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JC n°429, mai 2024

publié le mercredi 15 mai 2024

JEUNE CINÉMA n°429, mai 2024

Couverture : Vittorio Gassman.

Quatrième de couverture : Miss Mend (Boris Barnet & Fedor Ozep, 1926).

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ÉDITO JC n°429, mai 2024

 

Après ces mois horribilis qui ont vu disparaître Bernard Chardère (1930-2023), Michel Ciment (1938-2023) et Vincent Pinel (1937-2024), nous étions heureux de pouvoir enfin ne pas devoir commencer un numéro sous le signe de la tristesse.
Jusqu’à ce que l’on apprenne, ce matin, le décès de Paul Auster (1947-2024). Aucune commune mesure, certes, entre ces amis de la maison et l’écrivain renommé. Mais la découverte de sa trilogie new-yorkaise, au milieu des années 1980 (et même plus tôt pour les fervents de la Série Noire, qui avait lu Fausse balle en 1982), représente un grand moment – un peu comme la lecture de la trilogie Lloyd Hopkins de James Ellroy aux mêmes dates. Reconnaissons que, pour l’un comme pour l’autre, les ouvrages qui ont suivi n’ont jamais égalé l’éblouissement premier. Il n’empêche : Paul Auster faisait partie de ces romanciers lointains dont quelques livres reposent définitivement sur nos rayons particuliers, Robert Penn Warren, Thomas Wolfe, Alvaro Mutis ou Francisco Coloane ; on ne les relit pas tout le temps, mais on sait qu’ils sont là.

Paul Auster a fait quelques incursions dans le cinéma. Incursions réussies en ce qui concerne le diptyque réalisé avec Wayne Wang, Smoke et Brooklyn Boogie (1995), dans lequel passait l’air de sa ville. Nettement moins pour ses films en solo, Lulu on the Bridge (Un Certain Regard, Cannes 1998) et The Inner Life of Martin Frost (2006) - on ne peut briller sur tous les fronts. Est-ce la raison pour laquelle nous n’avons pas cherché à voir les films dont il fut le scénariste, La Musique du hasard de Philip Haas (1993) ou Le Centre du monde de Wayne Wang (2001) ? Il n’est jamais trop tard…

Le Festival de Cannes, 77e de la série, est à notre porte. Du 14 au 25 mai 2024, même les Jeux Olympiques vont passer (enfin !) au second plan. Nous examinons plus loin, de façon rapide, les films français retenus par les différents comités, officiels ou parallèles. Quant aux œuvres étrangères proposées par la compétition, la constellation est d’apparence moins brillante que celle de l’an dernier, où les noms historiques, Martin Scorsese, Marco Bellocchio, Aki Kaurismaki, Nuri Bilge Ceylan, Nanni Moretti, Ken Loach, se bousculaient. Parmi les grands anciens, on trouve certes Francis Coppola, David Cronenberg et Paul Schrader, qu’on espère à leur meilleur niveau, quelques vedettes de la génération suivante, Karim Aïnouz, Andrea Arnold, Jia Zhangke, Yorgos Lanthimos, Kirill Serebrennikov et Paolo Sorrentino (les films des deux derniers, Limonov et Parthenope, assureront quelques grands moments). Mais la surprise viendra peut-être de ces quelques cinéastes inconnus en compétition, Ali Abassi, Sean Baker, Miguel Gomes, Payal Kapadia ou Magnus von Horn.

La section Un Certain Regard a, comme d’habitude, de quoi surprendre, à travers des titres excellents venus de pays inattendus, l’Arabie saoudite - Norah de Tawfik Alzaidi - et la Somalie - The Village Next to Paradise de Mo Harawe - ou de pays plus connus, la Chine ou la Norvège, avec des films remarquables - Black Dog de Guan Hu et Armand de Halfden Ullmann Tondel - c’est là notre quarté de choc.
Sans préjuger des quelques perles habituelles de Cannes Classics ni, pour les amateurs de films d’animation, des superbes Flow de Gents Zilbaladis (Un Certain Regard) et Slocum et moi de Jean-François Laguionie (Cinéma de la Plage). En principe, aucun des films choisis ne risque de créer de scandale, à cause de cinéaste porteur de casserole ou de comédien incapable de se contenir - mais sait-on jamais. Il n’y a pas que Cannes dans l’année, mais sans Cannes le printemps serait bien triste.

L’Annuel 2024 est paru il y a quelques semaines. Rappelons qu’il s’agit de l’ouvrage sur le cinéma le plus utile, toutes catégories confondues - outre une fiche détaillée de chaque film sorti en 2023, il reprend le palmarès de tous les festivals mondiaux et offre la nécrologie la plus complète de tous les disparus, importants ou non. Nous (ou René Prédal) y reviendrons dans un prochain numéro, après avoir fouiné dans ses 764 pages. Il semblerait que son éditeur, Les fiches du cinéma (26, rue Pradier, 75019, Paris), connaisse quelques difficultés. On lui souhaite de les vaincre, car il n’est pas envisageable qu’un usuel aussi primordial disparaisse.

Nous nous étions trop avancés dans l’éditorial du numéro de mars 2024, en annonçant que le suivant contiendrait un compte rendu du livre Busby Berkeley, l’homme qui fixait des vertiges (Danflous-Marest). En réalité, il mérite, plus qu’une simple recension, un véritable article détaillé que les activités de ces derniers mois ne nous ont pas permis de mener à terme - et qui, de toutes façons, n’aurait pas pu figurer dans ce numéro simple déjà excédentaire. Mais que les lecteurs qui ne se sont pas encore procuré cette somme la réclament à leur libraire, ils ne seront pas toujours à pareille fête.
Excédentaire, ce numéro ? Pas plus que ceux qui l’ont précédé et qui le suivront. Même sans les pages de publicité qui dévorent tant d’espace chez nos revues sœurs, il n’y a jamais suffisamment de place pour que tout ce que l’on voudrait publier puisse y figurer. C’est ainsi depuis presque soixante ans, pourquoi changer ?

Deux coffrets ont été récemment édités par Carlotta, consacrés l’un à Jean Eustache, l’autre à Yasujiro Ozu. On ne s’étonnera pas de les voir traiter chacun deux fois par des rédacteurs différents ; il ne s’agit pas d’une erreur de la rédaction en chef : leur importance est telle qu’ils peuvent être abordés de façon multiple - démonstration dans les pages 52, 56 et 80.

Enfin, saluons la belle initiative prise par les familiers de Bernard Chardère. Son manuscrit, Le Grincheux d’Ainay, sa dernière œuvre in progress qu’il rêvait tant de voir publier, ses amis lyonnais s’en sont chargés - la maison d’édition a pour enseigne "Aux amis", tout un programme. Les lecteurs intéressés par ces grinches posthumes peuvent se renseigner auprès de la revue, il leur sera fait le meilleur accueil.

Lucien Logette



 

SOMMAIRE JC n°429, mai 2024

 

 
Cinéma français
 

* Les films français à Cannes 2024, par Lucien Logette.

 
Festivals
 

* Tours 2024, par Alain Souché.

* Alès 2024, par Alain Souché.

 
Du monde entier
 

* Images de la guerre et de l’après-guerre dans trois films japonais, par Andrea Grunert.

 
Patrimoine
 

* Boris Barnet.
1. Sur trois films muets, par Patrick Bœuf.
2. La période parlante, par Nicole Gabriel.

* Renaissance de Jean Eustache, par Francis Guermann.

* Permanence de Yasujiro Ozu, par Nicole Gabriel.

* Deux films noirs argentins, par Nicole Gabriel.

 
Documentaires
 

* Trois fois Nicolas Philibert, par Bernard Nave.

 
DVD
 

* Chronique du printemps 2024, par Jérôme Fabre.

* Glanures : De Pière Colombier à Jean Eustache, par Philippe Roger.

* Hier, aujourd’hui, demain de Vittorio De Sica, par Enrique Seknadje.

 
Cinéma & Danse
 

* Katherine Dunham et le cinéma, par Nicolas Villodre.

 
Cinéma & Télévision
 

* Films historiques de montage, par René Prédal.

* Viol, défi de justice, par René Prédal.

 
Actualités
 

* Foudre, par Gisèle Breteau Skira.

* Jusqu’au bout du monde, par Jean-Max Méjean.

* Heroico, par Hugo Dervisoglou.

* Les Premiers Jours, par Gisèle Breteau Skira.

* Jeunesse mon amour, par Jean-Max Méjean.

* Memory, par Gisèle Breteau Skira.

* Mon pire ennemi, par Claudine Castel.

* Un homme en fuite, par Gisèle Breteau Skira.

 
Livre
 

* Aurélien Ferenczi, Framboise, quelques hypothèses sur Françoise Dorléac, par Gisèle Breteau Skira.

 
Divagations
 

* Dino Risi ou la vision nue I, par Patrick Saffar.



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