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Journal de Adja Cissokho 2024 (mardi 2 janvier 2024).
Vincent Pinel (1937-2024) est mort hier, lundi 1er janvier 2024.
Il était né au Havre, et y avait fait ses études, c’est donc tout naturellement qu’il avait intégré la Maison de la Culture de sa ville, dès son ouverture.
C’est la première de ces institutions créées par André Malraux, dans le contexte de qu’on a appelé la Décentralisation. Elles étaient subventionnées par l’État et par la Région, et avaient un rôle majeur dans l’animation culturelle des villes (cinéma, théâtre, expositions, débats). Elles avaient un journal, un budget conséquent, un syndicat, un comité d’entreprise..., et des "animateurs culturels", dont le rôle était d’aller vers les établissement scolaires et vers les usines. C’était le temps où on constatait que seulement 2% des ouvriers avaient été au moins une fois au théâtre dans leur vie, et on pensait qu’il fallait aller les chercher.
Longtemps, elles ne furent que 9, et, même si leur rôle était polyvalent, elles eurent tendance à se spécialiser. C’est ainsi que Le Havre préférait le cinéma, ou qu’Amiens préférait le théâtre. Il ne fallait pas les confondre avec les Maisons des jeunes et de la culture (MJC), et ce n’est que bien plus tard qu’arrivèrent les Scènes nationales...
En 1969, Vincent Pinel, qui avait fait l’IDHEC, fonda l’unité Cinéma de la Maison de la culture du Havre avec Christian Zarifian, et il la dirigea jusqu’en 1982. Puis, nommé conservateur des films à la Cinémathèque française, il mit en place l’inventaire des collections et y dirigea également la restauration des films (1983-1991).
En 1984, il fonda, avec Jean-Pierre Jeancolas et Jean A. Gili, l’Association française de recherches sur l’histoire du cinéma (AFRHC) qui édite la prestigieuse revue 1895, dont le n°100 vient de sortir.
Il réalisa une demi-douzaine de courts métrages entre 1957 et 1971, et, en 1978, avec Christian Zarifian, un long métrage, Vues d’ici
Mais Vincent Pinel était surtout un grand historien du cinéma, connu pour les nombreux ouvrages savants qu’il publia entre 1963 et 2010.
Il fut, naturellement aussi, un homme de revues. Rédacteur à Études cinématographiques et à L’Avant-scène du cinéma, il offrit à Jeune Cinéma, entre 2017 et 2019, une grande série : Grandes et petites énigmes de l’histoire du cinéma muet :
1. "La disparition de Le Prince", Jeune Cinéma n°382-383, automne 2017.
2. "La première séance et Jean Acme Leroy", Jeune Cinéma n°382-383, automne 2017.
3. "Le premier film Lumière", Jeune Cinéma n°384, décembre 2017.
4. "La Fée aux choux et Alice Guy", Jeune Cinéma n°385-386, février 2018.
5. "La naissance d’un nouveau regard", Jeune Cinéma n°385-386, février 2018.
6. "L’Hirondelle et la Mésange", Jeune Cinéma n°387, mai 2018
7. "Le meurtre de William Desmond Taylor", Jeune Cinéma n°388-389, été 2018.
8. "Les mystères de l’Effet K", Jeune Cinéma n°390, septembre 2018.
9. "La mort de Thomas Harper Ince", Jeune Cinéma n°391, décembre 2018,
10. "Sternberg, Chaplin et La Mouette", Jeune Cinéma n°392-393, février 2019.
Pour se les procurer, on contacte la revue.
En ligne, on peut découvrir : "Mirages et Miracles du numérique", Jeune Cinéma n°340, automne 2011.
Dans le Cinématon de Gérard Courant, il est le n°1470 (Fait à Paris (France) le 17 janvier 1991 à 14 heures 45).
Il a aussi une notice dans le Maitron.
Bonnes lectures :
* Vincent Pinel, Le Siècle du cinéma, Paris, Bordas, 1994.
* Vincent Pinel, Genres et mouvements au cinéma, Paris, Larousse, 2017.