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Optimistes (les) (2013)
de Gunhild Westhagen Magnor
publié le mardi 28 avril 2015

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Réaliser un documentaire sur une équipe norvégienne de volley-ball féminin dont les équipières ont entre 66 et 98 ans pourrait passer pour une gageure : comment échapper tant au pathos qu’au ridicule ?

Pourtant ce petit film y parvient, en offrant finalement de la vieillesse une image moins convenue que celle que nous renvoient les médias.
D’autant que le film n’est pas construit pour faire l’apologie des mamies sportives, mais se présente en fait comme une métaphore de la volonté et de l’endurance.

Il faut accepter le postulat d’origine : la vieillesse est une chance.


 

Endurant la solitude, le deuil, les douleurs inhérentes à l’âge, etc., ces femmes se montrent exemplaires en se consacrant à leur sport préféré. Il n’empêche que l’ombre de la mort plane tout de même sur le film.

Lorsqu’elles décident de se confronter à une équipe masculine, au départ réticente, elles entrent dans une démarche volontariste : il leur faut trouver des sponsors, frapper à la porte des banques moins enthousiastes qu’elles, et surtout louer un autocar, un hôtel, broder leurs survêtements, etc.
Et surtout se rendre à l’étranger, en Suède, pays voisin, devenu symbole de l’aventure.

Mais ce projet, par son dynamisme, leur donne une force neuve et procure un second souffle au train-train des entraînements.


 

L’une d’entre elles, Eldbjørg, 89 ans, malgré sa difficulté à marcher, suivra le mouvement en abandonnant momentanément ses soucis de déménagement.
Quant à la doyenne, Goro, 98 ans, forte et optimiste, elle vit seule, ne rate aucune balle et est en train de vaincre un cancer.

Même si elles ne remportent pas le match, le film insiste sur la force qui unit les gens lorsque, comme ici, ils se rassemblent pour se surpasser. Si l’on ne devait conserver qu’une seule image de ce film, ce serait celle de Gerd, 81 ans, qui ne se tient plus très droite et se relève péniblement lorsqu’elle doit faire passer le ballon dans le camp adverse, au-dessus d’un filet trop haut pour elle.

La réalisatrice a voulu donner un sens à ce film qui a fait la clôture (et l’événement) du Festival d’Haugesund en Norvège. Elle y voit la représentation de la force de ces personnes qui sont mises, parce non-productives, au ban d’une société avide de profits.

On pourrait aussi se demander, à l’inverse, si son film, malgré ses qualités, ne surfe pas sur l’idée médiatisée de l’éternelle jeunesse.
Son finale en dit long, selon ses propres déclarations : "C’est une illustration du cycle de la vie. Je voulais terminer sur l’été car cette saison remplit les gens d’allégresse et va, là encore, à contre-courant des représentations : on associe plutôt les seniors à l’hiver. Je souhaitais clore mon film sur l’idée que la vie continue."

On aimerait la croire, et être aussi optimistes !

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe (avril 2015)

Les Optimistes (Optimistene). Réal, sc, ph : Gunhild Westhagen Magnor ; mu : Stefan Nilsson ; mont : Robert V. Steng & Robert Stengard (Norvège-Suède, 2013, 90 mn). Documentaire.

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