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Avril et le monde truqué (2015)
de Christian Desmares & Franck Ekinci
publié le mercredi 4 novembre 2015

par Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe

Cristal du long métrage, festival d’Annecy animation 2015

Sortie le mercredi 4 novembre 2015


 

Il y a belle lurette que l’on sait que "film d’animation" n’est plus synonyme de confiserie de Noël dégoulinante.
Encore récemment, Vice-versa (Inside/Out) de Pete Docter, est venu nous prouver combien l’assemblage d’un scénario intelligent et d’un graphisme décoiffant pouvait être efficace.

L’argument de Avril et le monde truqué ne va pas chercher aussi loin dans les abysses du cerveau que celui d’Inside/Out, il recrée simplement avec enthousiasme l’univers du roman populaire, un enthousiasme sans vilain recul du genre "regardez comme je joue bien du second degré".

C’est Jules Verne + Gaston Leroux, avec un zeste de José Moselli.
C’est-à-dire des influences multiples, une accumulation d’événements, de coups de théâtre, de renversements de situations dignes des films et des romans à épisodes : pas un instant sans qu’il ne se passe quelque chose.

Ce pourrait presque être trop, tant l’imagination de Franck Ekinci & Benjamin Legrand a fourni d’éléments riches - les varans maîtres du monde, les savants capturés, le sérum d’invulnérabilité, le chat parlant d’Avril - qui alimentent le scénario à jet continu.


 

On a vu ici ou là surgir le terme d’uchronie, si à la mode qu’on l’utilise à toutes les sauces et surtout dès qu’on aborde un monde hors balises - à ce rythme, Paris qui dort, La Soupe au canard ou Le Roi et l’Oiseau sont uchroniques.
Disons qu’à partir d’une base donnée - l’électricité n’existe pas encore -, les auteurs ont bâti une fantaisie parisienne délirante, avec ses deux tours Eiffel, ses funiculaires à pédales, sa statue gigantesque de Napoléon (quel numéro ? il porte tous les attributs du troisième du nom) et ses machines à engrenages diaboliques qui permettent de se déplacer : on pense à certaines des inventions des rêveurs fous du 19e siècle que Paul Gilson avait rassemblé dans ses Folies bourgeoises.


 


 

Trouverait-on à ce monde truqué le même plaisir si l’univers graphique n’était pas celui de Tardi, un Tardi au meilleur de sa forme (mais quand ne l’est-il pas ?), qui a même été chercher du côté de Philippe Druillet pour brosser quelques décors fantastiques ?
En tout cas, on attend d’autres aventures de cette petite-cousine délurée et attachante d’Adèle Blanc-Sec.

Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe (novembre 2015)

Avril et le monde truqué. Réal : Christian Desmares & Franck Ekinci ; sc : Franck Ekinci & Benjamin Legrand ; dess : Jacques Tardi ; mont : Nazim Meslem ; mu : Valentin Hadjadj ; voix : Marion Cotillard, Philippe Katerine, Olivier Gourmet, Jean Rochefort, Bouli Lanners, Anne Coesens (France-Canada-Belgique, 2015, 105 mn).

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