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Béliers (2015)
de Grimur Hàkonarson
publié le mercredi 9 décembre 2015

par Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma n° 366-367, été 2015

Prix Un certain Regard, festival de Cannes 2015

Sortie le mercredi 9 décembre 2015


 


Un beau paysage, islando-hopperien, un gros Gummi, avec son superbe pull jacquard, coince son gros mouton entre ses jambes pour l’aiguiller vers une petite remorque. Le mouton lui ressemble. Son gros frère, Kiddi, passe, sans un regard, avec son propre gros bélier.

Où vont-ils ? Vers le concours annuel du village.
Là, dans une chaleureuse animation, les deux frères arrivent premiers ex-æquo, avec un demi-point d’avance pour le bélier de Kiddi pour la vigueur de ses dorsaux. Gummi est contrarié. Il va inspecter nuitamment le dos du bélier vainqueur, et découvre autre chose : la tremblante du mouton.


 


 

Les fermiers seront indemnisés, mais il faut abattre toutes les bêtes et tout désinfecter. Et le pire : vivre sans mouton pendant deux ans.

Les deux frères ne se parlent plus depuis quarante ans.
Confronté à cette nouvelle solitude, chacun va réagir à sa manière et en fonction de sa propre écologie islandaise, où ce qui semble désertique, été comme hiver, est en réalité infiniment varié et plein de ressources.


 


 

L’Islande, c’est loin de chez nous.
Il arrivait tout de même de voir des films islandais au hasard des festivals, Mannheim ou Fribourg, ou à la télé sur le câble.
Par exemple, le plus ancien, le documentaire Rock in Reykjavik de Fridrik Thor Fridriksson (1982). (1)
On avait vu aussi la petite comédie triste de Dagur Kari, Nói l’albinos (2003), ainsi que 101 Reykjavik (2000) et Jar City (2006) de Baltasar Kormákur, et enfin les films de Solveig Anspach (2), à moitié islandaise. C’est à peu près tout.
On a des excuses. Le cinéma islandais a débuté sous la tutelle de la Nordisk Film danoise, et le Icelandic Film Fund n’a été créé qu’en 1979.

Hrùtar est un film drôle, rude et tendre.
Chaque image est belle et soignée.
Les gros corps sont propres et sympathiques.

Il n’est pas surprenant que Cannes, ses sélectionneurs, son jury, ses spectateurs aient accueilli ce bout d’Islande inattendu à bras ouverts.

Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma n° 365-366, été 2015

1. Voir l’entretien avec Fridrik Thor Fridriksson in Jeune Cinéma n° 361-362, automne 2014.

2. Solveig Anspach (1960-2015).


Béliers (Rams / Hrùtar). Réal, sc : Grimur Hàkonarson ; ph : Sturla Brandth Grovlen ; mont : Kristjan Lodmfjörd ; mu : Attli Orvarsson. Int : Sigurour Sigujonsson, Theodor Jùliusson. (Islande, 2015, 93 mn).



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