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Tête baissée (2015)
de Kamen Kalev
publié le jeudi 15 octobre 2015

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 368, automne 2015

Sortie le mercredi 14 octobre 2015


 


Après des études en Bulgarie, Kamen Kalev obtient le diplôme de la FEMIS en 2002. Tête baissée est son quatrième long métrage.
S’inspirant d’une histoire vraie, comme pour son premier film Eastern Plays, en 2009, il l’a écrit avec le scénariste Emmanuel Courcol, d’après le récit d’un ami prêtre. Une histoire de proxénétisme où Samy (Melvil Poupaud), un repris de justice, accepte le marché de la police française : infiltrer le milieu de la mafia bulgare contre sa liberté. L’immersion est immédiate : dès les premiers plans, images ordinaires d’un bouge, danseuses à moitié nues et éclairages psychédéliques, augurent quelques craintes pour la suite.
Mais cette suite est surprenante, Samy a une trop bonne gueule parmi les truands, les escrocs et maquereaux ; une si bonne gueule qu’il parvient, après l’avoir séquestrée, à séduire Elka (Seher Nebieva), une jeune fille de 15 ans qu’il va tenter d’arracher à sa mauvaise vie.


 

Ainsi, ce qui était annoncé comme un thriller, prend une coloration de documentaire sur l’état d’une Bulgarie d’aujourd’hui et se transforme au fil du récit en une histoire d’amour inespérée. Le portrait que fait Kamen Kalev de son pays est extrêmement dur, malgré la démocratie actuelle.


 

Sans aucune concession, il n’hésite devant rien, montre et assume la réalité telle qu’elle est, renforcée par le fait que les comédiens sont presque tous des non-professionnels, ayant un vécu des choses véritables.


 

On y voit les camps de Roms, bidonvilles d’une pauvreté insondable où vivent des jeunes filles vendues par leurs mères à des proxénètes. Une misère dévastatrice règne, même dans les villes voisines aux immeubles délabrés, aux espaces vides dénués de tout où, circulent, tournent et se garent les camions sur les axes d’autoroutes du malheur.


 

Car la route tortueuse et sombre est un des lieux de ce film dédié à la fuite, à la poursuite, au sauve-qui-peut et au commerce des filles. Remarquable, la séquence dans le fourgon et la caméra qui survole et filme chaque visage. Samy ne veut pas voir cette misère et cette incurie. La honte et la rage de l’impuissance l’obligent à se tenir tête baissée.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 368, automne 2015


Tête baissée. Réal : Kamen Kalev ; sc : K.K., Emmanuel Courcol ; ph : Julian Atanassov ; mont : Xavier Sirven ; mu : Raf Keunen. Int : Melvil Poupaud, Seher Nebieva, Lifia Koleva, Sunai Siuleiman (Bulgarie-France-Belgique, 2015, 104 mn).



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