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Mémoires d’un corps brûlant (2024)
de Antonella Sudasassi
publié le mercredi 20 novembre 2024

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection Panorama de la Berlinale 2024

Sortie le mercredi 20 novembre 2024


 


"Ce film est une ode à toutes les femmes qui nous ont donné naissance, qui ont pris soin de nous, qui ont eu le courage de soulever les bonnes questions, de telle sorte qu’aujourd’hui, les choses soient différentes pour nous". Antonella Sudasassi Furniss est une scénariste, réalisatrice et productrice du Costa Rica. Son premier long métrage - suite de son court-métrage du même titre sorti en 2016 -, The Awakening of the Ants, présenté en avant-première à la Berlinale 2019, et ce film a été sélectionné pour représenter son pays aux Oscars. Il a aussi obtenu ensuite une quinzaine de prix dans divers festivals mondiaux.


 


 

Quant à Mémoires d’un corps brûlant, c’est son deuxième film. En tant que scénariste et réalisatrice, la réalisatrice s’intéresse particulièrement aux personnages féminins et à la manière dont les femmes appréhendent leur sexualité aux différentes étapes de leur vie. Par ce film virtuose, elle aborde encore une fois cette thématique en utilisant un appartement comme lieu féminin par excellence, en y installant une femme seule qui a l’âge de revenir sur ses souvenirs, ses douleurs et ses regrets.


 


 

Magnifiquement photographié par Andrés Campos Sánchez et mis en espace par Amparo Baeza Infante, Mémoires d’un corps brûlant propose une sorte de conversation soliloque que le personnage, Ana, qui n’a jamais pu avoir de dialogue avec ses grands-mères. C’est le cri collectif de femmes qui brisent les tabous et osent parler de leurs secrets les plus intimes. Ana a l’âge où l’on peut enfin vivre pour soi. Après tant d’années passées sous la domination du père, du frère, du mari, elle vit sa vraie jeunesse, s’épanouissant dans une féminité enfin libérée. Elle nous conduit d’une époque à l’autre en évoquant les souvenirs d’une vie entre tabous (cf. la séquence de l’éducation sexuelle vue par les religieuses), sentiment de culpabilité et désirs intimes.


 


 

Outre cette approche innovante et cinématographique à la fois du désir féminin et du féminisme, le film se donne aussi comme une mise en scène de la solitude d’une femme au centre même de l’image qui ne peut même pas compter sur la sororité dont nombre de militantes féministes se recommandent de nos jours. De plus, sur le plan sonore, le mélange des différentes voix de femmes fait penser à l’approche que Pier Paolo Pasolini avait eu, en son temps, lorsqu’il avait filmé son documentaire-enquête, Comizi d’amore en 1964.


 


 

Enfin, sur le plan purement cinématographique, le film se développe selon un plan-séquence assez spectaculaire et virtuose qui apporte une dimension presque poétique à ce film qui, sans cela, aurait pu n’être qu’un énième témoignage sur la soumission des femmes en Amérique latine. "J’aime beaucoup les plans-séquence, dit la cinéaste, parce que je pense que cela permet aux acteurs et actrices de donner plus d’eux et d’elles-mêmes. Le montage pourrait me permettre d’unifier des éléments disparates pour créer une empathie avec le public, alors qu’un plan-séquence oblige à créer l’empathie par le jeu même de l’interprète. J’aime aussi l’idée du temps réel, et ce procédé permet ainsi davantage de capturer le temps sans le ralentir ou l’accélérer".

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe


Mémoires d’un corps brûlant (Memorias de un cuerpo que arde). Réal, sc : Antonella Sudasassi ; ph : Andres Campos ; mont : Bernat Aragonés ; mu : Valeria Castro & Juano Damiani. Int : Sol Carballo, Paulina Bernini Viquez, Juliana Filloy Bogantes, Liliana Biamonte, Gabriel Araya Herrera, Juan Luis Araya Sánchez, Leonardo Perucci, Cecilia García Pérez, Teo Yuja Mora, Santiago Campos Marín (Costa Rica-Espagne, 2024, 90 mn).



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