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Macbeth (2015)
de Justin Kurzel
publié le mardi 17 novembre 2015

par Julien Camy
Jeune Cinéma n° 366-367, été 2015

Sélection officielle du festival de Cannes 2015

Sortie le mercredi 18 novembre 2015


 

Dans une lande écossaise pluvieuse et glauque, Macbeth combat.
Puis poussé par l’ambition de sa femme, il va se mettre à assassiner pour devenir roi.
Le goût du sang et du pouvoir sont ainsi liés dans la pièce.


 

Peu à peu, lady Macbeth et Macbeth s’enfoncent au plus profond de leur folie et de leurs remords.

Pour son deuxième film, Justin Kurzel a l’audace d’adapter l’œuvre de William Shakespeare mais surtout de passer après Orson Welles, Roman Polanski et Akira Kurosawa. Ces derniers avaient respectivement fait de cette pièce un film expressionniste, un film touchant et fantastique et même un film d’aventure.

Le cinéaste australien adapte quant à lui assez littéralement l’œuvre, enfonçant le récit dans la rugosité d’une terre écossaise inhospitalière et sombre, respectant la langue shakespearienne d’origine.


 

Mais la théâtralité s’arrête ici, tant le film propose un cinéma total, à l’esthétique omniprésente. Kurzel démontre un sens du cadre impressionnant.
Dans une première scène de combat, il alterne ultra-ralentis et caméra à l’épaule au cœur de la bataille. Ainsi, le film passera continuellement d’une réalité brute et violente à un imaginaire esthétisant tragiquement beau. Le travail sur la lumière de Adam Arkapaw est remarquable. Certains plans sont semblables à de véritables tableaux impressionnistes de William Turner.

Cette stylisation à l’extrême pourrait parfois paraître trop voyante. Heureusement, les comédiens imposent dans leur chair le texte et leurs personnages.

Michael Fassbender en Macbeth découvrant le pouvoir et la crainte paranoïaque de le perdre. Marion Cotillard en lady Macbeth à la peau laiteuse et à la voix éthérée, écartelée entre la nouvelle puissance de son mari et les remords de ce sang qu’elle a fait couler, de cette folie dans laquelle elle les a entraînés.


 

Frontal et sanguinaire. Fou et tragique.
Le choc visuel de ce Macbeth n’oublie jamais l’histoire qu’il raconte et si certains jouent la fine bouche sur le talent un peu trop démontré par Kurzel, il ne faut pas bouder ce plaisir de cinéma.

Julien Camy
Jeune Cinéma n° 366-367, été 2015

Macbeth. Réal : Justin Kurzel ; sc : Jacob Koskoff, Michael Lesslie & Todd Louiso ; ph : Adam Arkapaw ; mont : Chris Dickens ; mu : Jed Kurzel. Int : Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jack Reynor, Paddy Considine, David Thewlis (Grande-Bretagne-France-États-Unis, 2015, 113 mn).

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