Il est vrai que ce film fait un peu tache dans la sélection officielle, mais pourquoi pas ? Le charme de ce "diamant brut" n’est-il pas pétri de la vulgarité des influenceuses et de la téléréalité ? Agathe Riedinger est courageuse et son film passe bien la barre des sunlights de la salle Louis-Lumière. D’autant que les paillettes de Cannes sont devenues de vulgaires et sinistres pacotilles tristounettes et moches, en raison de la vulgarité des médias, de la presse et de la télévision qui en font leurs choux plus que gras.

Du coup, ce film censé dénigrer l’horreur de la téléréalité devient presque digne du diamant brut dont le titre s’est paré, au milieu de la misère culturelle et idéologique de ce festival qui s’est vendu depuis longtemps aux diktats de l’Amérique et du commerce sans scrupule avec ses défilés carnavalesques et ses sponsors plus que douteux. Il faut dire que ce film est servi par un excellent casting, à commencer par Malou Khebizi qui incarne Liane, l’héroïne, qui excelle dans ce rôle de cagole Barbie, dont le rêve de devenir la nouvelle Kim Kardashian française va tenter de se matérialiser sous nos yeux. Elle est courtisée par un non moins talentueux Dino, interprété par un magnifique et presque ingénu Idir Azougli, dont le frère, Nathan, un peu invisible, est interprété par Alexis Manenti qui apporte un peu de son talent à ce film fiévreux.

Il fut mal accueilli par la critique du festival, c’est le moins qu’on puisse dire, mais il ne serait pas étonnant que la jeune Malou Khebizi décroche un prix d’interprétation si le jury continue à faire un travail de recherche réelle de jeunes talents, parce que, par certains côtés, en habitant le corps de ce personnage mal dans sa peau sous ses guenilles de bimbo, elle évoque l’apparition sublime de Hafsia Herzi dans La Graine et le Mulet de Abdellatif Kechiche (2007).

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°430, été 2024

Diamant brut. Réal, sc : Agathe Riedinger ; ph : Noé Bach ; mont : Lila Desiles ; mu : Audrey Ismaël. Int : Malou Khebizi, Idir Azougli, Andréa Bescond, Alexis Manenti (France, 2024, 103 mn).