Jeune Cinéma en ligne directe
Journal de Old Gringo 2015, Vendredi 24 avril 2015
Le massacre des Arméniens par les (Jeunes) Turcs a commencé le 24 avril 1915. C’était un samedi.
À Constantinople, arrestation des artistes, des intellectuels, des politiques, des médecins, les avocats, à partir de 20h et toute la nuit.
Le lendemain, les autres.
Après, on les a déportés et massacrés. Ça duré jusqu’en juillet 1916.
Les deux tiers des Arméniens vivant en Turquie ont été éliminés, on estime le nombre à un million deux cent mille personnes.
Le premier État à avoir reconnu le "génocide" arménien, a été l’Uruguay, le 20 avril 1965.
La France ne l’a reconnu qu’en 2001, par la loi du 29 janvier 2001, après l’ONU en 1985, le Parlement européen en 1987, la Russie en 1995, le Liban et elle Vatican en 2000,
Le 24 avril 2021, le Président des États-Unis, Joe Biden, a, à son tour, reconnu le génocide arménien au nom du peuple américain.
Il y a eu des films, des documentaires, des fictions, pour évoquer ou pour dénoncer. Mais pas tellement, surtout un grand silence, pendant des décennies. Sur ce silence, on peut faire des commentaires.
L’évidence, c’est que les informations couraient moins vite en 1915 qu’aujourd’hui, et que les Occidentaux avaient aussi beaucoup d’autres soucis. Mais peut-être que le plus important reste le rapport entre les mots et les choses.
Le néologisme "génocide" n’a été inventé qu’en 1944, par le Juif polonais Raphael Lemkin. Cf. le film qui lui est dédié : Watchers of the Sky de Edet Belzberg (2014). Et pour véhiculer une information, il faut les mots.
Les massacres, c’est vieux comme le monde. Mais pour perpétuer un génocide, il faut être extrêmement civilisé, avoir créé des notions et des concepts - les races, les religions - et des hiérarchies. Les hommes de Cro-Magnon ne pratiquaient pas de génocides.
Depuis 1944, en revanche, les historiens ont pu en détecter de très nombreux, dont jusque-là, le genre humain était innocent.
Pour l’Arménie, ça n’a commencé à bouger qu’au début des années 60, à travers les films. Voici une petite filmographie, commencée par l’année 1915, comme un acte de renaissance, qui prend aussi en compte tout ce qui s’est passé après.
Le premier qui nous vient à l’esprit, c’est America, America (1963) de Elia Kazan (1909-2003). Ou les deux films de Henri Verneuil (alias Achod Malakian) (1920-2002), Mayrig (1991) et sa suite, 588 rue Paradis (1992) à partir de son autobiographie, à la fin de sa vie.
Mais le tout premier film a été tourné en 1919, par Oscar Apfel (1878-1938) d’après les mémoires de Aurora (Arshaluys) Mardiganian (1901-1994). Avec Aurora elle-même dans le rôle-titre.
Le titre du livre : Ravished Armenia : The Story of Aurora Mardiganian, the Christian Girl, Who Survived the Great Massacres. Le titre du film : Auction of Souls. Hollywood a fait son job : Ravished Armenia.
Le film, qui devait faire environ 90 minutes, a été en grande partie perdu. L’Armenian Genocide Resource Center of Northern California a pu en reconstituer et restaurer 24 minutes, en 2009.
Jeune Cinéma en ligne directe (avril 2015)
NB. On peut ajouter, à cette mémoire collective en forme de filmographie, les photos de Antoine Agoudjian.
Pas (encore ?) de film, mais une continuité des images, exposées en Turquie, à Istanbul en 2011 et à Diyarbakır en 2015.
Jeune Cinéma
* Auction of Souls (Ravished Armenia) de Oscar Apfel (1919).
* Pepo de Hamo Bek-Nazarian (1935).
* Kochvatz en aprelu de Laert Vagharshyan (1960).
* Kochvatz en aprelu de Laert Vagharshyan (1961)
* America, America de Elia Kazan (1963).
* Les Chevaux de feu de Sergei Paradjanov (1966).
* Nous de Artavazd Pelechian (1969).
* The Forgotten Genocide de J. Michael Hagopian (1975).
* Les Saisons de Artavazd Pelechian (1975).
* Nahapet de Henrik Sureni Malyan (1977).
* Assignment Berlin de Hrayr Toukhanian (1982).
* Forty Days of Musa Dagh de Sarky Mouradian (1982).
* Notre siècle de Artavazd Pelechian (1982).
* Sans retour possible de Jacques Kébadian et Serge Avédikian (1983).
* Que sont mes camarades devenus... de Jacques Kébadian et Serge Avédikian (1984).
* Die armenische Frage existiert nicht mehr. Tragödie eines Volkes de Ralph Giordano (1986). Documentaire.
* Musaler-88 : vishapi tari de Ara Vahuni (1988).
* Tillbaka till Ararat de Jim Downing, Göran Gunér, Per-Åke Holmquist & Suzanne Khardalian (1988). Documentaire.
* An Armenian Journey de Ted Bogosian (1988).
* Arménie 1900 de Jacques Kébadian (1990).
* Karot de Frunze Dovlatyan (1990).
* The Armenian Genocide de J. Michael Hagopian (1991). Documentaire.
* Korsvats drakht de David Safaryan (1991).
* Mayrig de Henri Verneuil (alias Achod Malakian) (1991).
* 588 rue Paradis de Henri Verneuil (1992).
* Mémoire arménienne de Jacques Kébadian (1993).
* Total War de Carl Byker & Lyn Goldfarb (1996), épisode 3 de la série documentaire de 8 épisodes The Great War and the Shaping of the 20th Century (1996).
* Le Jardin de Khorkom de Isabelle Ouzounian (1998).
* Voices from the Lake de J. Michael Hagopian (1999).
* Ararat de Atom Egoyan (2002).
* Corto Maltese : La maison dorée de Samarkand de Richard Danto & Liam Saury (2002). Animation.
* Vingt ans après de Jacques Kébadian (2002).
* Germany and the Secret Genocide de J. Michael Hagopian (2003). Documentaire.
* Armenian Genocide de Andrew Goldberg (2006). Documentaire.
* Le Génocide arménien de Laurence Jourdan (2006). Documentaire.
* Nous avons bu la même eau de Serge Avédikian (2006).
* Screamers de Carla Garapedian (2006).
* Le voyage en Arménie de Robert Guédiguian (France, 2006).
* La masseria delle allodole de Paolo & Vittorio Taviani (2007).
* Anjar : The Heroes of Musa Dagh de Noura Kevorkian (2007). Cm, documentaire.
* 120 de Özhan Eren & Murat Saraçoglu (2008).
* Land of Our Grandparents de Alexander Goekjian & Kay Mastenbroek (2008).
* Mordakte Hrant Dink de Osman Okkan & Simone Sitte (2009). Documentaire.
* The River Ran Red de J. Michael Hagopian (2008). Documentaire.
* Azad de Nicolas Tackian (2009).
* The Blue Book de Gagik Karagheuzian (2009). Documentaire.
* Chienne d’histoire de Serge Avédikian (2009). Palme d’or du court métrage, Cannes 2010.
* 1915 Armenian Genocide de Mark Bedrosian (2010). Documentaire.
* Aghet - Ein Völkermord de Eric Friedler (2010).
* Ici-bas (Down Here) de Comes Chahbazian (2010).
* Bolis de Eric Nazarian (2010), segment du film à sketches Do Not Forget Me Istanbul (2010).
* Le Fils du marchand d’olives de Mathieu Zeitindjioglou (2011). Documentaire.
* Grandma’s Tattoos de Suzanne Khardalian (2011).
* Sunrise over Lake Van de Artak Igityan & Vahan Stepanyan (2011).
* Voyage to Amasia de Randy Bell & Eric V. Hachikian (2011).
* My Mother’s Voice de Mark Friedman (2012).
* Yerevan de Atom Egoyan (2012), segment de Mundo Invisível, film de 11 sketches de Leon Cakoff & Renata de Almeida (2012).
* Conversations with My Great Uncle John de Graeme D. Blyth (2014).
* The Cut de Fatih Akin (2014).
* Dis-moi pourquoi tu danses...
de Jacques Kébadian (2014).
* Génocide arménien, le spectre de 1915 de Nicolas Jallot & Régis Gentet (2014).
* Music to Madness : The Story of Komitas de David Robert Deranian (2014).
* Watchers of the Sky de Edet Belzberg (2014).
* 1915 de Garin Hovannisian & Alec Mouhibian (2015).
* L’Arbre de Hakob Melkonyan (2015).
* Les Chemins arides de Arnaud Khayadjanian (2015).
* Génocide arménien, 100 ans de mémoire de Stéphan Aubé (2015).
* L’Héritage du silence de Anna Benjamin & Guillaume Clere (2015)
* Map of Salvation de Aram Shahbazyan (2015).
* Le Scandale Paradjanov. Hommage en forme de poème de Serge Avédikian & Olena Fetisova (2015).
* Une histoire de fou de Robert Guédiguian (2015).
* 100 Years Later de John Lubbock (2016).
* Armenia, My Love... de Diana Angelson (2016).
* Armenia de M.A. Littler (2016).
* Celui qu’on attendait de Serge Avédikian (2016).
* Les Enfants de Vank (Vank’in Cocuklari) de Nezahat Gündogan (2016).
* Es Evmenq (Moi et nous) de et avec Philip Poghosyan (2016). Cm.
* Femmes de 1915 de Bared Maronian (2016).
* Manazil bela abwab de Avo Kaprealian (2016).
* Matenadaran de Anzhela Frangyan (2016). Cm.
* The Other Side of Home de Nare Mkrtchyan (2016). Documentaire.
* Rhythm & Intervals de Comes Chahbazian (2016).
* They Shall Not Perish : The Story of Near East Relief de George Billard (2016).
* Adaptation de Manne (2017). Cm.
* Architects of Denial de David Lee George (2017).
* Crows of the Desert : A Hero’s Journey through the Armenian Genocide de Marta Houske (2017).
* Intent to Destroy de Joe Berlinger (2017).
* La Promesse de Terry George (2017).
* Tatev de Anzhela Frangyan (2017). Cm.
* Artavazd Pelechian, le cinéaste est un cosmonaute de Vincent Sorrel (2018).
* Entre ciel et terre de Mane Grigoryan (2018). Cm.
* Songs of Solomon de Arman Nshanian (2020).
* Epic Denied : Depriving the Forty Days of Musa Dagh de Edwin Avaness & Serj Minassians (2022).