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Feu sacré (le) (2014)
de Arthur Joffé
publié le mercredi 11 novembre 2015

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 11 novembre 2015


 

Arthur Joffé, auteur de plusieurs films remarqués par la critique, le Festival de Cannes (Merlin ou le Cours de l’or) et les Césars (Harem, Que la lumière soit !, Ne quittez pas !) n’a pas tourné depuis dix ans.
Cette situation lui est difficilement tenable et le lance dans l’écriture de nombreux scénarios qui resteront sans perspectives de réalisation.

Le Feu sacré témoigne du métier aléatoire du cinéma.


 

Arthur Joffé n’est pas le premier réalisateur contraint à réaliser ses films seul, avec une caméra numérique, en dehors des circuits habituels de production et distribution.
Marcel Hanoun en a partagé souvent l’expérience, Alain Cavalier pratiquera de même, Jafar Panahi, pour d’autres raisons, sera réduit à la même obligation.

Le Feu sacré, indépendant de toutes règles scénaristiques, énonce cet "incertain" du cinéma, où transparaît le désir de tourner dans sa liberté et sa mélancolie.
Il est un acte de résistance, un acte artistique.

Joffé filme chez lui, dans son bureau, des amis de passage, des acteurs ; chacun prend la parole, avec humour et dérision, il arrive que l’un d’eux l’interpelle.


 

Auprès de ces visages connus et aimés, il trouve une résonance, l’envie de partager une émotion, que ce soit les retrouvailles pour les fêtes de Pessa’h, le goût des saisons nouvelles, la contemplation des ciels et nuages, la lumière particulière des toits de Paris. Il ressent la volonté de filmer sans cesse, sans scénario, dans une sorte d’errance du regard, libre de décider de la lenteur du rythme ou de la longueur d’un plan.
C’est un film-miroir, qui permet d’entendre parler de soi à travers les autres, ou mieux encore de se croire invité à participer aux réflexions des uns et des autres ; un film empathique, si ce genre existe dans la forme du journal filmé.

Et puis il y a la véritable conviction, inaliénable, celle qui tient chaque jour l’artiste à sa tâche, sans céder au découragement ou au fatalisme de l’échec.

Le Feu sacré évoque le sens même de la création artistique et le système de pensée qui tend à son existence, l’incertain, le repentir, la beauté et le "dur désir de durer", perception la plus aiguë du temps, énoncé par Paul Éluard.
Celle qui oblige à tout prix à fixer le réel, à multiplier ses images impressionnées, à croire à l’insatiable besoin de filmer.
Être dans l’urgence à transmettre, celle dont manquerait peut-être Le Feu sacré d’Arthur Joffé, remplacée par une retenue à dire, préférant la douceur de vivre à la rébellion.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe (novembre 2015)

Le Feu sacré. Réal, sc, ph, mont, son, prod : Arthur Joffé ; int : Arthur Joffé, Maurice Lamy, Dominique Pinon, Dina Morgan (France, 2014, 92 mn). Documentaire.

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