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Belles Créatures (les) (2022)
de Gudmundur Arnar Gudmundsson
publié le mercredi 25 septembre 2024

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°431-432, octobre 2024

Sélection officielle de la Berlinale 2022

Sortie le mercredi 25 septembre 2024


 


Second long métrage du jeune réalisateur islandais Gudmundur Arnar Gudmundsson, après Heartstone : un été islandais, couronné du Prix Queer à la 73e Mostra de Venise en 2016. Toujours intéressé par la période adolescente des jeunes garçons en écho probable à la sienne, il met en scène dans Les Belles Créatures un groupe de quatre garçons, livrés à eux-mêmes par l’absence des parents ou l’incapacité à les gérer. C’est un film sur la force de l’amitié, celle qui lie à jamais des êtres qui se sont sauvés mutuellement de la déveine, du malheur.


 


 

Parmi le groupe il y a Balli (Askell Einar Palmason) un garçon introverti, malmené méchamment par les autres, que prend sous son aile Addi (Birgir Dagur Bjarkason). La mère de ce dernier est extralucide et perçoit l’avenir dans les rêves. En dehors des moments de bagarre où la violence éclate, le film semble presque chorégraphié, une sorte de danse libre dans la nature où les quatre corps se frôlent, s’attirent, se rejettent pour exorciser une sauvagerie, une brutalité incontrôlable et gratuite. Car ils se battent sans raison précise, leur violence est leur façon de s’exprimer, n’ayant jamais eu la possibilité de le faire au sein de leur famille. Leur violence est leur langage, leur cri lancé à la société.


 


 

Dans cette violence et de façon assez paradoxale se dégage entre eux un climat d’une douceur étonnante, une fraternité indestructible et même, pourquoi pas, un certain sentiment de bonheur. D’un jeu masculin, dangereux mais libérateur, ils vont éprouver et comprendre le sens véritable de cette violence. Jusqu’au drame absolu surgissant avec la sexualité, celle forcée, violente et barbare, celle des adultes. Spectateurs ou acteurs de l’acte sexuel, il marque le passage à l’âge adulte et demeure parfois l’insupportable réalité de l’existence.


 


 

Comment vivre leur vie, comment envisager leur langage, comment exprimer leur colère ? Les rêves d’Addi viennent à la rescousse. La petite histoire des songes de la mère ou des frissons d’Addi est accessoire, ce qui importe est l’immense talent du réalisateur, son aisance à dépeindre l’adolescence et ses tourments, son habileté à décrypter le moindre sentiment de peur, d’effroi, d’écœurement, et sa faculté à mettre en lumière l’esprit de camaraderie, en un mot la solidarité. Ils agissent en solidarité avec la souffrance de la sœur de Balli et de Konni (Viktor Benony Benediktsson) et prennent conscience de la limite de leur violence.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°431-432, octobre 2024


Les Belles Créatures (Berdreymi). Réal, sc : Gudmundur Arnar Gudmundsson ; ph : Sturla Brandth Grovlen ; mont : Andri Stein Gudjonsson & Anders Skov ; mu : Kristian Eidness Andersen. Int : Birgir Dagur Bjarkason, Askell Einar Palmason, Viktor Benony Benediktsson, Snorri Rafn Frimansson (Islande-Danemark-Suède-Pays-Bas-Tchéquie, 2022, 123 mn).



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