Marie-Castille Mention-Schaar réalise des films depuis 2012. Elle a d’abord été journaliste, notamment pour le Hollywood Reporter, ce qui l’a orientée vers le monde du cinéma. Revenue en France, après un séjour de 12 ans à Los Angeles, elle a été productrice et scénariste, pour enfin devenir réalisatrice à 49 ans, avec, aujourd’hui, 8 films à son actif. De son passé "non artistique", elle a gardé une dilection pour le réel, "tiré de faits réels", avec, notamment Bowling (2012), Les Héritiers (2014) et, maintenant, Divertimento, où les 3 personnages principaux sont inspirés de personnes réelles, qui s’avère finalement être un biopic de la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani.

L’histoire est édifiante de ces deux sœurs jumelles algériennes, lycéennes du 9-3, entre Pantin et Stains, saisies par la musique, la grande, grâce à un père mélomane passionné. Fettouma (Lina El Arabi) est violoncelliste, et Zahia (Oulaya Amamra) est altiste mais rêve devenir cheffe d’orchestre, ce qui est une toute autre affaire. Alors que les deux sœurs intègrent le lycée Racine, dans le 8e arrondissement, qui offre un cursus de musique, elles vont être toutes deux confrontées à une lutte de classe insidieuse - "Ça existe la musique classique en Seine Saint-Denis ?", lui dit un élève bourgeois et concurrent -, et pour Zahia c’est la double peine - "Chef d’orchestre, c’est un métier d’homme" lui déclare le grand d’orchestre Sergiu Celibidache (1912-1996) venu faire une visite au lycée, incarné par Niels Arestrup.

Les péripéties s’enchaînent, réussites et revers. Le grand chef, impressionné par sa personnalité et ses prouesses, accepte de la prendre comme élève. Elle tient le coup face à la fatigue des déplacements dûs à l’éloignement de sa ville. Elle crée son propre orchestre - "Divertimento", c’est son nom - composé avec des camarades du lycée Racine et de sa banlieue. Elle obtient même le soutien de son maire. Mais son rival l’emporte dans un concours auquel elle tenait.

C’est un succes story. Zahia, à force de travail et d’obstination, après avoir sombré dans la déprime et avoir été tentée de renoncer, finit par surmonter les épreuves et par s’imposer, reconnue et aimée, pas tout à fait comme elle l’imaginait. Mais elle a désormais la vie devant elle.

Au départ, le projet était de traiter de la musique classique dans les banlieues de Paris. Et puis Marie-Castille Mention-Schaar, toujours journaliste dans l’âme, a rencontré les deux sœurs, et réécrit le scénario plusieurs fois, plus proche de la vraie histoire. La musique, très présente, y est tout de même restée le vrai sujet. Saint Saëns, Schubert, Prokoviev, et "donc, forcément, le Boléro de Ravel", comme le dit la cinéaste. Bon. Si elle le dit. On n’est pas toujours épaté par les feelgood movies.

Sol O’Brien
Jeune Cinéma en ligne directe

Divertimento. Réal : Marie-Castille Mention-Schaar ; sc : M.C.M.S. & Clara Bourreau ; ph : Naomi Amarger ; mont : Benoît Quinon ; mu : Élise Luguern ; déc : Gwendal Bescond ; cost : Caroline Spieth. Int : Oulaya Amamra, Lina El Arabi, Niels Arestrup, Zinedine Soualem, Nadia Kaci, Laurent Cirade, Jonas Ben Ahmed (France, 2022, 112 mn).