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Megalopolis (2024)
de Francis Ford Coppola
publié le mercredi 25 septembre 2024

par Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°430, été 2024

Sélection officielle en compétition du Festival de Cannes 2024

Sortie le mercredi 25 septembre 2024


 


On se souvient peut-être de ce mot de Stankey Kubrick qui, à Jerry Lewis lui affirmant dans sa salle de montage "qu’on ne peut pas faire briller une merde", eut cette réplique assez géniale : "Si, mais il faut la congeler".


 

Projet (trop ?) longtemps mûri par Francis Ford Coppola et devenu d’autant plus mythique aux yeux des admirateurs, film mégalo sur un mégalo, œuvre d’une vie pour ainsi dire, Megalopolis avait toutes les caractéristiques pour incarner ce procès en congélation dont parlait Stanley Kubrick. Or, en l’occurrence, l’espèce de gangue qui entoure Megalopolis, loin de transcender une catastrophe esthétique, empêcherait tout juste d’apprécier pleinement les beautés que le film recèle.


 


 


 

Cette gangue, ce n’est pas seulement la longue gestation de l’œuvre, propre à nourrir toutes les attentes du spectateur, à "faire parler" du projet, comme le recommande d’ailleurs le héros utopiste du film, c’est également l’extrême profusion de cette fable ambitieuse censée retracer une épopée "romaine" dans une Amérique moderne imaginaire (New Rome) et décadente, mettant aux prises un architecte / savant "génial", César Catilina (Adam Driver), avec un maire ultra conservateur, Franklyn Cicero (Giancarlo Esposito).


 


 


 

Si l’auteur de Dracula (version 1992) reste fidèle à quelques-unes de ses préoccupations (est-ce le présent qui vampirise l’avenir, ou bien l’inverse ?) et si ce que l’on devine du propos s’avère plus ou moins raccord avec notre époque - que faire du temps qui reste, du temps qui vient, de ce temps que César a le pouvoir d’arrêter ? -, on doit reconnaître que le caractère foisonnant du film amène parfois à s’interroger sur le fin mot de l’histoire / Histoire, comme si les visions du cinéaste s’évertuaient à déchiffrer l’avenir, alors qu’il en détiendrait, seul, la clef.
C’est là sans doute qu’une nouvelle vision s’impose au spectateur, vision "à froid" qui aurait pour vertu paradoxale de laisser dégeler Megalopolis.

Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°430, été 2024


Megalopolis. Une fable. Réal, sc : Francis Ford Coppola ; ph : Mihai Malaimare Jr. ; mont : Cam McLauchlin & Glen Scantlebury ; mu : Osvaldo Golijov & Grace Van der Waal ; déc : Beth Mickle et Bradley Rubin ; cost : Milena Canonero. Int : Adam Driver, Giancarlo Esposito, Nathalie Emmanuel, Aubrey Plaza (USA, 2024, 138 mn).



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