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Man (a) (2022)
de Kei Ishikawa
publié le mercredi 31 janvier 2024

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection Orizzonti de la Mostra de Venise 2022

Sortie le mercredi 31 janvier 2024


 


Le tableau de René Magritte, "Reproduction interdite", accroché au-dessus d’une cheminée au tout début du film et montrant un homme devant un miroir dont on ne voit que le reflet de dos, est une belle illustration du film.


 

Elle sera complétée à la toute fin, lorsqu’on croira que le film et l’enquête se terminent quand le personnage central de l’avocat se place à son tour devant le tableau de dos, offrant une nouvelle opportunité à ce portrait gigogne. Car ce thriller, tiré du roman de Keiichiro Hirano, n’est pas seulement une enquête, d’une structure narrative assez classique, mais également la description minutieuse d’un labyrinthe. Il ne s’agit pas d’un simple film à suspense dans lequel une réponse à la question "qui est X ?" est donnée à la fin. Comme le déclare le réalisateur, "la trame complexe du film présente différents angles. Au fur et à mesure que l’identité de l’homme X est révélée, il devient de plus en plus difficile de savoir quelle partie de lui est vraie".


 


 

A Man est un film à énigme, basé sur le principe du dédale et qui avance selon une narration à la manière d’un film de Alfred Hitchcock ou de Claude Chabrol, en semant des chausse-trappes qui laissent le spectateur dubitatif et attentif, malgré (ou à cause) une construction, in fine, pas mal sophistiquée. Les amateurs de labyrinthes baroques y trouveront leur bonheur, devant des acteurs impeccables et des décors et des situations magnifiés par l’image parfaite due à Ryuto Kondo.


 

Le film, jouant sur la fragilité de l’identité psychologique et sociale de certains personnages, montre, d’une façon implacable, minutieuse et quasi entomologique, "l’équilibre fragile entre la structure familiale et l’individu" de la société nippone, dont il offre ainsi un portrait éclaté.


 


 

Formé au cinéma dans la partie montagneuse au nord de Tokyo, et non dans la capitale, Kei Ishikawa s’est largement inspiré du cinéma européen, après son passage à l’École de cinéma de Lodz en Pologne, qui a influencé sa manière de filmer, ainsi que son engagement social, voire politique. ce qui lui a permis de construire un cinéma à la marge de ce qui se fait d’ordinaire au Japon.


 


 

A Man est son sixième film. Il a été présenté à Venise 2022, dans la sélection Orrizonti, et au festival Reims Polar 2023, dans la section Sang Neuf. Lors de la cérémonie des Japan Academy Prize, l’équivalent nippon des Oscars, il a raflé les Prix du meilleur film, du meilleur réalisateur et presque tous les prix d’interprétation.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe


A Man (Aru otoko). Réal, mont : Kei Ishikawa ; sc : Kosuke Mukai, d’après Keichiro Hirano ; ph : Ryuto Kondo ; mu : Cicada ; déc : Hiroyuki Wagatsuma ; cost : Takahashi Sayaka. Int : Satoshi Tsumabuki, Sakura Ando, Maeataka Kubota, Manato Sakamoto (Japon, 2022, 121 mn).



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