par Bernard Nave
Jeune Cinéma n°430, été 2024
Sélection officielle En compétition du Festival de Cannes 2024
Sortie le mercredi 12 mars 2025
Enfin le film sur Naples que Paolo Sorrentino se promettait de faire depuis un certain temps déjà, même si certains de ses films précédents y étaient déjà arrimés. Il aborde sa ville de cœur, où il est né en 1970, dans ce qui la constitue, la mer, lieu de la naissance de son héroïne, accouchée, telle une divinité, dans l’eau aux pieds d’une luxueuse villa et tout de suite baptisée Parthenope par l’aïeul de la famille, en regardant derrière lui la ville baignée de lumière.
Nous sommes en 1958 et très rapidement nous la retrouvons en très belle jeune femme, courtisée de toutes parts, une sorte de grande bellezza, objet de tous les désirs masculins. Qu’elle gère avec plus ou moins de bonheur, parfois jusqu’aux portes du tragique. Cette assez longue partie du film consacrée aux étés à Capri est plutôt convenue et ne permet pas au cinéaste de prendre l’élan que nous attendons. Elle finira par advenir avec la virée nocturne dans les rues de Naples, qui permet de sortir des belles images de la jeunesse dorée pour explorer le côté populaire et plus sombre de Naples. À d’autres moments de faire surgir le baroque religieux autour du miracle de l’ampoule contenant le sang de San Gennaro, saint patron de la ville.
La vie de Parthenope prend une autre tournure à partir du moment où elle entreprend des études d’anthropologie à l’université, sous la direction d’un vieux professeur, interprété par Silvio Orlando, qui la choisit pour lui succéder après sa retraite, lorsqu’elle sera revenue de l’Université de Trente. Entre eux reste en suspens la question "Qu’est-ce que l’anthropologie ?" Le vieux professeur donne finalement sa réponse : "Voir".
Ce qui suit ne se raconte pas. Le Paolo Sorrentino que l’on aime revient dans les séquences les plus originales du film, celles où il se laisse porter par son inspiration fellinienne, où il ose le baroque des personnages et des situations, comme la séquence de "la grande fusion". Et l’apparition de Stefania Sandrelli pour prendre le relais de la jeune Celeste Dalla Porta au moment de la vieillesse est un beau moment d’hommage à la grande actrice et au cinéma italien que nous avons tant aimés.
Bernard Nave
Jeune Cinéma n°430, été 2024
Parthenope. Réal, sc : Paolo Sorrentino ; ph : Dario D’Antonio ; mont : Cristiano Travaglioli ; mu : Lele Martichelli. Int : Celeste Dalla Porta, Gary Oldman, Silvio Orlando, Pepe Lanzetta, Isabella Ferrari, Stefania Sandrelli (Italie-France, 2024, 136 mn).