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When the Light Breaks (2024)
de Rünar Rünarsson
publié le mercredi 19 février 2025

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°430, été 2024

Sélection officielle Un certain regard du Festival de Cannes 2024

Sortie le mercredi 19 février 2025


 


When the Light Breaks, cinquième long métrage du réalisateur islandais Runar Runarsson, présente des jeunes étudiants en art, qui dansent, s’amusent et avalent pas mal de bières. L’un d’entre eux, Diddi, vit avec Klara, mais souhaite la quitter pour Una. La veille de rompre, il meurt dans une explosion de voiture sous un tunnel. Tournée avec un objectif grand angle, l’image change, devient diaphane, la lumière s’allège, s’estompe, volatile. En plans rapprochés, les visages, éclairés par leur lumière intérieure, resplendissent, celui de la troublante Una (Elin Hall) rappelle Jean Seberg, entre fragilité et innocence. Les plans à l’intérieur de l’impressionnante église blanche évoquent le peintre hollandais du 17e siècle Pieter Saenredam et apaisent par leurs espaces vides, blancs, dénués de vitraux et de tableaux, où circule seule la lumière divine.


 


 

La beauté du film réside dans ce vide, cette absence et surtout ce silence qui se reflètent dans les visages, sans doute pour accepter l’autre, le vivant, et se laisser emporter par la compassion. Klara (Katla Njalsdottir) ignore tout de l’amour de Una pour Diddi. Les effusions ne se partagent pas, l’une est dans l’exposition de son chagrin, l’autre dans la retenue. Elles s’apprivoisent peu à peu, une affection nouvelle les lient hors de la peine non révélée. La colère contre la mort éclate parfois en un cri strident, dans une scène de tristesse collective digne du Living Theatre, mais elles discutent et plaisantent sur l’art conceptuel et les performances, pour ancrer leur existence dans un contexte contemporain et vivant.


 


 

Le réalisateur expérimente la superposition lente des deux visages féminins reflétés sur la vitre, pour ne faire plus qu’un seul portrait, saisi en gros plan, image d’un seul amour pour Diddi. Le film est soutenu par la musique de Johann Johannson et la voix de contre-ténor revient comme une prière. Dans cette belle leçon d’amour face à la violence du deuil, les deux femmes retrouvent ensemble les lumières du tunnel qui ont accompagné Diddi vers son destin et celles qui les réunit devant les reflets du soleil sur la mer.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°430, été 2024


When the Light Breaks (Ljosbrot). Réal, sc : Rünar Rünarsson ; ph : Sophia Olsson ; mont : Andri Stein Gudjonsson. Int : Elin Hall, Katla Njalsottir, Agust Wigum, Baldur Einarsson (Islande-Croatie-France-Pays-bas, 2024, 82 mn).



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