Paolo Gioli décompose, et, ce faisant, il recompose.
Le montage, autant que le collage, est un art qui, en ces temps de chaos, produit, plus que jamais, du sens.
Au début, Paolo Gioli, né en 1942, était peintre, et faisait des lithos et des sérigraphies.
Mais dès 1968, il s’est occupé de photos, puis de polaroïds, et enfin s’est mis à tripatouiller la pellicule. (1)
En détournant Eadweard Muybridge ou Marc Rothko, en animant Marilyn qui nous offre une danse des sept voiles inédite, en travaillant le porno, il crée des "extensions de domaines", ceux du sens et ceux du regard. Il construit des passerelles très passantes entre les arts.
Du cinéma expérimental, ils disent.
On dit plutôt : avant-garde.
Paolo Gioli a 38 films à son actif.
Et des expositions dans le monde entier.
Dont une, à Beaubourg, "Paolo Gioli, Film Stenopeico, 1973-1989", en 2010.
On vous recommande deux ouvrages :
* Giacomo Daniele Fragapane, éd.,
Omaggio a Paolo Gioli, catalogue de la 45° Mostra de Pesaro (2009)
, Ed. Fondazione ecc.
Avec un entretien.
* Christian Lebrat éd., Paolo Gioli. Selon mon œil de verre. Écrits sur le cinéma, Éd. Les Cahiers de Paris Expérimental, n° 10, Paris, 2003.
Et un coffret, paru chez Raro Video, contenant trois DVD et un livret bilingue, avec des fims sans caméras, des "doubles positif-négatifs, des films stroboscopiques, des films d’animation, et, naturellement, des found footages montés et travaillés comme on aime.
Deux illustrations :
* Piccolo film decomposto (1986), d’après Eadweard Muybridge.
* Filmarilyn (1992)
Quant à nous, nous avons un petit faible pour Quando la pellicola è calda (1974), found footage de porno, très émouvant (à voir sur le DVD).
1. Paolo Gioli est mort le 28 janvier 2022.