home > Films > No nos moverán (2024)
No nos moverán (2024)
de Pierre Saint-Martin Castellanos
publié le mercredi 11 décembre 2024

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°433, décembre 2024

Sélection officielle du Festival du film policier de Cognac 2024

Sortle le mercredi 11 décembre 2024


 


Ce premier long métrage a été remarqué au Festival Cinélatino de Toulouse et au Festival international de cinéma de Guadalajara, au Mexique. Le film est porté par l’actrice Luisa Huertas, une des grandes figures du cinéma et du théâtre au Mexique, réellement surprenante, pratiquement dans tous les plans. Malgré son titre qui fait très militant et la gravité des personnages en action, No nos moverán ("On ne nous virera pas") est une variation émouvante sur le thème du désir de rattraper une faute ou de réparer une erreur. Qu’on en juge : avocate obstinée, Socorro n’a qu’une obsession, retrouver le militaire qui a tué son frère, lors du massacre des étudiants de Tlatelolco, en 1968, à Mexico.


 


 


 

Son désir de justice l’a progressivement éloignée de sa famille. Après des décennies de recherche, elle semble enfin découvrir la piste d’un mystérieux militaire. Pour parvenir à ses fins, elle va élaborer un plan dangereux, avec l’aide de son jeune voisin Siddartha, le gardien fantasque de l’immeuble, plan qui ne semble pas du goût de la famille qui a peur que celui-ci en veuille à l’héritage.


 


 


 

Sur cette trame assez classique, le jeune scénariste-réalisateur-producteur nous livre un film inspiré, qui change de registre à plusieurs reprises. Son scénario est original, mais c’est surtout la manière de mettre en scène à la fois les personnages et les situations qui est surprenante. No nos moverán change de manière et de genre à chaque avancée de l’action. On passe du film militant au film d’apprentissage et enfin à une vraie-fausse fin heureuse, dans laquelle l’héroïne semble enfin débarrassée de son obsession, non par un travail psychologique, mais parce qu’elle s’est aperçue de son erreur, et de l’empathie du policier supposé coupable de la mort de son frère.


 


 


 

Luisa Huertas qui prête ses traits fatigués et son talent à ce personnage de femme passionnée et jusqu’au-boutiste, déclare : "Ce n’est pas vraiment une super-héroïne. C’est une femme réaliste, bien informée et consciente des limites de la justice dans son pays. Elle est déterminée à obtenir coûte que coûte la vérité au sujet de la mort de son frère, mais également sur celle de tous ces jeunes gens qui ont lutté pour faire triompher la liberté, la justice sociale et la démocratie".


 


 


 

Le réalisateur a de nouveaux projets. Tout d’abord Pelicans, un road-movie sur une Américaine septuagénaire qui vit dans le Nord du Mexique, dont le mari a disparu depuis un an, sans doute noyé. Malgré tout, elle reste persuadée qu’il est toujours en vie et décide de le retrouver, quitte à mettre sa vie en danger. Au cours de son voyage, elle s’interrogera sur sa condition de femme et d’étrangère au Mexique. Le second s’intitule La Maison des étrangers, un thriller dans lequel on suit une vieille femme, Rea, kidnappée par l’infirmière qui travaillait pour elle. Des projets prometteur, qui laissent présager un second souffle, bien dans la lignée du cinéma mexicain des années d’or.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°433, décembre 2024


No nos moverán. Réal, sc : Pierre Saint-Martin Castellanos ; sc : Iker Compean Leroux ; ph : Cesar Guttierez Miranda ; mont : Roberto Bolado & Raul Zendejas ; mu : Alejandro Otaola. Int : Luisa Huertas, Rebecca Manriquez, José Alberto Patiño (Mexique, 2024, 100 mn).



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts