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Tout Nouveau Testament (le) (2015)
de Jaco Van Dormael
publié le mardi 1er septembre 2015

par René Neufville
Jeune Cinéma n°366-367, été 2015

Quinzaine des réalisateurs Cannes 2015

Sortie le mercredi 2 septembre 2015


 

"Dieu existe. Il habite à Bruxelles. Il est odieux avec sa femme et sa fille. On a beaucoup parlé de son fils mais très peu de sa fille. Sa fille, c’est moi. Je m’appelle Ea et j’ai dix ans. Pour me venger j’ai balancé par SMS les dates de décès de tout le monde".

Et c’est ainsi que chacun peut voir se dérouler sur son téléphone le décompte du temps qui lui reste à vivre.
C’est une belle idée, un point de départ riche en développements possibles et on imagine ce que le cinéma américain pourrait faire d’un tel projet tant il est rompu aux sujets où le temps s’arrête, se répète, se projette…

Et la jeune Ea, après avoir consulté son frère JC qui a disparu de la circulation, se met en quête de réunir six apôtres, mais pour faire quoi au juste ?
On se le demande encore lorsque le film, après avoir raconté successivement ces six rencontres, réunit tout son monde sur une plage pour une kermesse qualifiée du titre avantageux de Cantique des cantiques.
Car le nouveau testament concocté par Victor, compagnon de route et scribe d’Ea, nouvel évangéliste, est d’une belle poésie mais d’une sacrée pauvreté.

Le film avance par segments sur cette ligne de crête entre la force de l’idée de départ et la dérision des situations, sans forcer d’ailleurs sur la belgitude du contexte.


 

C’est en évoquant l’histoire personnelle de ces six nouveaux apôtres, des perdants magnifiques, que le film prend de la consistance, lorsque le personnage, enfant, commente, face caméra, les déboires, accidents, révoltes qui l’ont hanté toute se vie.

Car Ea a cette qualité de pouvoir réveiller en eux leur musique intérieure, comme déjà Amélie Poulain, vers qui le film regarde souvent, savait le faire. Il y a alors des moments de réelle émotion sur un fond de fantaisie burlesque et absurde très envahissant.

Jaco Van Dormael a débuté comme metteur en scène de théâtre pour enfants. Et c’est dans ces scènes d’enfance qu’il excelle. Dans Toto le héros, son premier long métrage, Toto était suivi aux trois âges de sa vie avec des allers et retours joyeux, mais l’ensemble était tenu par Michel Bouquet qui, derrière son masque sombre et fatigué, restait envieux, au terme de sa vie, du succès insensé de son voisin d’enfance.

René Neufville
Jeune Cinéma n°366-367, été 2015

Le Tout Nouveau Testament. Réal : Jaco Van Dormael ; sc : JVD, Thomas Gunzig ; ph : Christophe Beaucarne ; mont : Hervé de Luze ; mu : An Pierlé. Int : Benoit Poelvoorde, Yolande Moreau, Catherine Deneuve, François Damiens, Pili Groyne (Belgique-France, 2015, 113 mn).

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