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Au pays de nos frères (2024)
de Raha Amirfazli & Alireza Ghasemi
publié le mercredi 2 avril 2025

par Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection officielle du Festival Sundance 2024
Prix de la mise en scène

Sortie le mercredi 19 mars 2025


 


Le film iranien, Au pays de nos frères, est un drame en 3 actes et 3 saisons. Il raconte le destin de sans-papiers afghans réfugiés en Iran pour fuir les Talibans ou les Américains.


 


 

En 2000, une famille afghane, qui espère une vie meilleure chez "leurs amis d’à côté", "la Terre de leurs frères", est confrontée aux vraies institutions iraniennes. L’École est gratuite et protectrice, avec un directeur rassurant. Mohamed est le meilleur élève.


 


 


 

C’est un garçon sympathique qui aide ses camarades moins vifs que lui, à l’usine ou aux études, et spécialement Leila, à apprendre l’anglais. Ils voudraient bien rester ensemble, mais elle est promise à son frère Qasem. L’Armée, elle, est puissante avec un adjudant menaçant. Elle pioche des renforts de main d’œuvre parmi les exilés qui font double journée. Le droit de cuissage peut être compensé par des petites faveurs comme la fourniture d’un vêtement de travail.


 


 

Quand Mohamed est réquisitionné, il ne veut pas en avertir son père, pour ne pas le perturber "puisqu’il ne pourrait rien faire de toute façon".


 


 

En 2010, Leila, bonne à tout faire à l’intérieur, Qasem homme à tout faire à l’extérieur, sont employés par une famille aisée et moderne qui traite leur fils Omid avec sympathie mais les sollicitent en permanence. Quand un jour, ils s’étonnent de l’absence de Qasem (mort dans sa chambre le matin même), Leila essaye de gagner du temps en faisant double travail. Les exilés savent désormais qu’ils risquent l’expulsion à tout instant vers leur hostile pays d’origine. Ils sont dociles et prudents. Le mensonge est une condition de leur survie. Tout le monde est accroché à son portable.


 


 

En 2020, il y a 7 millions de réfugiés afghans en Iran. Le gouvernement accorde enfin sa naturalisation à toute la famille. On essaye de cacher à la mère que c’est un dédommagement pour la perte d’un fils en Syrie. Au cours d’une cérémonie collective, les nouveaux Iraniens prêtent serment : "Je renonce à ma loyauté envers le pays dont j’avais la nationalité jusqu’ici".


 


 

Les deux cinéastes Raha Amirfazli & Aliresa Ghasemi rapellent que les Afghans, parlent la même langue et partagent la même culture que les Iraniens que seule la frontière politique les séparent. Ils disent avoir tous les deux des liens personnels avec des réfugiés afghans en Iran. Ceux-ci ne peuvent pas ouvrir un compte en banque, et, il y a cinq ans, ils ne pouvaient même pas acheter des tickets de métro, parce qu’ils n’avaient pas les mêmes papiers d’identité que les Iraniens. Raha Amirfazli habite à New York et Aliresa Ghasemi à Paris. Ils connaissent le même genre de situation, et disent la difficulté de se sentir être "l’autre".


 


 

Avant ce premier long métrage, chacun d’entre eux avaient réalisé des courts métrages, dont notamment, Lunch Time de Aliresa Ghasemi, sélectionné au Festival de Cannes 2017. Ensemble, en 2021, ils ont réalisé un court métrage, Solar Eclipse, récompensé dans plusieurs festivals. Avec leurs remarquables acteurs non professionnels, ils ont pris des risques. "Nous ne pourrons désormais jamais plus rentrer en Iran", disent-ils.

Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma en ligne directe


Au pays de nos frères (In the Land of Brothers). Réal, sc : Raha Amirfazli & Alireza Ghasemi ; ph : Farshad Mohammadi ; mont : Hayedeh Safiyari ; mu : Frederic Alvarez ; cost : Raha Dadkhah. Int : Hamideh Jafari Bashir Nikzad Mohammad Hosseini Marjan Khaleghi Hajeer Moradi Marjan Ettefaghian Mehran Vosoughi (France-Iran-Pays-Bas, 2024, 95 mn).



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