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Lobster (the) (2015)
de Yorgos Lanthimos
publié le mercredi 28 octobre 2015

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n° 366-367, été 2015

Prix du jury, festival de Cannes 2015

Sortie le mercredi 28 octobre 2015


 

Ce film fantastique, tourné en Irlande par le Grec Yorgos Lanthimos, est, comme il se doit, déconcertant.
Il alterne le chaud et le froid, le cocasse et le morbide.
Il évoque et convoque Ovide et Kafka ; la mythologie antique et la fable totalitaire à la George Orwell.
Il rappelle certains feuilletons de la télé britanniques comme Chapeau melon et bottes de cuir ou The Prisoner.

La distribution est nombreuse et de qualité : outre Colin Farrell à qui une épaisse moustache confère un faux air de Joseph Morder, et l’incontournable Léa Seydoux, on y retrouve l’excellente Rachel Weisz (cf. Youth) et le lunaire John C. Reilly (cf. Tale of Tales).


 

Le cadre est certes moins luxueux que le palace helvète du film de Sorrentino. La vie au grand air y semble impossible, tant on y étouffe, observé par des sentinelles, cerné d’une épaisse forêt.
La règle du jeu est pourtant simple : tout célibataire est sommé de trouver sa moitié dans les quarante-cinq jours, faute de quoi il sera transformé en animal.
Le protagoniste se choisit le homard pour possible avatar parce, dit-il, ce crustacé peut vivre cent ans et se reproduire jusqu’à la fin. Tous les moyens sont bons pour éviter de muter ou de muer. Et on essaie bien de tricher.
Une deuxième règle exige que le partenaire ait un trait commun significatif avec celui ou celle de son affection.


 

Enfin, à l’extérieur, dans les bois, errent les célibataires, tels des zadistes, proies désignées de ces curieux curistes.
Chez ces premiers, la règle est à l’opposé, mais tout aussi rigide, nul n’ayant le droit de s’amouracher.
Tandis que les uns mènent une vie de patachon, les autres suivent un stage de survie.


 

De temps à autre, les clients de l’hôtel chassent les hôtes de ces bois à l’aide de fusils à fléchettes. Les guérilleros tentent des incursions en ville, endimanchés, prétendant former des couples réguliers.

La réussite du film tient au laconisme d’ensemble qui autorise toutes les interprétations et divagations.

Sa morale est que toute loi, aussi anodine ou évidente soit-elle, mérite d’être remise en cause, voire transgressée.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n° 366-367, été 2015

The Lobster. Réal : Yorgos Lanthimos ; sc : Y.L., Efthimis Filippou ; ph : Thimios Bakatakis ; mont : Yorgos Mavropsaridis ; int : Colin Farell ; Rachel Weisz, Léa Seydoux, Ariane Labed, John C. Reilly (Grande-Bretagne-Irlande-France-Pays-Bas-Grèce, 2015, 118 mn).

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