vaisselle qu’elle ne parviendra pas à ôter…

Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°423, été 2023


Simple comme Sylvain. Réal, sc : Monia Chokri ; ph : André Turpin ; mont : Pauline Gaillard ; mu : Émile Sornin ; déc : Kimberley Thibodeau ; cost : Guillaume Laflamme. Int : Magalie Lépine-Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Monia Chokri, François Létourneau, Steve Laplante , Marie-Ginette Guay, Micheline Lanctôt (Canada-France, 2023, 110 mn).



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