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Blue Sun Palace (2024)
de Constance Tsang
publié le mercredi 12 mars 2025

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection officielle de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2024

Sortie le mercredi 12 mars 2025


 


Constance Tsang, réalisatrice sino-américaine installée à New York, a réalisé, depuis 2016, quatre courts-métrages, dont le dernier, de 14 minutes, Beau, a été présenté en 2021 dans divers festivals, dont notamment le Brooklyn Film Festival, le Los Angeles Asian Pacific Film Festival et le Melbourne Queer Film Festival, entre autres. Trois ans plus tard, elle réalise son premier long-métrage en hommage à son père décédé lorsqu’elle avait seize ans. Après sa mort, sa mère et elle ont déménagé de Flushing, là où le film se déroule. "À l’époque, je ne savais pas comment gérer le deuil. Je l’ai laissé derrière moi en même temps que notre maison". Le deuil entre par la grande porte aussi dans ce film et va bouleverser le petit salon de massage dans lequel les employées semblaient mener leur petite vie sans scandale, ni souci particuliers, s’échangeant des banalités mais aussi se soutenant mutuellement comme si elles habitaient une même maison.


 


 

Ce qui est étrange avec ce film, où l’on ne voit jamais le ciel, et qui se passe presque entièrement en intérieurs (le salon, les ruelles enfermantes du centre commercial, etc.), c’est qu’on a tout du long l’impression qu’il est tourné en Chine alors qu’il se passe entièrement dans Flushing, un petit quartier du Queens qui compte plus de 70.000 habitants d’origine asiatique. C’est le plus grand Chinatown de New York City. Et c’est en effet une bien belle façon de rendre hommage à ses parents qui sont arrivés en Amérique avec des rêves plein la tête, et qui n’ont pas pu vraiment les réaliser.


 


 

Ce beau film, tendre et élégant, pourrait s’appeler "Lettre aux fantômes", ceux qui nous hantent ou nous accompagnent notre vie durant. La Chine, dont elle et ses parents sont originaires, est omniprésente, par le langage parlé par les protagonistes, les allusions aux traditions populaires, notamment la fête du Jour de l’An, où le malheur s’invitera, avec seulement l’incursion de quelques hommes américains venus pour trouver discrètement du sexe alors que le salon est annoncé dès l’entrée comme "no sex". Le fantasme et le désir masculins sont encore une fois ici présentés, mais de façon tellement anecdotique et presque banale que cela ne leur accorde que plus de force et de présence.


 


 

On ressort de ce film à la fois un peu mélancolique mais empli d’une sorte de vague espoir en la vie et en tout ce qu’elle nous réserve. La qualité de ce film est amplifiée certes par la photo de Norm Li, mais aussi par la présence des actrices incroyablement talentueuses et naturelles que Constance Tsang a choisies. "J’avais vu Wu Ke-Xi dans Nina Wu de Midi Z (2019), et j’avais adoré sa performance dans ce film, elle était tellement intense, féroce et intelligente. Quant à Haipeng Xu, elle m’avait été recommandée par une amie qui avait travaillé avec elle sur un film. J’ai toujours eu une idée assez claire du personnage de Didi, qu’elle interprète ici".

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe


Blue Sun Palace. Réal, sc : Constance Tsang ; ph : Norm Li ; mont : Caitlin Carr ; mu : Sami Jano ; déc : Evaline Wu Huang. Int : Lee Kang Sheng, Ke-Xi Wu, Haipeng Xu (USA, 2024, 117 mn).



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