par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe
Sélection officielle du Festival du film d’Arras 2024
Sortie le mercredi 29 janvier 2025
Fort de sa devise : "Je ne fais pas de films pour le cinéma ou la télévision, je fais des films !", Jacques Otmezguine en a ainsi réalisé plus d’une vingtaine, dont le polar Prunelles Blues qui ouvre sa carrière en 1986. Sa filmographie est multiple et variée et son dernier film, Le Choix du pianiste, en est un très bon exemple.
Il a en effet choisi un sujet grave qui pose la question (presque) fondamentale : jusqu’où iriez-vous par amour ? C’est en effet ce qui sous-tend la vie de François, fils d’un richissime grand exportateur de whisky entre les deux guerres, qui va devenir un pianiste virtuose, amoureux fou de Rachel, sa professeure de piano. À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, François Touraine, n’a d’autre choix que de partir jouer en Allemagne pour sauver la femme qu’il aime car Rachel est juive, dans une époque qui les extermine...
À son retour en France, il n’est plus que l’ombre de lui-même, puisqu’il aura tout perdu et devra compter sur l’amour d’une autre femme pour rebondir enfin. Avec une esthétique qui évoquent un peu, et c’est sans doute voulu, le roman-photo, le réalisateur réussit à faire passer un message plein de tendresse, d’humanisme et d’un peu de politique. Cette question fondamentale selon laquelle l’homme pourrait se dépasser ou se perdre par amour taraude le film et le spectateur pourra ensuite se poser des questions ou les poser à son entourage, même si certaines situations, ou certains personnages, sont un peu rapidement brossés. Mais ce n’est pas très important, le but du film est atteint puisque Jacques Otmezguine avoue avoir voulu explorer jusqu’où peut aller la résilience humaine. Comment les hommes parviennent-ils à vivre avec l’injustice, la guerre et toutes les formes de violence et de mensonges, représentées ici par la sœur du personnage principal, pianiste ratée mais beau spécimen de collaborationniste.
Ce film assume son dessein, et on peut ne pas insister sur la manière dont l’auteur est parvenu à ses fins, de façon parfois un peu didactique, parfois un peu maladroite, mais tellement sympathique et émouvante, preuve assurément d’une belle âme. Le casting tient la route, surtout les deux personnages principaux, pratiquement de tous les plans, Oscar Lesage et Pia Lagrange. Zoé Adjani campera la deuxième compagne de François, jeune fille pleine de joie de vivre, idéale pour la résilience. On retrouve aussi avec plaisir les chevronnés Philippe Torreton et Laurence Côte, dans le rôle des parents. Quant à Alain Manoukian, il est Paul Paray, le chef d’orchestre, et c’est à Marie Torreton qu’incombe la rude tâche d’incarner à l’écran la sœur de François, monstre d’égoïsme et de méchanceté.
Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe
Le Choix du pianiste. Réal, sc : Jacques Otmezguine ; ph : Lubomir Bakchev ; mont : Constance Alexandre ; mu : Dimitri Naïditch. Int : Oscar Lesage, Pia Lagrange, Zoé Adjani, Philippe Torreton, Laurence Côte, André Manoukian, Marie Torreton (France, 2024, 106 mn).