home > Films > Anton Tchekhov 1890 (2014)
Anton Tchekhov 1890 (2014)
de René Féret
publié le mercredi 18 mars 2015

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 364, hiver 2015

Sortie le mercredi 18 mars 2015


 


René Féret évoque un épisode de la vie de Anton Tchekhov (1860-1904), dans une généreuse reconstitution historique tournée en Limousin avec calèches, costumes d’époque, coiffes et chapeaux, salons et tableaux, étoffes et tentures. Toute la panoplie d’accessoires nécessaire au genre y est soignée jusque dans les moindres détails.


 

Le film présente Tchekhov (Nicolas Giraud) en proie à un dilemme, écrire ou pratiquer la médecine, écrire et devenir aussi grand écrivain que Tolstoï, écrire et ne vivre que de ça.
Mais survient un cauchemar, un de ses frères succombe à la tuberculose et lui, médecin, n’a pu le sauver. Il décide alors d’honorer la promesse faite à son frère, part pour l’île de Sakhaline.
Il témoignera dans ses écrits de la dureté des conditions de vie des bagnards. Il périra à l’âge de 44 ans, atteint lui aussi par la tuberculose. Il aura, entre temps, rencontré Léon Tolstoï qui lui aura remis le prix Pouchkine.


 

Est ici à l’œuvre, magnifiquement, le style personnel de René Féret, pour peindre la personne de l’écrivain, son âme déchirée, perdue, minée et brûlée par la culpabilité, enfermée dans la solitude et le tragique de la vie.

Le filmage dans la grande maison familiale tourne autour de l’écrivain, et tout le monde tourne autour de lui. De la petite pièce où il écrit - à noter la parfaite imitation de l’écriture aux lettres penchées et fines - les personnages entrent, sortent, s’arrêtent, se croisent, s’interrogent, se lamentent, se disputent toujours entre les portes ou dans les couloirs.

Et, qualité essentielle chez les Russes très bien mise en valeur, l’expression des sentiments, les effusions, les épanchements, les débordements : la fratrie (il avait quatre frères et une sœur) s’enlace, s’embrasse, se serre chaleureusement dans des emportements sans fin.


 

Tout cela donne envie de relire Tchekhov, car les mots sont là, parfois lus dans une scène, ou crissant selon le tracé de la plume sur le papier, comme est présent cet univers feutré et ardent, berceau d’une harmonie fraternelle face à son génie.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 364, hiver 2015


Anton Tchekhov 1890. Réal, sc : René Féret ; ph : Lucas Bernard ; mont : Fabienne Féret ; mu : Marie-Jeanne Serero. Int : Nicolas Giraud, Lolita Chammah, Robinson Stévenin, Jacques Bonnaffé, Marie Féret, Frédéric Pierrot, Philippe Nahon (France, 2014, 80 mn).



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts