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Rivière (la) (2022)
de Dominique Marchais
publié le mercredi 22 novembre 2023

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection du Festival du film de La Rochelle 2023
Prix Jean-Vigo 2023

Sortie le mercredi 22 novembre 2023


 


Après trois longs métrages du genre documentaire - Le Temps des grâces (2010), La Ligne de partage des eaux (2014), Nul homme n’est une île (2018), Dominique Marchais poursuit son parcours de marin d’eau douce avec La Rivière (2023), qui vient tout juste d’être couronné par le prix Jean-Vigo.


 

Il a filmé dans le Béarn le gave d’Oloron, autrement dit un torrent pyrénéen - mot gascon, de même origine que le toponyme Gavarni. Ce cours d’eau qui dévale vers l’Atlantique de Saint-Pierre d’Oloron à Sauveterre, cinquante kilomètres plus loin, est parcouru de poissons migrateurs. Dans ce mythique Oloron, saumons, truites, aloses et lamproies abondent. C’est ce qui en fait le rendez-vous des pêcheurs.


 


 

Dominique Marchais a filmé plusieurs ravines qui n’en font qu’une, ce en quoi le documentaire n’est pas réaliste mais abstrait. Le propos ici est écologique, donc aussi politique. "Pour moi, la caméra est un outil pour voir, pour concentrer l’attention. Le choix du format, cadré 1,37 est dans cet esprit : resserrer le cadre. La rivière est un film attentif à l’attention" (1). Le fait est que le public du Club de l’Étoile où était projeté La Rivière était profondément recueilli. Au-delà de son caractère informatif, le film est une méditation sur la disparition du paysage.


 


 

Sa structure est à base d’entretiens avec sept personnes (des deux sexes) qui officient dans la région, à divers titres, certains des scientifiques chevronnés, d’autres des responsables d’associations locales. Tous s’expriment sans emphase et mettent en garde contre les dangers de la surpêche, de l’irrigation des champs de maïs qui ont pour effet d’assécher les rivières, de la pollution en général et celle des micro-plastiques en particulier (cf. la séquence d’ouverture).


 


 

Pas vraiment de doux rêveurs. Ces écolos ont des gestes de soignants ou de mages : l’un d’entre eux nous montre en gros plan dans l’otolithe d’un saumon découpé en lamelles les paysages marins qui s’y trouvent inscrits. Ce plan de film scientifique permet de reconstituer le périple du salmonidé, du sud-ouest français jusqu’au Groenland.


 


 

Dans La Rivière, on se sent très loin de la capitale, de la bureaucratie, de la vie administrée, de la vie par procuration. Les jeunes membres d’associations, aidés par des scientifiques, s’efforcent de préserver leur région. Le cinéaste est du côté de ces amoureux et défenseurs de la nature. Le film est un ciné-poème sans voix-off. Le choix délibéré de l’auteur est la lenteur. Dans la dernière séquence, comme dans un tableau japonais, le paysage se fait jardin.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Entretien avec Dominique Marchais. Propos recueillis par Stratis Vouyoucas.


La Rivière. Réal, sc : Dominique Marchais ; ph : Martin Roux ; mont : Camille Lotteau (France, 2022, 104, mn). Documentaire.



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