JEUNE CINÉMA n°361-363, automne 2014
Couverture : ©Amélie & Max.
Quatrième de couverture : Fac similé du numéro 1 de Jeune Cinéma, automne 1964.
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La revue refuse la publicité et ne vit que grâce à ses abonnés.
Jean Delmas prévoyait-il, en septembre 1964, une aventure aussi longue pour Jeune Cinéma, revue qui s’affichait "la plus menue pour le volume, la plus simplette, penseront certains, pour le vocabulaire" ? Non, sans doute.
Il ne songeait pas à une publication qui défierait les années : simplement un instrument pour accompagner le travail mené par la Fédération Jean-Vigo auprès des centaines de ciné-clubs qui peuplaient alors les collèges et lycées.
Développer l’amour du cinéma chez les jeunes, leur offrir l’accès à des films, classiques ou inconnus, engageant un pari sur l’avenir : former des spectateurs conscients. L’horizon était assuré : "Cette revue veut être et demeurer celle d’une fédération de ciné-clubs". Personne n’imaginait que les ciné-clubs vivaient leur âge d’or et que, cinquante ans plus tard, les fédérations encore en activité répertoriées par le CNC se compteraient très exactement sur les doigts de la main.
Jeune Cinéma a résisté à la disparition de son fondateur, en 1979. Il n’était pas question pour Ginette Delmas et Andrée Tournès, ses collaboratrices et complices, de laisser couler un navire aussi solidement gréé. Malgré le tangage, la revue a résisté à la disparition, en 1992, de la Fédération Jean-Vigo, qui l’éditait. Jeune Cinéma avait des amis fidèles, qui se sont unis pour que le voyage continue.
Il n’y a guère d’exemples de survie aussi improbable - vingt-deux ans maintenant que, sans ressources publicitaires, sans subventions autres que le soutien renouvelé de ses lecteurs, la revue persiste à paraître.
Artisanalement, certes, dans sa livrée d’origine noire et blanche, même si elle s’autorise parfois, pour certains numéros importants - et celui-ci est historique - quelques écarts colorés.
L’essentiel était pour nous de demeurer dans la ligne définie par ses fondateurs, pas une ligne pure et dure - il y a belle lurette que les revues esthético-rigides ont mis la clé sous la porte -, simplement de défendre une politique de la "découverte continue".
Position pas si aisée à tenir : il faut s’obstiner à résister, à la mode, aux idées prémâchées, aux emballements programmés, au respect des icônes de saison ; ne faire confiance qu’à son goût, au plaisir de l’exploration sans balises, celle que Jean Delmas proposait dès l’ouverture.
Le sommaire du n° 1 affichait des noms inconnus en 1964 : Jerzy Skolimovski, Milos Forman, Gianfranco De Bosio - il fallait oser.
Au sommaire du n° 361, Pippo Delbono, Fridrik Thor Fridrikson, Ciaran Hinds - pas de quoi rameuter un large public.
Mais si Jeune Cinéma ne le fait pas, qui ?
On aime à citer une phrase du commentaire de Guy Debord (sans doute le plus beau du dernier siècle de cinéma) pour In girum imus nocte et consumimur igni : "On traverse une époque comme on passe la pointe de la Dogana, c’est-à-dire plutôt vite".
Mais combien d’époques avons-nous traversées depuis 1964 ?
Ces cinquante années n’ont pas duré le temps d’un clin d’œil. Elles furent tumultueuses, affairées, héroïques, souvent lourdes, en tout cas, passionnées et passionnantes - mais nous les avons senti s’écouler.
Si des participants de la première heure, Bernard Chardère, René Prédal, sont toujours au fronton, garantissant que Jeune Cinéma n’a pas failli à ses promesses, combien de noms disparus, qui constituent l’histoire de la revue et dont on s’emploiera un jour à décrire l’importance de chacun dans l’aventure commune…
Que l’on nous pardonne cet émoi rétrospectif - les anniversaires d’un tel poids ne sont pas si fréquents et le plaisir d’avoir rejoint le club très fermé des revues cinquantenaires valait bien ce détour. D’autant qu’il n’est pas certain qu’au prochain bilan décennal, les revues encore en version papier soient bien nombreuses. Mais s’il est encore possible de durer sous cette forme devenue obsolète, nul doute que Jeune Cinéma fera partie du lot.
Il y a déjà quelques années que nous l’annoncions, mais c’est chose faite : la revue dispose désormais d’un site. Nous avons fait passer la nouvelle à tous les lecteurs qui nous avaient confié leur adresse électronique. Quant aux autres, il leur suffira de chercher sur la Toile www.jeunecinema.fr pour découvrir la merveilleuse nouveauté.
Mais il ne s’agit pas de remplacer le réel par le virtuel, ni d’installer une vitrine simplement pour figurer sur Internet. C’est l’arrière-boutique qui importe. Le site ne se veut ni un leurre, ni un succédané, mais un complément de la revue. Un endroit pour présenter ses archives, particulièrement riches, mais surtout pour rester en éveil devant l’actualité.
Y apparaîtra, y apparaît déjà, tout ce qui compte, le cinéma, la vie, la vie du cinéma, le cinéma et la vie, sous un éclairage-maison, à peu d’autre pareil : notes quotidiennes, film traité à chaud entre deux numéros, événements, annonces, chaque visite quotidienne apporte quelque chose de neuf.
On peut s’y procurer d’anciens numéros, y consulter la bibliothèque cinéma de la revue, retrouver des textes oubliés. C’est le cadeau d’anniversaire que Jeune Cinéma offre à ses lecteurs.
Nous n’entamons pas un World Tour pour fêter l’événement, mais plusieurs occasions de se réjouir entre amis sont prévues cet automne. Que les lecteurs du Grand Paris notent sur leurs tablettes un rendez-vous déjà fixé : jeudi 11 décembre 2014, Forum des Images, 19h15. Mais d’ici là, d’autres dates et d’autres lieux de rencontre seront précisés sur le site. The show is going on.
Lucien Logette
Jeune Cinéma n°361-362, automne 2014
P.S. La sortie des Nuits d’été de Mario Fanfani, d’abord annoncée le 13 août 2014, a été repoussée au 15 janvier 2015.
Une erreur s’était glissée dans l’article (Jeune Cinéma n°360, p. 94), qu’un lecteur érudit a relevée : la chanson Youkali n’est pas de Bertolt Brecht et Kurt Weill, mais de Roger Fernay & Kurt Weill. Félicitations à André Delobel à qui nous aurions bien offert un ancien numéro s’il n’était abonné depuis le n° 1.
50 ans
* Blondine, par Patrice Allain.
* Fais-moi très mal…, par Pierre Beneyton.
* La Cicatrice intérieure, par Gisèle Breteau Skira.
* Le Meilleur des mondes possibles, par Maja Brick.
* Le Terroriste, par Jean-François Camus.
* Joe Hill, par Gérard Camy.
* Jetons les livres et sortons dans la rue, par Julien Camy.
* London / Robinson dans l’espace, par Jacques Chevallier.
* The Mosquito Coast, par Nicolas Droin.
* L’Odyssée de Charles Lindbergh, par Vincent Dupré.
* La Grande Vadrouille, par Jérôme Fabre.
* Ménilmontant, par Nicole Gabriel.
* Chaque soir à 9 heures, par Frédéric Gavelle.
* La Vieille Dame indigne, par Robert Grélier.
* Quelle heure est-il, M. Réveil ?, par Daniel Guffroy.
* The Big Shave, par Prosper Hillairet.
* Œdipe roi, par Laetitia Kulyk.
* Tin Men par Philippe Lemiere.
* Who’s Crazy ?, par Lucien Logette.
* Mary Poppins, par Sandra Marti.
* Une incroyable histoire, par Jean-Max Méjean.
* Hallelujah les collines, par Bernard Nave.
* Une fille dans la montagne, par Jean-Pierre Pagliano.
* Le Grand Sam, par Jacques Pelinq.
* Cinq tulipes rouges, par Philippe Piazzo
* Le Cauchemar de Dracula par René Prédal.
* Les Enfants du placard, par Philippe Roger.
* La Lumière des étoiles mortes, par Philippe Rousseau.
* T’es fou, Jerry ! par Patrick Saffar.
* La mort est mon métier, par Daniel Sauvaget.
* La villeggiatura, par Anne Vignaux-Laurent.
Du monde entier
* Rencontres avec Pippo Delbono, par Gisèle Breteau Skira.
* Rencontre avec Fridrik Thor Fridriksson, par Julien Camy.
* Ciaran Hinds, acteur, par Andrea Grunert.
* Dictionnaire des cinastes chiliens III, par Giovanni Ottone.
* Cinélatino 2014 à Toulouse, par Philippe Rousseau.
Cinéma français
* Pour un cinéma nocturne, par Nicolas Droin.
Festivals
* Aubagne 2014, par Daniel Guffroy.
* Créteil 2014, par Marceau Aidan.
* La Rochelle 2014, par Philippe Rousseau.
Patrimoine
* Retour sur Friedrich Feher, par Bernard Chardère.
* Le 6 juin à l’aube de Jean Grémillon, par Philippe Roger.
* Blanche Derval, par Lucien Logette.
DVD
* Chronique d’été, par Jérôme Fabre.
* Comment Yukong déplaça les montagnes, par Robert Grélier.
* Opération Guerre froide, par Lucien Logette.
Exploitation
* Consommation de luxe et besoin primaire, par Daniel Sauvaget
Le temps qui passe
* Ballaciner, Le Clézio, Nice et le cinéma, par René Prédal.
* Petits faits vrais, par Bernard Chardère.
Actualités
* Shirley, par Gisèle Breteau Skira.
* L’Apôtre, par Jean-Max Méjean.
* La Preuve, par Jean-Max Méjean.
* Métamorphoses, par Gisèle Breteau Skira.
* Le Secret de Kanwar, par Jean-Max Méjean.
* National Gallery, par Gisèle Breteau-Skira.
Livres
* Epstein, Bresson, Kluge, par Philippe Roger.
* Truffaut-Gauteur, par Lucien Logette.
* Cinéma italien, par Lucien Logette.
Ce numéro est dédié à Jean & Ginette Delmas et à Andrée Tournès.
JEUNE CINÉMA n°361-363, automne 2014