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Aimer perdre (2024)
de Lenny & Harpo Guit
publié le mercredi 26 mars 2025

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 26 mars 2025


 


Après deux courts métrages, Nathalie vous nique tous (2016) et La Brigade du kiff (2018), et un long métrage, Fils de plouc (2021), présenté au Sundance Festival, les frères Guit remettent le couvert. Comme les Lumière, ils sont deux, ils auraient pu aussi bien être trois, voire quatre comme les Marx Brothers, si leur petite sœur Lulna et leur Club Guitos faisaient encore partie de l’aventure. Lenny (en mémoire sans doute de Lenny Bruce) et Harpo (on devine l’hommage) sont des enfants de la balle. Très jeunes, ils ont été nourris de cinéma grâce à leur père, Graham Guit, auteur du Pacte du silence en 2003, avec Gérard Depardieu, Élodie Bouchez et Carmen Maura, et de Hello Goodbye en 2006 avec le même Depardieu, Fanny Ardant et Manu Payet. C’est sans doute pour cette raison qu’ils ont pu avoir, pour leur nouveau film, Catherine Ringer et Melvil Poupaud.


 

Mais les frères Guit ont décidé une bonne fois pour toutes de faire dans le burlesque, lorgnant vers le trash, un peu, le scato, parfois et le foutraque, tout le temps. Dans Masculin-Féminin (1966), Jean-Luc Godard appelait Jean-Pierre Léaud et Chantal Goya "les enfants de Karl Marx et de Coca-Cola". Aujourd’hui, dans ce film sur la démerde, la poisse et la bohème miséreuse et fantasque, les frères Guit se déclarent "enfants de Harpo Marx et de Tik Tok", tant il est vrai que tout est loufoque.


 


 

Défile devant les yeux du spectateur un monde étrange qui joue, perd, gagne et ne semble pas prendre la vie au sérieux. Catherine Ringer se lance ici dans le cinéma et est plutôt convaincante, dans le rôle d’une colocataire à la famille déjantée et nombreuse, qui héberge une jeune fille étrange, loseuse un peu hermaphrodite, qui ne paie pas son loyer. Celle-ci a l’allure d’un enfant clown qui aurait grandi un peu trop vite et dont les poches sont toujours pleines d’objets volés ou empruntés, un sorte de Harpo féminin, rarissime dans la génération Z. Elle s’appelle Armande Pigeon dans le film, et c’est Maria Cavalier Bazan qui s’y colle, sorte d’Amélie Poulain bruxelloise qui aime les pigeons, les spaghettis et jouer à tout, surtout si c’est pour perdre. Elle joue et gagne avec son amoureux transi, puis elle joue et perd avec Melvil Poupaud, joueur dingue qu’un œil vitreux rend encore plus inquiétant.


 


 

Le film a du rythme laisse peu de temps au spectateur pour respirer : les gags s’enchaînent, on rit beaucoup et on ne s’ennuie pas. Il y a plusieurs moments pendant lesquels on se dit que ce film, ou le prochain s’il est de la même trempe, pourrait devenir référentiel, comme un lointain parent des Marx Brothers. On ne sait pas où les frères ont déniché Maria Cavalier-Bazan mais elle est remarquable, à l’instar de toute la bande des techniciens et du producteur, David Borgeaud (Roue libre production), que l’on félicite de s’être lancé dans une telle aventure.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe


Aimer perdre. Réal, sc : Lenny & Harpo Guit ; ph : Kinan Massarani ; mont : Yankele Tarraschuk ; mu : Simon Hanes. Int : Maria Cavalier-Bazan, Axel Perrin, Micha el Zindel, Catherine Ringer, Melvil Poupaud (France, 2024, 86 mn).



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