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Dernier Jour d’Yitzhak Rabin (le) (2015)
de Amos Gitaï
publié le mercredi 16 décembre 2015

par Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection en compétition officielle de la Mostra de Venise 2015

Sortie le mercredi 16 décembre 2015


 


Le 4 novembre 1995, à 21h 40, à l’issue d’une manifestation de soutien aux Accords d’Oslo (1) qui visaient à engager un processus de paix entre Israël et la Palestine, Yizthak Rabin, artisan de cette politique, et prix Nobel de la Paix avec Yasser Arafat, est assassiné par un jeune religieux juif d’extrême-droite. Une commission d’enquête publie ses conclusions, le 28 mars 1996, sur la base de multiples interrogatoires de l’assassin, des forces de police, des services secrets, des autorités religieuses…

Le film de Amos Gitaï se fonde sur les transcriptions des audiences auxquelles il a eu accès. C’est une alternance de témoignages directs : des archives de Yitzahk Rabin lui-même, Shimon Peres, Leah Rabin (qu’elle est belle !)…, et d’interviews filmées avec des comédiens sur la base de l’enregistrement de séquences historiques reconstituées, comme, par exemple, l’évacuation forcée de petites enclaves palestiniennes.

C’est un documentaire instructif et passionnant, qui, à partir de l’assassinat d’un militaire pacifiste Premier ministre israélien nous questionne sur l’émergence de la violence politique dans les démocraties. On pense parfois à Z.

C’est aussi un film à suspense et un grand thriller politique.
On ne doute pas de l’impossibilité de sauver le Premier ministre en quelques minutes. Mais on se demande, avec Amos Gitaï, s’il n’y a pas eu défaillance ou négligence des service de sécurité intérieure.
Car le film remonte plus loin que les enquêteurs dans la genèse de cet assassinat, alors que le Likoud était de plus en plus agressif vis à vis des artisans d’Oslo, et représentait Yizthak Rabin en nazi, et que des rabbins extrémistes avaient prononcé à son encontre un jugement de din rodef invoqué par l’assassin.


 

La civilité des interrogatoires du meurtrier insolent, qui se balance ironiquement sur sa chaise, donne une impression de démocratie maîtrisée qui rassure. C’est un jeune militant du Gush Emunin, le parti des croyants, fondé en 1974 après la guerre du Kippour.


 

Il a été condamné à la prison à vie et les même questions surgissent toujours d’un rôle exclusif ou interchangeable : sans le passage à l’acte plus ou moins planifié de cet homme, un autre aurait-il joué le même rôle, ou le cours de l’histoire aurait-il pu être infléchi, comme en Nouvelle-Calédonie… pour un temps.

Depuis 1980, Amos Gitaï a réalisé une vingtaine de documentaires et une vingtaine de fictions. Il ne classe pas celui-là parmi les documentaires, mais le film mériterait de constituer un élément de formation policière.

Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma en ligne directe (décembre 2015)

1. Les Accords d’Oslo entre négociateurs israéliens et palestiniens : Déclaration de principes signée à Washington le 13 septembre 1993 entre Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, Yasser Arafat, Président du comité exécutif de l’OLP et Bill Clinton, Président des États-Unis ; Processus d’Oslo complété le 4 mai 1994 ; Accord de Taba signés à Washington le 28 septembre 1995 sur la Cisjordanie et la Bande de Gaza.


Le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin (Rabin, The Last Day) : Réal. Amos Gitaï ; sc : A. G. et Marie-José Sanselme ; ph : Eric Gautier ; mont : Yuval Orr, Tahel Sofer, Isabelle Ingold ; mu : Amit Poznansky. Int : Shimon Peres, Yaël Abecassis, Ischac Hiskiya, Yariv Horowitz, Rotem Keinan, Pini Mittelman, Michael Warshaviak, Yogev Yefet, Tomer Sisley (Israël-France, 2015, 150 mn).



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