Vos personnage sont devenus noirs ?

Otar Iosseliani : Ma distinction à moi, c’est entre le bons et les cons. Je ne les peins pas en noir, ils sont plutôt marrants, tendres et doux dans un monde agressif.

Pourquoi ce personnages de Japonais ?

O.I. : Ils ne sont pas ridicules, mais ils représentent le rationnel, le pragmatique. C’est un peu un signe quand on voit un Japonais, ça fait penser au capitalisme. La bougeoisie, je ne l’attaque pas, ce sont les nouveaux riches que je déteste, ils sont maladroits, ils détruisent la Terre.

Pourquoi le personnages de la jeune Russe qui vient prendre possesion du château ?

O.I. : En Russie, les jeunes filles contractent des mariages bidon pour pouvoir émigrer. J’ai inventé l’histoire de l’héritage pour justifier l’émigration.

Pourquoi le héros principal est-il une très vielle femme ?

O.I. : Les vieux, on les met à l’asile, les enfants ne les gardent plus. Or les petits enfants élevés sans leurs grand-parents sont mal élevés. Je ne suis pas passéiste je ne pense pas que le passé était meilleur, mais il est achevé, révolu, on ne peut le changer et on l’idéalise. Dans 20 ans, on prendra notre présent comme un temps meilleur.

Pourquoi prenez-vous dans vos films des critiques amis comme Émile Breton ?

O.I. : Je me sens un peu comme un chef de troupe qui joue toujours avec les mêmes interprètes. Je prends mes amis parce que je ne fais pas souvent de films et que ça ne leur prend pas trop de temps. Par ailleurs, jouer trop souvent use un acteur, les miens gardent une certaine fraîcheur.

Pourquoi ce titre ?

O.I. : La Chasse aux papillons ? notre monde est très fragile et on va l’écraser.

Conférence de presse, Mostra de Venise septembre 1972
Jeune Cinéma n°217, octobre 1992

Cf. "La Chasse aux papillons", Jeune Cinéma n°219, janvier 1993.

La Chasse aux papillons. Réal, sc, mont : Otar Iosseliani ; ph : William Lubtchansky ; mont : O.I., Nathalie Alquier, Jocelyne Ruiz & Ursula West ; mu : Nicholas Zourabichvili ; déc : Emmanuel de Chauvigny ; cost : Charlotte David. Int : Narda Blanchet, Pierrette Pompom Bailhache, Alexandre Tcherkassof, Thamar Tarassachvili, Anne-Marie Eisenschitz, Maimouna N’Diaye, Pascal Bonitzer, Émile Breton, Mathieu Amalric, Aleksandr Askoldov, Émilie Aubry (France, 1992, 115 mn).