Premier film éthiopien jamais sélectionné à Cannes, Lamb s’est fait avec de nombreux soutiens étrangers. L’histoire que raconte Yared Zeleke, en partie autobiographique, est celle d’un jeune garçon, Ephraim, que son père laisse à sa famille dans un autre village pour aller gagner sa vie à Addis-Abeba. On apprend plus tard, lors d’une réunion des habitants du village, que sa mère est morte lors d’une grande sècheresse.
De fait, on sent combien le problème de la nourriture est essentiel. Alors, Ephraim possède un capital en la personne de sa brebis, Chuni. Un véritable personnage, surtout parce qu’elle est une véritable compagne qui le suit partout dans ses promenades dans les montagnes. Les paysages sont splendides dans cette région volcanique.

Dans cette famille d’accueil il y a aussi Tsion, une jeune fille plus âgée, très indépendante, qui lit des vieux journaux. Tous les deux projettent de partir, lui pour retrouver son père, elle pour étudier à l’université et devenir comme l’agronome dont elle a lu l’existence sur une feuille de journal. Ephraim confectionne des samoussas qu’il va vendre au marché. Son goût et son talent pour la cuisine ne sont pas du goût de l’oncle et des autres hommes qui considèrent que ce n’est pas une occupation masculine.

Si l’argument de Lamb peut paraitre simple, il n’en est pas moins concentré sur des éléments essentiels. Yared Zeleke s’attache à montrer la réalité d’une communauté riche de ses traditions chrétiennes, les conditions de vie difficiles, le parcours du jeune garçon.

Nous ne sommes pas dans l’ethnographie, mais dans un regard personnel, chaleureux, amoureux des paysages, des personnages. Pour le spectateur, il s’agit d’une véritable découverte. Celle d’une réalité jamais vraiment montrée jusqu’ici.

Bernard Nave
Jeune Cinéma n° 366-367, été 2015

Lamb. Réal : Yared Zeleke ; sc : Y.Z., Géraldine Bajard ; ph : Josée Deshaies ; mont : Véronique Bruque ; mu : Christophe Chassol. Int : Rediat Amare, Kidist Siyum, Welela Assefa, Surafel Teka (USA-France, 2015, 94 mn).