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Bob Dylan, multiforme ?
par Denis Feignier
publié le jeudi 23 janvier 2025

par Denis Feignier
Jeune Cinéma en ligne directe


 


C’est l’histoire d’un personnage qui, à vingt ans, déclarait froidement : "Oh my name, it is nothing, and my age, it means less" (1). Son nom, ça n’est rien, et son âge, encore moins. Troublant début...


 


 

À présent, en 2023, il a 82 ans, une œuvre considérable, poétique, musicale et graphique, un catalogue officiel de près de 600 chansons (2), plus de 125 millions de disques vendus. Il est traduit dans toutes les langues, y compris le farsi et le chinois et même le basque. Il donne une centaine de concerts par an, et il a reçu le Prix Nobel de littérature. Et pourtant, on entend parfois demander : "Bob Dylan ? Il est encore vivant ?" Et nombre de commentateurs mal informés - ou peu avisés - continuent de préciser doctement que le plus important de son œuvre date des années 1960, alors que depuis longtemps, les amateurs peuvent chaque année s’offrir une ou deux nouveautés de Bob Dylan, sans compter les publications clandestines (les bootlegs)... Les derniers opus, les deux albums Rough & Rowdy Ways (2020) et Shadow Kingdom (2023), et le livre Philosophy of Modern Song, (Simon & Schuster, 2022) non seulement ne déparent pas l’ensemble, mais plutôt en confirment la qualité. Bob Dylan est plus vivant que jamais. Il mérite qu’on le dise. L’Académie de Mâcon a bien raison d’organiser cette réunion (*).


 


 

À cette fin, je me propose de tenter une ébauche de portrait en trois étapes : Les images multiples de Bob Dylan ; Bob Dylan et les Muses ; Bob Dylan et la France.


 

 

I – Bob Dylan contains multitudes

 

Une plaisanterie classique parmi les amateurs consiste à demander : Si vous étiez Bob Dylan, lequel seriez-vous ? Au festival des Vieilles Charrues, en Bretagne, un couple d’agriculteurs attendait avec impatience la grande vedette. Quel était le Bob Dylan qu’ils venaient voir ? Quel est le Bob Dylan dont vous-mêmes venez entendre parler ? Les images en sont multiples ; elles paraissent se suivre, mais plutôt se superposent, comme un palimpseste ; chacune, à sa manière, concourt à sa notoriété.


 

Tout commence à New-York, en 1961, où un jeune folkeux venu de la province, admirateur de Woody Guthrie, se fait rapidement connaître dans les clubs ; il écoute, observe, et invente. Il joue de la guitare acoustique et de l’harmonica. Il tente de traiter de sujets contemporains. Sa chanson "Blowin’ in the wind" le fait largement connaître. Suivent "Masters of War", "A Hard rain a gonna fall", "The Times They are A-Changing". Un article du critique Robert Shelton le hisse au rang de protest singer reconnu. Après Suze Rotolo, il se lie avec Joan Baez... "Don’t Think Twice, It’s Allright". Il écrit des chansons d’amour, mais on veut en faire, à toutes forces, le porte-parole (politique) de sa génération. Toute sa vie, il s’en défendra.


 


 


 

En 1965, "Bob Dylan goes electric !" Dandy électrique et poète rimbaldien, il publie coup sur coup deux albums emblématiques, Bringing it all back Home et Highway 61 Revisited. Ses images et son style stupéfient ; "Mr Tambourine Man", "Like A Rolling Stone" font le tour du monde. Les Beatles l’admirent. Bob Dylan commercial ? Le monde du folk se croit trahi. On lui crie : "Judas !". Il persiste : en 1966, une légendaire tournée de concerts aux États-Unis, en Australie, en Europe confirment à la fois l’incompréhension des uns et l’élargissement de son audience, multipliée par le succès de Blonde On Blonde (1966). Il est épuisé ; il a un accident de moto ; il arrête tout.


 


 


 

1966-1973. Suit une période d’apparente tranquillité. Bob Dylan, père de famille paisible et campagnard à Woodstock, se ressource avec son groupe dans une cave en mêlant classiques du Great American Songbook et compositions nouvelles. En témoigneront les Basement Tapes (1975), puis quelques disques à l’agréable tonalité country, comme Nashville Skyline (1969. Bob Dylan a toujours apprécié Hank Williams. "Lay Lady Lay" rencontre un vif succès. Certains pensent cependant qu’il a perdu le feu sacré. Il n’en est rien.


 

En 1973, il joue le personnage d’Alias dans Pat Garrett & Billy The Kid de Sam Peckinpah, grand western dont il compose la musique. Puis en 1974, il reprend la route ; mémorable série de concerts ... énergiques ; suivie de graves complications familiales.


 


 


 

Il en fait Blood On The Tracks (1975), disque d’une rare intensité émotionnelle et musicale. Puis il imagine une sorte de déambulation musicale où une bande de musiciens est supposée parcourir le pays en donnant le soir des concerts presque impromptus. C’est une idée de génie, mais si la tournée "Rolling Thunder Review" à l’automne 1975 est un succès ("Hurricane", "Isis"), le projet tourne court et s’interrompt en 1976. Bob Dylan divorce. Il fera en 1978 une tournée mondiale, menant cette fois un big band en mode Las Vegas. C’est inattendu, réussi, et relance certainement sa notoriété. S’ensuit une période un peu déconcertante. En 1979-1981, il se présente comme une sorte de prédicateur néo-chrétien, annonçant l’Apocalypse. Les concerts, au demeurant, sont musicalement plutôt bons. Il en reste la chanson "Gotta Serve Somebody", toujours interprétée en 2023. Entre 1983 et 1988, il va accompagner ou tenter de se joindre à des groupes : Tom Petty & The Heartbreakers, ou le Grateful Dead, avec un succès mitigé.


 

1988. Il retrouve le goût de jouer, publie l’excellent Oh Mercy, et commence avec un petit groupe compact une tournée qui sera vite baptisée "The Never Ending Tour", la tournée sans fin. À raison de plus d’une centaine de concerts par an, et ponctuée par plusieurs disques de haute volée Time out Of Mind (1997), Tempest (2012), et la publication de mémoires, Chronicles, volume 1 (Simon & Schuster, 2004), cette tournée aura confirmé le statut de l’artiste. Elle ne sera interrompue qu’en 2020, par le confinement.


 


 

En 2020, Bob Dylan, Prix Nobel de littérature en 2016, fait figure de vieux sage shakespearien. Il expose ses dessins à Londres, sa peinture à Rome, des sculptures en France. Il a entrepris, dès 2021, une nouvelle tournée "Rough & Rowdy Ways", du nom de son dernier opus, et continue de faire salle comble.


 


 

Dès 1965, il se bornait à constater que "C’est arrivé" (3). En dépit des malentendus, Bob Dylan bénéficie d’une reconnaissance inaltérable. D’abord de la part du public, le périmètre de l’audience de Bob Dylan n’a cessé d’évoluer, parfois de se rétracter, mais plutôt de s’étendre. "Que tu sais bien, Dylan, à l’aide d’un acteur, émouvoir, étonner, ravir un spectateur", aurait pu dire Boileau... Les concerts se jouent à guichets fermés, les disques se vendent, chaque année de nouvelles parutions entretiennent l’enthousiasme, et les amateurs s’arrachent les enregistrements clandestins.


 

Primus inter pares : pour ses pairs, Bob Dylan est "un contemporain capital". Les Beatles, les Rolling Stones, Neil Young, Leonard Cohen, David Bowie, Allen Ginsberg ..., ces planètes tournent autour de lui - et en conviennent volontiers -, un peu comme les poètes romantiques en usaient avec Lord Byron (4).


 

Le poète, comme le phénomène musical et social, ne pouvaient manquer d’intéresser les universitaires, le professeur sir Christopher Ricks le premier. Ancien professeur de poésie à Oxford, pionnier des études dylaniennes, il a été chargé de l’édition scientifique des Lyrics, en 2014 (5). Depuis, il a été rejoint par nombre d’experts, dont certains sont excellents aussi, et qui pourront tirer parti du Centre d’archives récemment ouvert à l’Université de Tulsa (6).


 


 


 


 

Plus inattendu, peut-être, sera l’intérêt que lui porte la Cour Suprême des États-Unis. Deux études savantes (7) témoignent de l’usage de formules dylaniennes, qui intéressent les Juges suprêmes parce qu’il écrit bien et qu’il sait raconter une histoire, pour convaincre. Le poète, comme le juge fait usage d’images, de métaphores et ses phrases lapidaires sont faciles à retenir. À l’entendre, l’auditeur recherche instinctivement le message. D’où le recours à telle ou telle citation dylanienne pour résumer, ou éclairer un jugement, comme le feront John Roberts en 2008, Antonin Scalia en 2010, et d’autres depuis.


 

Les pouvoirs publics ne s’y sont pas trompés non plus. Pour avoir contribué au rayonnement des arts et des lettres à travers le monde, Bob Dylan a été fait commandeur des Arts et des Lettres dès 1990 par le ministre français de la Culture, Jack Lang, ouvrant la voie à une moisson de récompenses attribuées par la Norvège, l’Espagne, et allant jusqu’à la Medal of Freedom, décernée par le Président des États-Unis en 2015. Et, comme pour parachever l’édifice, l’Académie Nobel lui a attribué, en 2016, le Prix Nobel de littérature, pour avoir créé un nouveau mode d’expression poétique au sein de la grande tradition américaine (8). Sans les avoir sollicitées, Bob Dylan n’accueille pas mal cette pluie de récompenses (9). Mais cela ne répond pas à la question : "Mr Dylan, de quoi parlent vos chansons ?" (10). En quoi sont-elles importantes ? Pourquoi ce succès ?


 

 

II- Mother of Muses, sing for me !

 

Bob Dylan compose des œuvres d’une beauté supérieure. Mais d’où vient son inspiration, comment fait-il, comment transmet-il ? Comment aller chercher le principe actif de Bob Dylan ? demandait Yves Bigot. L’intéressé s’en est régulièrement expliqué, dans le cadre d’interviews, dans ses mémoires, Chronicles (2005), au cours de son émission de radio - encyclopédique et jubilatoire - Theme Time Radio Hour (11), de 2006 à 2009 (TTRH), et encore tout récemment dans Philosophy of Modern Song (12). Le concert prime : "Je fais des chansons, si nécessaire ; si celles dont j’ai besoin existent, je les utilise ; sinon, j’invente" (13), et il écrit pour les gens ordinaires, le public le plus large (14).


 

Essentiellement, il s’agit de raconter une histoire, et d’impliquer l’auditeur. Pratiquement, Bob Dylan pourrait faire sienne l’heureuse formule du pâtissier Pierre Hermé, qui "prend appui sur la tradition pour la conduire ailleurs" (15). L’œuvre de Bob Dylan s’appuie sur une culture encyclopédique, nourrie, comme l’a dit Sean Wilentz, par une gargantuesque curiosité. Pour lui, "Ancient footsteps are eveywhere" (16), les traces du passé sont partout. Il a connu Rome très jeune ; toute sa vie, il a beaucoup lu, observé, et retenu, et il a su faire fond de la multiplicité des influences reçues. Son œuvre - et son sentiment tragique de la vie - se fondent ainsi, d’abord, sur une connaissance approfondie de l’histoire musicale américaine. Pour ses contemporains ébahis, Bob Dylan, consommateur boulimique de radio, de disques et de cinéma absorbait comme "une éponge et demie" tout ce qu’il pouvait entendre et voir. Les leçons s’en retrouveront dans les Basement Tapes en 1967, les innombrables jouées en concert ... jusqu’aux 5 disques de reprises de classiques publiés depuis 2013, qui culminent avec Triplicate, (2017) sous l’ombre de Franck Sinatra.


 

De même, et de tous temps, il a pratiqué les poètes. Homère, Virgile, Dante, Villon, Shakespeare, Robert Burns, Byron - qui lui a appris comment composer les structures longues - Verlaine, Rimbaud, et ses contemporains Allen Ginsberg, Lawrence Ferlinghetti... Ils sont partout. La critique universitaire se charge d’en relever les traces dans l’œuvre (17). Enfin, Bob Dylan est ancré dans l’histoire. "La dimension du temps m’a toujours obsédé" (18). Dans Chronicles, il insiste sur l’importance qu’auront eu sur sa formation sa découverte de Thucydide, et ses lectures sur la Guerre de Sécession. Dans le film de Sam Peckinpah, au bandit repenti devenu le sheriff Garrett, qui pense que"les temps ont changé", Billy the Kid répond : "Les temps, peut-être ; pas moi" (19). Bob Dylan a conscience d’avoir personnellement connu des temps à présent révolus : il a connu les grands anciens. "They weren’t there to see the end of the traditional people. But I was" (20). C’est sans doute pourquoi, comme Lord Byron en son temps, il s’est toujours défendu d’être un "porte-parole de sa génération", se présentant plutôt comme le témoin de la fin d’une époque (21).


 

Bob Dylan a-t-il été le "porte-parole de sa génération" ? Certainement pas. Moins cryptique qu’on a bien voulu le dire, il va son chemin. "Je ne me considère pas comme en dehors de quoi que ce soit, mais comme à côté" (22). Ce qu’il apporté à la musique, pas seulement américaine, c’est le soin apporté au texte. Est-ce autobiographique ? Oui et non (23). "There’s myself, and there’s my song" (24). Il parle de l’Amérique et des Américains. Plutôt de l’Amérique moderne, au sens des "Temps Modernes" de Chaplin, de Picasso et de Hollywood (25). Et de chacun d’entre nous. À cette fin, il écrit des chansons froides et lucides. "Ces chansons-là sont froides, elles voient clair, elles sont réalistes et directes, et ont une foi dans la vie ordinaire, tout comme les premiers rock’n’rolls" (26). Comme Vaugelas tenait à distinguer la pureté du langage et la netteté de l’expression (27), Bob Dylan attache à la forme et à la construction une importance stratégique. "Ce qui fait la force de mes chansons, et qu’elles sont encore chantées, c’est qu’elles reposent sur des fondations" (28). Les ingrédients en sont, bien souvent, l’humour, l’ironie, la satire. Ensuite, il faut savoir adapter le style à l’histoire racontée et, plus encore, captiver l’attention de l’auditeur en laissant ouvertes les possibilités d’interprétation (29). S’il chante "Tout va bien, n’y pense plus", est-ce vraiment le cas ? Cette chanson triste ne raconte-t-elle pas autre chose ? Ou encore "Most of the Time" ; la plupart du temps, tout va bien. Mais qu’en est-il le reste du temps ? Enfin, il est impératif de savoir entrelacer paroles et mélodie. "Parfois, vous n’avez pas besoin de comprendre chaque mot pour saisir le sens d’une chanson" (30). Le processus de création ne s’arrête pas à la rédaction, ni même à l’enregistrement. D’abord, le passage en studio réserve bien des surprises : réécriture, compléments, corrections, comme l’a fort bien montré la remarquable reconstitution de l’enregistrement de "Like A Rolling Stone", Comme une pierre qui ... (31) à la Comédie-Française, en 2015.


 

En concert, rien n’est absolument définitif. Outre les arrangements qui varient selon les années, le choix de versions acoustiques, ou électriques, il faut compter avec des variations de rythme, de tempo, d’accentuation ; ou même inversion(s) de pronoms personnels (il vs elle), changement d’adjectifs voire d’accessoires (selon les jours, l’hôtel étrange sera renovated ou small, ou cheap, ou encore le saxophone pourra devenir une clarinette, etc. Paul Williams a pu écrire trois pages sur les prononciations du mot cup dans "Simple Twist of Fate" (32), mais l’ensemble reste soigneusement construit (33). En tout état de cause, l’artiste garde, partout et jusqu’au bout, la maîtrise de son processus de création. "Si j’avais écouté les conseils de certains experts, je serais peut-être devenu célèbre", déclare-t-il, peut-être en réponse sardonique à telle déclaration de Clinton Heylin. Le corollaire, c’est l’intérêt capital de pouvoir suivre l’évolution du processus de création, et comparer les versions préparatoires, intermédiaires, alternatives ...


 

D’où l’intérêt et la valeur des bootlegs, enregistrements non-officiels, documentation critique d’une exceptionnelle richesse, qui constitue à présent un pan indispensable de l’approche esthétique de l’œuvre. À ce point, il ne s’agit plus seulement d’une boulimie de collectionneurs compulsifs, mais d’une véritable démarche patrimoniale, récemment sanctionnée par la constitution et l’ouverture au public d’un centre universitaire de documentation qui réunit à Tulsa (Oklahoma) manuscrits, archives, documents et enregistrements. Bob Dylan a fini par se prendre lui-même au jeu en publiant assez régulièrement depuis 1991 des ... "Bootleg Series" qui enrichissent l’histoire de l’œuvre. C’est ainsi que la belle édition de Christopher Ricks ne pourra jamais être vraiment complète ... Cela en fait-il de la littérature ? Ou bien : la chanson est-elle un genre mineur, indigne d’un écrivain ? Le débat n’est pas nouveau. Le succès immense des chansons de Béranger au 19e siècle ne lui avait pas ouvert le chemin des honneurs littéraires, à la grande déception de Delacroix (34). Depuis, les commentateurs ont appris à rappeler que, au début étaient Homère et le chant, Shakespeare et la scène (35). Au cours d’une de ses émissions de radio, Bob Dylan, à propos d’un poème de l’Écossais Robert Burns, interroge le poète John C. Reilly. Celui-ci répond : "Préférez-vous que je le récite, ou que je le chante ? Le chanter ? Oui, c’est ainsi que l’on faisait, quand les gens ne savaient pas trop lire, on donnait une mélodie aux poèmes, pour qu’ils puissent les retenir" (36). L’Académie Nobel opine : "Dans un passé lointain toute la poésie était chantée ou déclamée avec vibrance, les poètes étaient des rhapsodes, des bardes, des troubadours, le mot lyrisme est dérivé de la lyre". Elle confirme qu’à un certain niveau de qualité, il n’y a pour elle plus de genre mineur : "Chamfort fait la remarque que lorsqu’un maître comme La Fontaine se montre, la hiérarchie des genres, la conception de ce qui est grand et petit, élevé et bas en littérature, ne jouent aucun rôle. ”Qu’importe en effet de quel ordre soient les ouvrages, quand ils offrent des beautés du premier ordre ?", note-t-il. C’est la simple réponse à la question : Comment Bob Dylan est-il entré dans la littérature ? "Parce que la beauté de ses chansons est de premier ordre" (37). Et l’académicien Horace Engdahl, rapporteur du dossier Dylan, de conclure : "Si certains bougonnent dans le monde littéraire, on doit leur rappeler que les dieux n’écrivent pas, ils dansent et chantent".


 

Aussi bien, qu’est-ce qu’un concert de Bob Dylan ? Il ne ressemble jamais à ce que l’on attendait. "Certains sont bizarres, d’autres dingues", disait le regretté critique, feu John Bauldie (38). Le format a changé avec le temps. D’abord seul avec une guitare et un harmonica, puis secondé par un groupe de rock, une troupe bigarrée de gypsies, un big band en mode Las Vegas avec choristes, un groupe punk, un combo, Bob Dylan joue depuis quelques années presque exclusivement du piano, accompagné par quatre musiciens sobres et efficaces. Les set-lists sont moins variées qu’elles le furent. D’une manière générale, Bob Dylan ne parle pas au public. Il est là pour chanter. La voix aussi a évolué. Elle a été aigüe, nasillarde, chaleureuse, croassante, même si la formule de David Bowie reste vraie : "une voix de sable et de colle". On se souvient qu’en enregistrant Modern Times, en 2006, Bob Dylan pensait à la voix de Louis Armstrong et à son grain sablé... En 1978, il disait rechercher pour son groupe "a thin, wild mercury sound". Une donnée reste constante : il joue pour l’homme de la rue, celui pour qui entendre "Blowin in the Wind" en concert sera une expérience unique. Mais Bob Dylan sait aussi à quel point les amateurs seront sensibles au choix d’une rareté, sur requête, ou par fantaisie du maître (39). Enfin, si, en privé, Mr Dylan est douloureusement timide (40), en concert la prise de risque est maximum. Une expérience pour les musiciens, toujours sur le qui-vive, qui doivent suivre un leader parfois imprévisible, et toujours exigeant : "Ce soir, vous jouez pareil, mais différemment" (41). "I played Beethoven Sonatas, and I paint nudes" (42).


 


 


 

L’œuvre graphique de Bob Dylan n’aurait sans doute pas suffi à elle seule à assurer sa notoriété. Elle est cependant indissociable de l’ensemble. Des dessins publiés dans Writing and drawings, (Alfred A. Knopf, Inc., 1972), à l’importante exposition Retrospectrum, présentée à Miami en 2022, puis à Rome en 2023, en passant par le recueil Drawn Blank (1995) et les expositions à Londres - National Portrait Gallery en 2013, Halcyon Gallery... -, jusqu’aux témoignages spectaculaires de son activité de ferronnier et sculpteur, Bob Dylan ne manque pas de dire qu’ils constituent "une sorte d’arc qui réunit tout" (43).


 

Nous avons évoqué la radio. Le cinéma, et la publicité s’inscrivent également dans ce cadre. De tous temps, Bob Dylan aura été fasciné par le cinéma, que ce soit comme sujet de film - Don’t look back (1965) et Eat the Document (1966) de D.A. Pennebaker ; No Direction Home de Martin Scorsese (2005), comme acteur - Pat Garrett & Billy The Kid de Sam Peckinpah (1973), ou comme réalisateur : Renaldo & Clara (1975-1978), Masked & Anonymous (2003) ...


 

Tous ces films portent clairement la patte dylanienne. C’est encore plus vrai des publicités (horresco referens !) auxquelles il s’est prêté. Qu‘il s’agisse de sous-vêtements féminins (Victoria Secret), de voitures américaines, de whiskeys ou du robot Watson d’IBM, ces vidéos sont aussi merveilleusement dylaniennes que peuvent l’être bien des chansons emblématiques (44).


 

 

III - Vive la France !

 

La fascination de Bob Dylan pour la France est ancienne (45), et durable. Quelques mois après avoir été fait commandeur des Arts et des Lettres par Jack Lang, ministre de la Culture, il déclarait à un journaliste australien qu’il avait immédiatement compris qu’il s’agissait de quelque chose d’important, "quand on sait l’influence française sur tout ce que j’ai fait" (46).


 


 

Il n’est guère besoin de chercher très loin pour en trouver les signes. Parmi les sommets de la mythologie dylanienne figurent au moins Paris, Notre-Dame, Le Louvre, Brigitte Bardot à qui il consacrera sa première chanson, Charles Aznavour qu’il a très tôt entendu en concert, et Napoléon très présent dans son œuvre, et dont il dessinera même un portrait (47).


 

En termes d’influence littéraire, François Villon (prononcer Vilonn’), Verlaine & Rimbaud, Alexandre Dumas. musicalement, c’est Hughes Aufray qui l’initiera à la musique espagnole, et c’est au cours d’un séjour aux Saintes-Marie de la Mer, en 1975, qu’il rencontrera le Roi des Gitans, et découvrira la musique tzigane (48). Il aurait aimé faire un disque de chansons de Édith Piaf. Il cite volontiers Charles Trénet - "La Mer", "Que reste-t-il de nos amours ?". Ou Jacques Brel - "Ne me quitte pas". Ou Albert Simonin, Sacha Distel, et même Claude François, - "Comme d’habitude". Mieux encore, il interprétera Gilbert Bécaud ("Let it be me") ; Charles Aznavour ("The Times We’ve Known") ; Jacques Prévert-Yves Montand ("Les Feuilles mortes")... Enfin, l’on sait que le Mime Marceau, et Les Visiteurs du Soir de Marcel Carné (1942) ont directement influencé la mise en scène de la "Rolling Thunder Review" de 1975.


 

Aussi bien, directement, ou indirectement, la France est-elle bien présente dans l’œuvre dylanienne. Elle lui a dûment rendu cette affection. Parmi les premiers admirateurs de Bob Dylan, à New-York au tout début des années 1960, on trouve deux Français : Hughes Aufray, son aîné de quelques années, qui fera figure de découvreur et de précurseur (49), et le professeur de médecine Jacques Ruffié, alors à New-York, qui accueillera de temps en temps chez lui un petit Bob, parfois affamé, et lui gardera une vive amitié (50).


 

En dépit de l’obstacle linguistique, la France s’intéresse à un personnage qui ne manque pas de dérouter le public. Le concert qu’il donne à l’Olympia, le 24 mai 1966, suscitera des réactions diverses, mais dont aucune ne sera indifférente. L’interview de François Jouffa pour Europe 1, les articles de Paris Match et Combat témoignent de cette curiosité, comme les insolites pochettes françaises de ses disques, au caractère presque pédagogique, avec traduction ou résumés des paroles. De fait, la France va, au cours des années suivantes, réserver à Bob Dylan un traitement de choix. En 1976, les éditions Seghers publient la première édition bilingue de Writings and Drawings, traduits par Didier Louit & Robert Pemerle.


 

En 1977, il aurait, dit-on, assisté à l’inauguration du centre Pompidou (1977), accompagné de Dotson Rader et Robert Rauschenberg (51). Les 5 concerts donnés à la Villette, en juillet 1978, sont un triomphe. La première étude de type académique consacrée aux enregistrements non officiels de Bob Dylan, The Great White Answers, en 1980, est l’œuvre d’un auteur français (52), comme Hypnotist Collectors (1989), bible des amateurs de 45 t/m. Rien d’étonnant alors à ce que le ministre de la Culture lui propose de le nommer Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres, ce qu’il acceptera sans hésiter, à la surprise de certains. Il en recevra les insignes le 30 janvier 1990, au cours d’une réception fortement médiatisée, sertie entre quelques concerts inoubliables au Grand Rex.


 

"Vive la France !" redira-t-il. Une importante exposition à la Cité de la Musique en 2012, aurait achevé de confirmer son statut si la ministre de la Culture n’avait, en 2013, surenchéri en lui attribuant la Légion d’Honneur. Cela ne manqua pas de susciter, outre une petite polémique, une réaction inespérée du général Georgelin, Grand Maître de l’Ordre qui, au départ hostile à cette proposition finira, après étude du dossier, par reconnaître que Bob Dylan était intéressant (53). La Comédie-Française l’a pensé aussi, qui lui a consacré une pièce, jouée deux années de suite (54). Enfin, cette énumération serait gravement incomplète si je ne mentionnais pas l’agréable surprise de trouver Bob Dylan inscrit au programme de classes de seconde au Lycée Lamartine, à Mâcon, en 2023.


 

Le lien entre Bob Dylan et la France est bien d’une qualité particulière. Au demeurant, les enregistrements de ses concerts français sont parmi les plus recherchés des collectionneurs. "I’ll be your Bébé, ce soir". Ce n’est pas par hasard. Ses concerts de juin 2023 à Lyon, furent d’anthologie. Parvenu au faîte des honneurs, Bob Dylan allait-il s’arrêter ? Il n’en a rien fait. "Murder Most Foul", long et intense chant funèbre sur la mort du président Kennedy, diffusé en plein confinement (mars 2020), nous a rassurés. L’album Rough and Rowdy Ways, publié quelques semaines plus tard, l’a confirmé. S’il lui est arrivé, par moments, de douter de son inspiration, Bob Dylan, à l’évidence, a encore beaucoup à dire. "Comme Shakespeare, je dois trop souvent me consacrer aux enjeux de création et faire avec tous les aspects de la vie en société" ; "Quels sont les musiciens qui joueront le mieux ces morceaux ?" ; "Ai-je choisi le studio d’enregistrement le plus approprié ?" ; "Est-ce la bonne clef ?". "Certaines choses ne changent pas, même en 400 ans". Jamais je n’ai eu le temps de me demander si mes chansons sont de la ’littérature’. [...] C’est pourquoi je remercie vraiment l’Académie suédoise d’avoir pris le temps de se poser elle-même la question, et plus encore pour sa merveilleuse réponse" (55).

Denis Feignier
Jeune Cinéma en ligne directe

* Conférence de Denis Feignier à l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Mâcon, le 21 septembre 2023, publiée dans les Annales de l’Académie.

NOTES

1. Dylan : "With God on Our Side", 1963.

2. Catalogue vendu à Universal en 2020 pour, dit-on, 300 millions de dollars.

3. Bob Dylan, San Francisco, 1965.

4. Denis Feignier, Lord Byron goes electric. Lord Byron & Bob Dylan, reluctant voices of their generations, International Byron Conference, Paris, La Sorbonne, 2006.

5. Bob Dylan, The Lyrics : Since 1962 New-York, Simon & Schuster, 2014.

6. Bob Dylan Center. 116 E Mathew Brady St, Tulsa, OK 74103, États-Unis.

7. Alex B. Long, The Freewheelin’ Judiciary : A Bob Dylan Anthology, Fordham Urban Law Journal. Vol.38, Issue 5, 2010. Ainsi que Michael L. Perlin, Tangled up in Law. The Jurisprudence of Bob Dylan, New-York Law School, Fordham Urban Law Journal.

8. "[...] for having created new poetic expressions within the great American song tradition."

9. Denis Feignier, "There is no succes like failure, and failure is no succes at all", Bob Dylan and official Awards. In Grafe & aliquii : 21st Century Dylan, Late & Timely. Bloomsbury, 2020.

10. Nat Hentoff, "Mr Dylan, what are your songs about ?", Playboy, 1966.

11. Damon Krukovski, Artforum, Nov. 2006 : "Once a week, he draws on his wide and deep knowledge of American pop music for a show based around a theme such as weather, mothers, drinking, baseball, coffee. He introduces and comments on every track he plays, and he frequently quotes a line or two from the lyrics, which makes the fragment suddenly sound like a Dylan song. Is it because of his wry rasp that these words sound like his own ? Or maybe we are witnessing the sponge and a half in action : He might well be soaking up new material before our ears, collecting words and phrases and rhymes that will later reappear in his own music", Theme Time Radio Hour (2006-2009).

12. Alessandro Carrera, 2022 : "Chanson moderne ne veut pas dire chanson contemporaine. Cela signifie chanson ’moderniste’. C’est-à-dire qu’elle fait partie de ce grand moment esthétique et culturel qui crée l’art et la sensibilité du 20e siècle de 1910 jusqu’au début des années 1980. Du Futurisme au punk, en somme. [...] Les temps modernes sont les années de Charlie Chaplin et James Joyce, de Pablo Picasso et de Hollywood, du design et de l’architecture sinueux de Franck Lloyd Wright et surtout du blues, du jazz et du swing".

13. Repris sous la forme : "It’s as it was written for me, so I didn’t have to write it", in Q & A with Bill Flanagan, March 2017.

14. "These songs are meant for the man on the street, the common man, the everyday person", Flanagan.

15. Pierre Hermé, France Inter, 24 décembre 2023.

16. Dylan : "When I Paint My Masterpiece", 1970.

17. Les colloques et publications académiques se multiplient dans ce domaine.

18. Paola Genone et aliquii : "Dans la peau de Bob Dylan. Entretien", in L’Express, 24 août 2006.

19. Pat Garrett : "It feels like ... times have changed" - Billy the Kid : "Times, maybe ; not me", Sam Peckinpah, Pat Garrett & Billy The Kid (1973).

20. Dylan, à Greil Marcus, en pensant à Doc Boggs, Mississipi John Hurt, Clarence Ashley, Buell Kazee...

21. Jim Salvucci, 2023 : "In all his work, Dylan regularly traffics in humor, irony, and satire - perhaps just for the fun of it. His seeming nostalgia in The Philosophy of Modern Song is one part of the mix. All this old stuff, though, is merely material for Dylan’s next work, be it a song, book, or whatever. Dylan loves the past as it serves and informs his creative future".

22. Nat Hentoff, Playboy, 1966.

23. "C’est très clair et très simple pour moi. Ce ne sont pas des chansons compliquées, du tout. Je sais ce dont elles parlent ! Il n’y a rien de difficile à comprendre pour moi. Je n’écrirais pas une pièce que je ne peux me représenter", KQED San Francisco, 1965.

24. In Hubert Saal interview, Newsweek, Feb. 1968.

25. "J’imagine mes disques comme des films qui parleraient de l’identité américaine. Aux États-Unis, on nous a toujours fait croire que nous étions des inventeurs. Bien sûr, mais souvent l’Amérique oublie que l’on s’invente à partir d’un passé, d’images anciennes...", in L’Express, 24 08 06.

26. "J’avais une bonne idée de ce qu’elles étaient, mais je ne m’étais pas rendu compte à quel point elles touchent à l’essence de la vie : la condition humaine, comment leurs paroles sont parfaitement entrelacées avec leur mélodie, leur pertinence par rapport à la vie de tous les jours, leur détachement du matérialisme". "I had some idea of where they stood, but I hadn’t realized how much of the essence of life is in them – the human condition, how perfectly the lyrics and melodies are intertwined, how relevant to everyday life they are, how non- materialistic", in Flanagan, 2017.

27. Vaugelas : Remarques sur la langue françoise, Ed 1687.

28. Dylan : "My songs, what makes them different is that there’s a foundation to them. That’s why they’re still around, that’s why my songs are still being performed’. (‘Today and tomorrow and yesterday too)", New York Times, 28 September 1997.

29. Gary Browning, in Philosophy Now (August/September 2023) "La philosophie de l’esthétique dylanienne consiste à ne pas se fixer de critères stricts, et à rejeter les sens univoques et les identités définitives". [...] Une bonne chanson doit captiver l’attention en laissant ouvertes diverses possibilités d’interprétation, au moyen d’une narration poreuse dont l’auditeur remplit les vides".

30. "But, sometimes, you don’t have to understand every word to get the meaning", 30 (TTRH 2020 - Whiskey).

31. Greil Marcus, Comme une pierre qui..., adaptation de Marie Remond et Sébastien Pouderoux, au Studio-Théâtre de la Comédie-Française, 2015.

32. Paul Williams, Bob Dylan : Performing Artist : The Middle Years, 1974-1986, Underwood-Miller, 1992.

33. Voir Julie Mansion-Vaquie, Creation and Re-Creation in Dylan’s Performances of Blowin’ in the Wind (1962-2016). In 21st Century Dylan, Bloomsbury, 2020. Dylan : "I’ve heard it said, you’ve probably heard it said, that all the arrangements change night after night. Well, [...] the arrangements don’t change night after night. The rhythmic structures are different, that’s all. You can’t change the arrangements night after night - it’s impossible", cité par N. Rainaud, Figures de Bob Dylan, le mot et le reste (2009).

34. "En littérature, Béranger est-il un moins grand poète pour avoir resserré sa pensée dans les limites étroites de la chanson ?", Eugène Delacroix, Journal, 1822-1863.

35. Sir Christopher Ricks, Horace Engdahl, Richard Thomas (Harvard) & tant d’autres ...Irene Vallejo dans L’infini dans un roseau (p 139).

36. John C. Reilly : "Oh, it’d be my pleasure ! You want me to recite it or sing it ?" - Bob Dylan : "Sing it ?" - John C. Reilly : "Yeah, that’s what they used to do when people didn’t read so much, they gave all the poems melodies so folks could remember them" (TTRH 2020, Whiskey).

37. "Il arrive souvent que quelqu’un prenne une forme simple et méprisée, qui n’appartient pas encore aux belles lettres, et l’amène à se modifier. C’est ainsi que le roman moderne naquit une fois de l’anecdote et de la lettre, que le théâtre des temps modernes surgit de planches posées à même des tonneaux sur une place de marché, que des chansons en langue vulgaire détrônèrent la poésie latine des lettrés, que les fables animalières et les contes sortirent de la chambre des enfants pour accéder au Parnasse grâce à La Fontaine et à Hans Christian Andersen. Chaque fois que quelque chose d’identique arrive, l’idée de ce qu’est la littérature se modifie", Horace Engdahl, 14 décembre 2016 à Paris.

38. John Bauldie, à l’auteur. Dunkerque, 30 juin 1992. "Some are strange ; others are weird".

39. Je dois réitérer ici mes vifs remerciements à Bob Dylan pour m’avoir personnellement gratifié, le 1 février 1990, d’une admirable version de "Visions of Johanna", chef d’œuvre alors peu fréquemment joué.

40. "Mr Dylan is painfully shy", Elliott Mintz à l’auteur, 29 janvier 1990.

41. "Tonight, you’ll play it the same, but different", John Jackson, in The Telegraph, 37- Winter 1990.

42. Bob Dylan, "I contain multitudes", 2020.

43. Bob Dylan, Retrospectrum, 2021.

44. Andy McGown : Dylan does adverts. Surely not ? Surely ?, in 21st Century Dylan. Bloomsbury, 2020.

45. Bob Dylan, à Paris, le 3 juillet 1978 ; le 30 janvier 1990, le 13 novembre 2013, etc.

46. "That was a heavy thing, being giving an award by a French government, especially in the area of creativity, you know, because of the French influence on my own stuff", in Stuart COUPE, 1992. The Cowboy Angel Rides Again, in Sydney Morning Herald, 16 March 1992.

47. Retrospectrum, 2023.

48. Robert Martin, Dix jours avec Bob Dylan, Editions Ptyx. 2018.

49. Robert Schlokoff, The Wanted Man Interview : Hughes Aufray, in The Telegraph, Summer 1991.

50. J. Ruffie à l’auteur, 1991 : "Oh, mon petit Bob ! je l’ai bien connu à New-York".

51. Selon Clinton Heylin, Bob Dylan Day by Day 1941-1995, Schirmer Books, 1996.

52. Dominique Roques, The Great White Answers.

53. Le Monde, août 2023. Notice sur le général Georgelin. 54 Comme une pierre qui ... Voir note 32. Southern Live Oak Productions, 1980. Robert Schlokoff et Jean-Louis Dreau, Hypnotist Collectors, 1990.

53. Le Monde, août 2023. Notice sur le général Georgelin.

54. Comme une pierre qui ... Voir note 32.

55. Bob Dylan, à l’Académie Nobel, 2016 : "[...] like Shakespeare, I too am often occupied with the pursuit of my creative endeavors and dealing with all aspects of life’s mundane matters". "Who are the best musicians for these songs ?" "Am I recording in the right studio ?" "Is this song in the right key ?" "Some things never change, even in 400 years" [...] "Not once have I ever had the time to ask myself", "Are my songs literature ?" "So, I do thank the Swedish Academy, both for taking the time to consider that very question, and, ultimately, for providing such a wonderful answer".



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