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Délices de Tokyo (les) (2015)
de Naomi Kawase
publié le jeudi 28 janvier 2016

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n°366-367, été 2015

Sélection officielle Un certain regard du festival de Cannes 2015

Sortie le mercredi 27 janvier 2016


 

Résumé du film : en trois générations, le Japon des exclus.

L’action se déroule dans une grande ville dont le nom n’est pas spécifié et débute avec la floraison des cerisiers. Un homme sombre, à la démarche robotique, traîne des pieds pour se rendre au travail, le matin. Il gère une petite pâtisserie spécialisée dans les dorayakis, des blinis fourrés à la confiture de haricots rouges.
Le protagoniste a visiblement du mal à joindre les deux bouts. Une grand-mère, prête à accepter n’importe quel salaire, lui propose alors son aide, avec une insistance telle qu’il finira par l’engager.


 


 

Comme par magie, la vieille dame fait prospérer l’affaire. Refusant d’utiliser une préparation de haricots industrielle, elle initie le pâtissier à cet art tout en finesse, obligeant celui-ci à se lever à l’aube.
Pour faire un bon dorayaki, il ne suffit pas de réussir la crêpe, encore faut-il apporter le plus grand soin au an. On arrête le trempage nocturne avant le lever du soleil ; on évite d’abîmer les fèves en les mélangeant ; on écume et l’on fait cuire longtemps, à feu doux ; on confit avec un sirop sucré.


 

Rebondissement : la vieille cuisinière s’avèrera être atteinte d’une maladie, pas de n’importe laquelle, la lèpre.
Jusqu’en 1996, une loi ordonnait la mise en quarantaine des lépreux au Japon. Ce statut de paria atteint d’une affection karmique est proche de celui l’homo sacer analysé par Agambem, d’un individu à la fois sacré et sacrifié.
Tout se gâte, en effet : la rumeur faisant état de la lèpre de la pâtissière fait aussi des ravages…


 

Le rituel culinaire prend du temps, ce que montre le film qui obéit à une structure circulaire, suivant en cela le cycle des saisons. La transmission s’effectue de même, d’une génération à l’autre. La délicatesse du travail bien fait se traduit à l’écran par l’approche à fleur de peau de la réalisatrice nippone qui évite avec un sujet si grave tout effet mélo.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n° 366-367, été 2015

Délices de Tokyo (An). Réal : Naomi Kawase ; sc : N.K. d’après Durian Sukegawa ; ph : Shigeki Akiyama ; mont : Tina Baz ; mu : David Hadjadj. Int : Nagase Masatoshi, Kiri Kirin, Uchida Kyara (Japon-France-Allemagne, 2015, 113 mn).

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