par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe
Sortie le mercredi 20 mars 2024
Comme on n’est jamais si bien servi que par soi-même, c’est le jeune et sympathique professeur de sciences économiques et sociales du lycée Eugène-Delacroix de Drancy, Jérémie Fontanieu, qui a eu l’idée de ce film et qui l’a pensé et presque réalisé. Ça tombe bien, il est aussi le principal instigateur de cette méthode pédagogique dite de "réconciliations", avec son collègue de mathématiques, David Benoît, qui apparaît à l’écran et qui semble être, comme chez les flics, le gentil du duo. Un élève le fait d’ailleurs remarquer au passage.
C’est un travail qui implique à la fois, bien sûr, les élèves, mais aussi leurs familles et les enseignants qui pratiquent cette méthode, comme Jérémie Fontanieu, et qui doivent consacrer un temps "de dingue" pour envoyer des SMS, y répondre et organiser pas mal de rencontres et de visioconférences. Il avait donc fallu obtenir du matériel vidéo pour que les élèves puissent avoir une caméra sur pied à disposition afin de donner leur avis sur ce travail et leurs progrès.
On le voit bien dans ce film qui est le résultat de l’année scolaire de travail 2021-2022, en pleine épidémie de covid, même si cela ne se remarque pas trop à part un ou deux masques par-ci, par-là. Durant cette année scolaire 2019/2020 pendant laquelle le tournage a eu lieu, notre priorité, à David et à moi, était de faire notre travail d’enseignants et le film n’avait qu’une importance secondaire : l’urgence était que les élèves se mettent au travail et qu’ils avancent progressivement vers l’objectif difficile du 100% de réussite, déclare Jérémie Fontanieu.
En 2022, c’est la rencontre avec la monteuse, Camille Delprat, qui va structurer ces images en un film. Puis, la rencontre avec la presse avide de rencontrer enfin de ces professeurs qui font des miracles au moment où leur métier rencontre les pires difficultés. En 2023, au vu du taux de réussite époustouflant au baccalauréat, la méthode s’impose presque partout en France à travers environ 200 professeurs impliqués. Et à Drancy, la méthode continue d’être appliquée chaque année pour quelques dizaines de Terminale et environ 200 élèves de Seconde.
Pour une fois que quelque chose fonctionne enfin dans ces établissements scolaires si dénigrés, - et parfois même par une ministre en exercice -, on ne peut que le souligner, d’autant que le film est un excellent produit qui montre des élèves à la fois dignes et impliqués eux-mêmes, avec l’aide de leurs enseignants et de leurs parents, luttant contre la paresse et le doute. On se demande même pourquoi le ministère de l’Éducation nationale n’impose pas cette méthode, même si elle est, parfois, un peu trop idyllique. La fin du film en est d’ailleurs la parfaite démonstration à travers la fête de fin d’année où le spectateur va rencontrer à la fois les rires et les pleurs de tous ces élèves qu’on a suivis pendant un an et qui ont si bien progressé.
Et c’est cette réussite qui émerveille comme si on découvrait enfin que l’école n’est pas une usine et qu’il suffit de s’intéresser au cas par cas qu’il y a des réussites. Mais pour cela, il faut des moyens et de l’ardeur.
Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe
Le monde est à eux. Réal, ph : Jérémie Fontanieu ; mont : Camille Delprat. Avec Jérémie Fontanieu et David Benoît (France, 2021, 75 mn). Documentaire.