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Greenhouse (2022)
de Lee Sol-hui
publié le mercredi 29 mai 2024

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection officielle du Festival international de Busan 2022
New Currents Award

Sortie le mercredi 29 mai 2024


 


Seuls les Coréens osent aller aussi loin dans la dénonciation des dysfonctionnements de la société, mais tout autant également dans une réflexion sur la démence sénile, la vieillesse en général, le don de soi et la bonté. Avec ce premier long métrage, la réalisatrice Lee Sol-hui montre à la fois son talent et les méthodes de travail fort sévères de la Korean Academy of Film Arts où elle a fait ses études. S’inspirant de l’histoire de sa mère qui s’est dévouée pour s’occuper de sa propre mère atteinte de démence sénile, la réalisatrice construit un récit sur la folie, la piété maternelle et les attentes des êtres humains, en découpant son récit tel une tragédie.


 


 

Le film commence dans une maison de quatre sous en plastique noir qui évoque une sorte de grotte moderniste et angoissante. Lee Sol-hui y loge son personnage principal, Moon-jung, aide-soignante à domicile, qui s’occupe avec une grande bienveillance d’un vieil homme aveugle et de sa femme.


 


 

Le climat est inquiétant et chaque détail de la vie de Moon-jung est étrange, à commencer par les coups qu’elle s’inflige au matin, l’absence de mari, l’attachement pour son fils qui semble en maison de rééducation, l’amant qu’elle retrouve de temps en temps et qui semble plus jeune qu’elle, l’hostilité que lui manifeste la femme de son employeur, etc. Son attitude est difficilement interprétable, peut-être ne se connaît-elle pas elle-même, elle dont le rêve quasi obsédant est de pouvoir acheter une maison convenable pour y habiter avec son fils adoré.


 


 

Elle n’a plus les moyens de s’offrir une psychothérapie et elle entame une nouvelle thérapie de groupe gratuite, au cours de laquelle elle fait la connaissance d’une jeune femme fragile, Soon-nam, qui va s’attacher à elle. Le film est construit sur la mise en relation de personnages différents, mais sans être ni choral, ni policier. Pourtant, il a un peu les caractéristiques de chaque genre, car les personnages épars - le couple de vieux, Moon-jung et sa nouvelle amie Soon-nam, son fils et sa petite bande de copains, le docteur du vieil homme aveugle et, enfin, sa mère - sont tous amenés à se rencontrer au détour de diverses situations.


 


 

On ne peut les dévoiler sans enlever tout le sel de ce premier film qui tient en haleine comme un thriller, sans proposer au spectateur une seule solution. On peut dire simplement qu’un concours de circonstances (comme on en rencontre souvent dans la vie) va contrecarrer les projets du personnage principal en entraînant des conséquences peu heureuses, qui vont conduire finalement Moon-jung, sinon vers la folie, du moins vers le martyre. Il semblerait que sa bonté et son dévouement soient très peu porteurs de fruits, ce qui fait de ce film, avec sa fin ouverte et angoissante, une œuvre prometteuse et fort peu moraliste.


 


 

Laissons le mot de la fin à la réalisatrice : "Quelle que soit la fin, le dénouement sera brutal pour Moon-jung, mais, dans cet enfer, il y a un espoir. Certains spectateurs m’ont dit que la fin était cathartique, le public joue donc un rôle déterminant pour compléter le film".

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe


Greenhouse. Réal, sc, mont : Lee Sol-hui ; ph : Hyung Bow ; mu : Kim Hyundo ; cost : Park Sehee. Int : Yang Jae-seong, Jeong Jong-joon, Kim Seo-hyeong, Ahn So-yo, Mi-won Won Shin Yun-sook (Corée, 2022, 100 mn).



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