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Ghostlight (2024)
de Kelly O’Sullivan & Alex Thomson
publié le mercredi 30 avril 2025

par Claudine Castel
Jeune Cinéma n°436, mai 2025

Sélection officielle du Festival du film de Sundance 2024

Sortie le mercredi 30 avril 2025


 


Kelly O’Sullivan et Alex Thompson (en couple au cinéma comme à la ville) ont tourné, avec une dérogation pendant la grève des acteurs d’Hollywood, leur second film (1), sélectionné en ouverture du Festival du film de Sundance, et qui célèbre le pouvoir de rémission du théâtre.


 


 

"What a Beautiful Morning", la chanson fait écho à l’aurore, l’heure où Dan, ouvrier sur un chantier de voirie, part au travail. Il manie le marteau-piqueur dans une rue de Chicago. On le voit fulminer contre les conducteurs et endurer les doléances d’une riveraine (Rita, interprétée par Dolly de Leon) exaspérée par le boucan : "On ne s’entend plus penser".


 


 

En famille, son naturel débonnaire laisse souvent place à la colère, l’énervement. Il est désarmé, comme sa femme, face à Daisy, leur fille, une adolescente éruptive, incontrôlable. Elle évite le renvoi définitif du lycée à condition de suivre une thérapie. Dan, le blue collar préoccupé par les factures, les frais de scolarité, de psychothérapie (sujet qui le laisse dubitatif), se retrouve dans une troupe de théâtre amateur, sollicité par Rita, à qui son désarroi n’a pas échappé.


 


 

Rita a tiré le rideau sur une carrière incertaine d’actrice à Broadway, et redonne sens à sa vie en dirigeant une équipe hétéroclite qu’elle met en scène en s’attaquant à Romeo et Juliette. Dan renoue un dialogue avec Daisy, qui lui expose les enjeux de la pièce et l’initie à la prosodie de Shakespeare. Lecture à la table, exercices de méditation et d’expression corporelle, il se met au diapason de l’aventure collective, encouragé par les autres. Un jeune acteur dans le rôle de Romeo sème la zizanie en réclamant un coordinateur d’intimité et finit par partir furieux parce que Rita n’a pas l’âge de l’héroïne. Les questions sur le travail de l’acteur surviennent, comment tracer une séparation entre ses propres sentiments et ceux du rôle ; là encore, Daisy qui rejoint la troupe, sert de guide à son père.


 


 

Dan, Shanon et leur fille Daisy forment dans la vie une famille de comédiens. La scénariste sème insensiblement les indices qui nous dévoilent pourquoi père et fille déraillent, tandis que la mère assume le deuil du fils, qui les hante. Dans le rôle de Romeo, Dan a la révélation progressive et très adroitement mesurée - comparable à une psychanalyse - de ce qu’il n’a pas voulu voir et dont il rendait responsables les autres. Du théâtre comme art-thérapie.
Ce film indépendant à petit budget, au-delà d’une histoire attachante, met en valeur une communauté sociale dont l’oligarchie au pouvoir n’a cure.

Claudine Castel
Jeune Cinéma n°436, mai 2025


Ghostlight. Réal : Kelly O’Sullivan & Alex Thomson ; sc : Kelly O’Sullivan ; ph : Luke Dyra ; mont : Mike S. Smith ; mu : Quinn Tsan ; déc : Linda Lee ; . Int : Keith Kupferer, Dolly de Leon, Katherin Mallen Kupferer, Tara Mallen (USA, 2024, 115 mn).



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