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Village aux portes du paradis (le) (2024)
de Mo Harawe
publié le mercredi 9 avril 2025

par Bernard Nave
Jeune Cinéma n°430, été 2024

Sélection officielle Un certain regard du Festival de Cannes

Sortie le mercredi 9 avril 2025


 


Un film somalien est une chose tellement rare qu’il suscite inévitablement la curiosité, d’autant plus que le pays fait rarement la Une de l’actualité. Le titre lui-même constitue un paradoxe que l’on a envie de percer, encore plus au vu de la première scène, la télévision qui montre l’attaque d’un drone sur un véhicule roulant sur une route déserte. Cette ouverture constitue le rappel d’un contexte que le réalisateur laisse volontairement dans le hors champ narratif pour se concentrer sur le quotidien de quelques personnages que rien ne prédestine à devenir des héros de fiction.


 


 

Ce que la scène suivante installe avec force contredit le paradis du titre. Une terre sèche, écrasée par le soleil, un homme assisté par un jeune garçon qui creuse ce qui s’avère être une tombe. Même pas un cimetière, une sépulture anonyme, loin de tout. Le choix du réalisateur, Mo Harawe, de tenir une durée quasi contemplative implique le spectateur dans un étirement du temps qui sera la marque de tout le film. Un film qui par ailleurs ne nous submerge pas de dialogues et qui donc repose sur une grande économie de moyens. Ce qui bien sûr ne signifie pas la vacuité du sens.


 


 

Il y a d’abord la famille de Marmade, le père désormais veuf, avec son fils Cigaal qui réussit plutôt bien à l’école du village. À tel point que le père décide de l’envoyer dans un internat dans la ville la plus proche afin de lui assurer une meilleure formation. La séparation n’est pas facile pour Cigaal, d’autant plus que son père oublie de venir le récupérer à la veille des vacances. À ce noyau familial réduit, s’agrège Araweelo, la sœur de Marmade, qui vient de quitter son mari car elle ne peut avoir d’enfant. Couturière, elle arrive avec sa machine à coudre, et il s’avère nécessaire de construire une boutique sommaire, tâche à laquelle participe Cigaal.


 


 

On le voit, Mo Harawe propose une structure familiale insolite, assez différente de celles que le cinéma africain met souvent en scène. Avec une approche qui se détache du misérabilisme pour aborder une esthétique très pure dans son travail sur la couleur, de la terre, de la peau. Ainsi dans la belle séquence où le père propose une sortie à la plage voisine.

Bernard Nave
Jeune Cinéma n°430, été 2024


Le Village aux portes du paradis (The Village Next to Paradise). Réal : Mo Harawe ; sc : M.H., Alexander von Piechowski & Dániel Béres ; ph : Mostafa El Kashef ; mont : Joana Scrinzi. Int : Ahmed Ali Farah, Anab Ahmed Ibrahim, Ahmed Mohamud Saleban (Somalie-France-Autriche-Allemagne, 2024, 133 mn).



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