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León (2023)
de Andi Nachon & Papu Curotto
publié le mercredi 26 juin 2024

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection du Roze Filmdagen Amsterdam 2023

Sortie le mercredi 26 juin 2024


 


León a les défauts des premières œuvres et les qualités que confère un travail bien fait. Dans des décors un peu artificiels, plus adaptés à des séries ou des téléfilms qu’au cinéma, le film raconte le deuil d’une jeune femme qui vient de perdre sa compagne, mais qui doit survivre pour gérer leur restaurant et leur fils, León, qui a donné son nom au restaurant.


 

À partir de cette situation, difficile de faire un film d’action : León piétine pas mal et semble un peu irréaliste et fade. Andi Nachon & Papu Curotto sont clairs sur le sujet : "Avec León, nous avons essayé de montrer comment la perte d’un être cher affecte non seulement notre propre vie, mais aussi toute la vie que nous partageons en tant que famille. Nous voulions que notre protagoniste traverse son deuil avec ses émotions, tout en devant récupérer son fils et le monde qu’elle maintenait avec sa petite amie".


 

L’intention semble bonne, puisque, malgré une ligne narrative aussi ténue, le sujet peut intéresser les milliers de personnes qui, de nos jours, en Europe, tout comme en Argentine où le film a été réalisé, vivent les mêmes situations banales et extraordinaires à la fois. Le film ne s’intéresse pas vraiment à la douleur de la jeune veuve, puisqu’il reste plus que discret à cet égard, même très froid. L’accent est plutôt mis sur les relations interpersonnelles : le père de León, absent du film, mais présent de façon prégnante, puisqu’il réclame la garde de son fils, tout autant que sa mère, bien visible et omniprésente, puisqu’elle finit par s’imposer même dans la gestion du restaurant.


 

Pour le producteur de León, Santiago Podestá, la force du film réside dans son refus de s’attarder sur la douleur, en se concentrant plutôt sur le processus de guérison des personnages, dépeignant un type de récit queer différent. Il y a donc un public pour ce genre de film qui, s’il rate sa sortie en salles, trouvera sans doute à se caser sur une quelconque chaîne payante, queer de préférence, qui s’échine à prouver que les homosexuels n’ont plus le caractère maudit et rebelle des siècles précédents, mais ont les mêmes soucis matrimoniaux et sociétaux que les autres.


 

Pourquoi pas ? Mais, du coup, les réalisateurs ne font plus de films romantiques ou désespérés, mais des œuvres formatées et qui n’ont rien de radicales, comme pouvaient l’être jadis par exemple les films d’un Paul Morrissey ou d’un Andy Warhol. La culture queer possède maintenant deux pôles : l’un plutôt popotte, dont celui-ci fait partie, et l’autre sulfureux, caractère qui devient de plus en plus rare. León est à la croisée de ces chemins, zigzagant laborieusement entre naturalisme et soap-opera new style, ainsi qu’en témoigne le happy-ending très attendu.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe


León. Réal, sc : Andi Nachon & Papu Curotto ; ph : Eric Elizondo ; mont : Florencia Gomez Garcia ; mu : Javier Bustos & Morita Vargas. Int : Carla Crespo, Antonella Saldicco, Susana Pampin, Lorenzo Crespo (Argentine, 2023, 80 mn).



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