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Système Victoria (le) (2024)
de Sylvain Desclous
publié le mercredi 5 mars 2025

par Claudine Castel
Jeune Cinéma n°434-435, mars 2025

Sortie le mercredi 5 mars 2025


 


Sylvain Desclous découvre le roman éponyme de Éric Reinhardt en 2011, alors que son activité à l’époque était d’organiser des séminaires pour de grandes entreprises. Il a vu dans ce récit un écho des discours "vains et faux" sur l’engagement dans l’entreprise, au prix d’objectifs irréalistes. C’est à la demande de l’écrivain qu’il a adapté le roman dans son troisième long métrage, en en remaniant l’intrigue.


 


 


 

David est directeur de travaux chargé de l’édification d’une tour gigantesque dans le quartier de la Défense. Sous pression, face à des délais de construction intenables pour son équipe, il oppose, excédé, un refus aux commanditaires. Ce soir-là, la rencontre fortuite d’une femme, Victoria, surgie de nulle part dans un centre commercial désert, le précipite dans un double engrenage. L’engrenage d’un chantier infernal et celui d’une passion exaltante autant que dévorante.


 


 


 

Victoria est DRH d’une grande société. Séduisante, insaisissable, elle lui prête un intérêt qui balaye ses frustrations professionnelles d’ancien architecte, et comble sa solitude. Ils appartiennent à deux classes sociales antagonistes, où se profile un désir d’ascension sociale, à l’image du couple de son film précédent, en 2022, De grandes espérances (1). Il est clair que Victoria manipule son partenaire, effleuré par le doute un bref moment. Persuadé par elle de terminer le chantier, il devient un manager brutal, usant de discours démagogues envers les ouvriers. Il trahit ainsi son second (par ailleurs son beau-frère) et son équipe.


 


 

Les lumières contrastées et la bande-son soulignent le clivage entre les scènes de chantier et celles des rencontres avec Victoria. Dans l’ambiance feutrée d’hôtels et de bars à lumière tamisée, les jeux de miroirs dénotent le caractère illusoire de leur relation. Le passage éclair de Éric Reinhardt et de François Busnel en arrière-plan, dans des rôles mineurs (le mari et l’amant de Victoria) réjouira leurs fans.


 


 

De quel système Victoria est-elle le nom ? D’un capitalisme international sauvage aux contours flous. Si le rythme soutenu du film tient en haleine, suscitant l’intérêt, on attend néanmoins de Sylvain Desclous un prochain film dans la veine de De grandes espérances.

Claudine Castel
Jeune Cinéma n°434-435, mars 2025

1. "De Grandes espérances", Jeune Cinéma en ligne directe.


Le Système Victoria. Réal : Sylvain Desclous ; sc : S.D., Éric Reinhardt & Laurette Polmanss ; ph : Inès Tabarin ; mont : Isabelle Poudevigne ; mu : Florencia Di Concilio. Int : Jeanne Balibar, Damien Bonnard, Cédric Appietto, Antonia Buresi, Sharif Andoura (France, 2024, 101 mn).



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