par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe
Sortie le mercredi 25 novembre 2015
Les frères Larrieu revisitent la maison de leur enfance dans l’Aude, là où ils avaient tourné en 1999 leur premier long métrage, Fin d’été.
Cette grande bâtisse en pierres sèches abrite au premier étage la chambre où repose la mère morte. Caroline (Isabelle Carré) doit organiser ses funérailles en plein été, alors que les hameaux avoisinants se préparent aux bals du 15 août. Sur le chemin, elle fait connaissance de Pattie (Karin Viard) une belle femme qui lui raconte ses aventures amoureuses. De retour à la maison, elle s’aperçoit que le corps de sa mère a disparu.
Les frères Larrieu sont à l’œuvre. Une situation insolite, un lieu clos, deux femmes désirables et parmi d’autres gens, pas méchants mais bizarres, survient Jean (André Dussollier), un écrivain solitaire qui ravive par ses propos l’extravagance de la situation.
Le récit est désopilant grâce à la fluidité du dialogue, ses réparties et ses rebondissements. Les visages passent de l’étonnement au désarroi devant l’excentricité générale.
Les Larrieu abordent souvent le sujet du plaisir charnel, de l’exaltation des sens, avec des dialogues relevés, piquants et assez crus. C’est à cette verve érotique que l’on pourrait reconnaître leur griffe, cette désinvolture à chasser toute inhibition, à rompre avec le tabou, à exprimer haut et fort ce qui est du domaine de l’intime et du secret de la vie amoureuse. Il y a une ivresse, presque une jouissance des mots, plus encore lorsqu’ils sont prononcés par des bouches féminines.
Cependant, en dehors de la drôlerie du langage et de la préoccupation toute singulière du désir des femmes et de son expression, l’image est un peu laissée de côté.
C’est encore par le texte que le film suit une trame mystérieuse et frôle le genre fantastique. Les apparitions fantomatiques de la mère en danseuse de la nuit (Mathilde Monnier) manquent de force et d’expressivité, comme l’animal qui surgit en pleine nuit à l’orée de la forêt.
On est loin de la vision formelle d’Apichatpong Weerasethakul, passé maître dans l’incarnation des âmes des disparus, pour qui la nature est le lieu de l’onirisme et de la poésie.
Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe
21 nuits avec Pattie. Réal, sc : Arnaud & Jean-Marie Larrieu ; ph : Yannick Ressigeac ; mont : Annette Dutertre ; mu : Nicolas Repac. Int : Isabelle Carré, Karin Viard, André Dussolier, Sergi Lopez, Philippe Rebbot, Laurent Poitrenaud, Denis Lavant (France, 2015, 115 mn).