par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe
Sélection Panorama de la Berlinale 2024
Sortie le mercredi 23 octobre 2024
Un chantre de synagogue perd sa voix en perdant son épouse, une écrivaine réputée décédée et qui laisse Ben au désarroi. À partir de cette histoire somme toute pas très gaie, inspirée en partie de l’histoire de sa propre mère, Nathan Silver trouve, après huit précédents longs-métrages, une veine humoristique à la Woody Allen qui met en valeur l’humour juif. En effet, tout comme dans les films du célèbre New Yorkais, l’inspiration de Nathan Silver pour ce neuvième film oscille entre une analyse du microcosme d’une petite communauté sise au Nord de New York et une série de bons mots autour du célibat forcé du personnage principal. Le pauvre Ben qui ne peut plus chanter à la synagogue, se contente d’accompagner les enfants pour leur bar mitzvah tout en se soumettant aux diktats des rendez-vous galants que sa mère lui impose.
Pour ce film, le réalisateur indépendant américain, a réussi à réunir un casting de célébrités, dont notamment Jason Schwartzman, l’un des acteurs fétiches de Wes Anderson, et Carol Kane connue pour ses rôles dans Princess Bride, Terreur sur la ligne, Fantômes en fête, Annie Hall et La Famille Addams. Et le directeur de la photographie n’est autre que Sean Price Williams, collaborateur de nombreux réalisateurs tels que les frères Safdie (Good Time, Mad Love in New York), Alex Ross Perry (Golden Exits) ou Anaïs Volpé (Entre les Vagues).
Nathan Silver a travaillé en harmonie avec son coscénariste qui était présent chaque jour du tournage. En effet, les acteurs, au départ assez étonnés, n’ont reçu qu’une sorte de nouvelle ne comprenant pas tous les dialogues, puisque la plupart d’entre eux ont été improvisés sur le plateau. C’est sans doute, ce qui donne tout son sel à ce film plein d’humour et de mélancolie, qui reprend en douceur la thématique de Harold et Maude de Hal Ashby (1971) ou de Tous les autres s’appellent Ali de Rainer Werner Fassbinder (1974), puisque Carla et moi n’est que le récit d’une histoire d’amour entre ce jeune chanteur de synagogue et son ancienne professeure de musique. Le tout observé plus ou moins finement sous la loupe de la communauté qui ne voit pas cette liaison d’un bon œil, alors que la très jeune et très belle fille du rabbin ne semble pas indifférente au charme du chanteur aphone.
Belle et charmante comédie de mœurs, comique de situations et de dialogues ciselés comme pour des spectacles de stand-up, Carla et moi est aussi conçue comme une confession publique, pudique et sensible, dans laquelle la différence d’âge est abordée mais aussi la judéité et d’une manière à la fois critique et cependant très tendre. Le réalisateur explique que, pour aborder la question du judaïsme en évitant les stéréotypes ou les simplifications, il a fait appel à deux consultants juifs, le rabbin Mikey Hess Weber et l’éducateur Jesse Miller.
Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe
* Ne pas confondre avec Carla et moi de Arnaud Viard (2004).
Carla et moi (Between the Temples). Réal : Nathan Silver ; sc : N.S. & C. Mason Wells ; ph : Sean Price Williams ; mont : John Magary ; cost : Holly McClintock. Int : Jason Schwartzman, Carol Kane, Caroline Aaron, Robert Smigel, Dolly de Leon, Madeline Weinstein, Matthew Shear, Jaden Waldman (USA, 2024, 111 mn).