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All We Imagine as Light (2024)
de Payal Kapadia
publié le mercredi 2 octobre 2024

par Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma n°430, été 2024

Sélection officielle en compétition du Festival de Cannes 2024
Grand Prix du jury

Sortie le mercredi 2 octobre 2024


 


Prabha est infirmière réanimatrice, à Mumbai, expérimentée et responsable. Son mari est parti pour l’Allemagne, peu après leur mariage arrangé. Il n’a donné aucune nouvelle depuis un an, mais il hante sa mémoire. Moyennant une contribution irrégulière, elle loge chez une jeune collègue, Anu, originaire comme elle du Kerala, plus insouciante qu’elle et secrètement amoureuse d’un jeune musulman, ce qui est quasi délictuel dans l’Inde de Narendra Modi.


 


 


 

On est d’abord à Mumbai, cette énorme ville peuplée d’une foule active, bruyante, composée malgré tout de personnalités singulières, qui, comme on le sait "ne sont pas solubles dans les castes ou dans la foule".


 


 

Ensuite, dans une seconde partie, c’est le calme d’un site côtier, le village natal d’une amie, permettant quelque intimité à Anu et son jeune ami, une plage où se confirme entre Prabha et Anu, malgré des personnalités et des milieux bien différents, une sympathie sororelle qui s’est tissée doucement.


 


 

Il s’agit du premier long métrage de fiction de Payal Kappadia.
Ancienne élève de La Cinef, elle avait décroché, en 2021, l’Œil d’or du meilleur film documentaire à Cannes pour A Night of Knowing Nothing. Elle y confontait déjà les contradictions des femmes indiennes entre vie privée et vie publique, lettres d’amour, problème des castes et manifestations étudiantes. C’est peut-être elle, une femme, qui était le mieux à même de montrer pour son héroïne une solidité professionnelle justifiant une légitimité sociale, citoyenne, universelle, en même temps qu’un imaginaire affectif, en effet très féminin, exposé à toutes les interprétations sur la vocation des genres.


 


 

On n’avait pas vu de film indien en compétition depuis 1994 - avec Destinée, de Shaji Karun. Satyajit Ray (1921-1992 et Mrinal Sen (1923-2018) avaient pourtant eu quelques habitudes sur la Croisette, et le cinéma indien est toujours le plus foisonnant du monde. Outre l’utilité de soutenir la résistance culturelle à l’emprise du régime ultra-nationaliste hindou, All we imagine is light méritait la sélection en compétition et le Grand Prix.

Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma n°430, été 2024


All We Imagine as Light. Réal, sc : Payal Kapadia ; ph : Ranabir Das ; mont : Clément Pinteaux ; mu : Topshe ; déc : Piyusha Chalke, Shamim Khan et Yashasvi Sabharwal ; cost : Maxima Basu. Int : Kani Kusruti, Divya Prabha, Chhaya Kadam, Hridhu Haroon, Lovleen Mishra (France-Inde-Italie-Luxembourg-Pays-Bas, 2024, 115 mn).



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