Parmi les films non-sélectionnés par le Festival de Cannes 2024, c’est notre médaille d’or : Hiver à Sokcho de Koya Kamura. Ou comment réussir grandement un film avec pas grand-chose, quelques acteurs, quelques décors naturels, une action presque immobile et tout en retenue.

Mais voilà, quand la véracité des personnages et la justesse des sentiments fabriquent un sans-faute dans l’émotion à partir de situations pourtant banales, on s’incline devant une œuvre forte, loin des clichés de cinéastes adoubés.

À l’origine, il y a un roman de Elisa Shua Dusapin, "l’histoire d’une histoire qui n’a pas lieu entre quelqu’un de passage et quelqu’un qui attend". Kerrand, un Français, débarque dans une ville au fin bout septentrional de la Corée, et y côtoie Soo-ha qui travaille dans la pension où il loge.

Tout est dans l’implicite et le lent déroulé de l’évolution des comportements : la douceur attentive de l’héroïne, Bella Kim, la brusquerie de Roschdy Zem, le fait de marcher en équilibre entre des épisodes attendus, de suggérer comment la curiosité et l’intérêt de l’une grandit sans contrepartie chez l’autre (et heureusement, car le film basculerait).

Pour une fois, les 110 minutes semblent trop courtes - mais la durée est parfaitement justifiée. Hiver à Sokcho a été sélectionné par les festivals de San Sebastian et de Toronto.

Lucien Logette
Jeune Cinéma n°431-432, automne 2024

Hiver à Sokcho. Réal : Koya Komura ; sc : K.K. & Stéphane Ly-cuong, d’après le roman de Elisa Shua Dusapin ; ph : Élodie Tahtane ; mont : Antoine Flandre ; mu : Delpjine Malausséna ; déc : Hyein Ki ; cost : Hong Su-hee. Int : Roschdy Zem, Bella Kim, Par My-hyeon (France-Corée, 2024, 104 mn).